Enfoncé dans les marais, en pleine nuit, je m’avançai. Les arbres n’étaient pas un obstacle pour moi, je pouvais les contourner sans problème. Mais l’élasticité de mon corps était aussi la raison pour laquelle je fuyais le village dans lequel j’avais grandi. Je regardais rapidement de droite à gauche pour m’assurer que personne ne m’avait aperçu. Les villageois sont des personnes très agressives lorsqu’elles apprennent une anomalie dans leur vie. Ah, car tel était l’an de grâce 1218, où la Grande Inquisition menait de grandes campagnes pour éradiquer les hérétiques, les erreurs de la nature, comme ils m’appelaient. Je n’avais plus ma place au sein de cette société.
Tout à coup, j’entendis un bruit lointain. Les villageois, accompagné des inquisiteurs. Je n’avais plus le temps de réfléchir en marchant : je devais courir. Leur échapper signifiait pour moi ma seule chance de survie.
Les arbres défilaient durant ma course. Mes assaillants se lancèrent à ma poursuite. Je n’avais aucune chance de leur échapper à la course, ces derniers étaient montés en selle sur des chevaux. Tout en fuyant, je regardais de droite à gauche, cherchant une issue ou une cachette.
Je trébuchai, mais me releva bien assez tôt ; or, j’avais perdu du temps, les secondes étaient comptées.
Je montai dans un arbre rapidement. Les Inquisiteurs se rapprochèrent, mais ils m’avaient perdu de vue. Je les entendis jurer, m’insultant de tous les noms d’oiseaux que je connaissais. Je ne pouvais pas rester ici éternellement, j’allais me faire remarquer à cause du moindre son que je produisais. J’attendis donc patiemment que ces voraces partent, et lorsque je n’eu plus aperçu la lueur de leurs torches, je descendis de l’arbre. Je marchai dans leur direction opposée. Je vis qu’il y avait beaucoup d’oiseaux de nuit, rare en une nuit sans nuages.
Les minutes passèrent, puis les heures. Je trouvai un endroit reculé des marécages, caché par les arbres et loin de l’eau. Je décidai que j’allai passer le restant de la nuit ici. Je m’allongeai, mais je ne trouvai pas le sommeil : la fuite m’avait faite resté éveiller pendant quelques heures.
Je fus réveillé par le bruit du vent dans les feuillages. J’avais faim, et je vus qu’il y avait des plantes dans les arbres : j’allongeais mon bras et cueillit quelques feuilles pour les manger.
Puis je me décidai à marcher de nouveau, cette fois en direction du village ; peut-être je ne les croiserais pas.
Quelques heures passèrent avant que j’arrive au village, le soleil était déjà à son zénith. Je me cachai dans les buissons, et je vus que les Inquisiteurs étaient présent au village. Mon cœur s’arrêta. J’étais en danger. Vite, je fis demi-tour :
- « Tiens, mais qui voilà ? »
Mon sang se glaça à cette voix. Je relevai ma tête, et je découvris que je me trouvai nez-à-nez avec un inquisiteur. Nous nous regardâmes pendant quelques secondes, puis je le cognai de mon poing droit et couru le plus vite possible loin de lui.
Le garde cria qu’il m’avait vu, je pus entendre les autres se lancer à ma poursuite. Je courais vite, mais je sentis qu’ils étaient près de moi : j’accélérais encore. Un inquisiteur me sauta dessus : nous nous écrasâmes contre le sol. Je le frappai, mais lui fit de même, et je me retrouvai rapidement en sang. Il me bloqua les bras en mettant ses genoux dessus. Je secouai ma tête dans tous les sens, je ne voulais pas voir la sienne, qui j’imaginais était remplie de satisfaction à l’idée d’avoir capturé l’un des monstre les plus « dangereux » de l’histoire. Finalement, il fit en sorte que je ne pus plus bouger. Je vis son sourire arrogant. Il approcha se tête de mon oreille. Je lui mis un coup de tête, ce qui me blessa encore plus mon visage. Il s’écroula sur le sol, plus abasourdi qu’autre chose. Je me relevai vite et chercha de quel côté je venais pour ne pas raller du même. Je commençai à courir de toute les forces qu’il me restait. Mon visage était en sang et mes poings meurtris, mais je n’allai pas abandonner ma vie comme ça. Derrière moi, je vis que mon attaquant se lançait à ma poursuite, accompagné de deux autres soldats. Je courus jusqu’à arriver à la fin des marécages : c’était une plaine qui s’offrait devant moi. Je me cachai vite dans les feuillages, en espérant que j’avais assez d’avance pour qu’ils ne repèrent pas ma cachette. Je les vis arriver quelques secondes après ; ils avaient l’air assez exténués, peut-être n’était-ils pas assez performant pour courir aussi longtemps : enfin je trouvai mon avantage : j’étais plus rapide qu’eux et en plus j’étais plus entraîné à la course. Malgré les protestations de mon esprit, je sortis de ma cachette et m’élança dans la plaine. Les Inquisiteurs s’élancèrent après moi, mais sans grand entrain : ils faiblissaient. Un sourire apparu sur mon visage, le premier depuis bien longtemps. Je les devançai, ils commençaient à ne plus me voir. Une colline abrupte siégeait à la limite de la plaine, c’était le début de petites montagnes. Grâce à mon élasticité, je gravis cette colline en quelques secondes et continua à courir, moins rapidement. Je leurs avait échappé, et les montagnes offraient d’innombrables cachettes…