[Vote] Jus d'orange

Zut. Fallait toujours que ça tombe au mauvais moment. Je sortis mon simphone en me garant sur le trottoir.
- Allo ?
- Chef, on a un problème. A la supérette. On vous y attend.
- Quel genre de problème ?
- C’est-à-dire que … on a problème.
- OK, j’arrive.
Marche arrière toute. J’envoyais un SMS à ma fille. Elle allait devoir attendre à l’école. Encore. Au moins, elle était habituée.
Cinq minutes plus tard, je me garais place Mirabello, surpris de constater que la panoplie au complet était de sortie, inspecteurs, démineurs, SIPN et tout le reste.
- Alors, que se passe-t-il ? Pourquoi toute cette agitation ?
- J’hésitais à vous le dire au téléphone, me dit mon second. C’est-à-dire que …
- Ne tourne pas autour du pot, j’ai pas que ça à faire.
- Un individu à pris en otages les deux caissières et les clients. Il les a menacés avec une batte de base-ball, et a affirmé avoir caché une bombe dans le magasin.
- Des renseignements supplémentaires ?
- C’est là que ça devient bizarre … il a affirmé avoir caché son engin explosif dans une brique de jus d’orange.
- Bah au contraire, c’est super, on a même pas besoin de chercher cette fois-ci. Aller hop, on fait comme d’habitude, trois chances au forcené, puis attaque en force, libération des otages, recherche de la bombe et on la confie au démi …
Je n’eu pas le temps de terminer ma phrase. Une fenêtre s’ouvrit à la volée de la supérette, et une brique de jus d’orange de premier choix en jaillit, atterrissant en plein milieu de ma décapotable.
- Mais qu’est-ce qui …
La déflagration fut tellement forte que tous les badauds dans un rayon de vingt mètres furent touchés par des débris. Un nuage de fumée bien noir s’éleva dans le ciel. Au loin, on entendait déjà la sirène hurlante du camion de pompiers.
- Appelez une ambulance !!! Criais-je à mes subalternes en leur montrant des yeux les passants blessés.
Etonnamment, au lieu de faire fuir les promeneurs, une foule compacte s’agglutina autour des bandes jaunes style « do not cross ». Le simphone sonna.
- Papa, c’est quand que tu arrives ? La maîtresse a dit qu’elle profiterait de ton retard pour me faire réparer la chaudière de l’école …
- Pas le temps chérie. Je t’aime.
Je me réfugiais derrière la bagnole de police.
- Code 129, code 129 ! Essayez à tout pris d’entre en contact avec le criminel, et surtout faites pas de gaffes !
Un petit groupe de Sims d’intervention du SIPN avança à pas prudents derrière leurs boucliers vers une fenêtre du magasin. Soudain, le plus petit d’entre eux brisa la fenêtre d’un franc coup de poing tandis que son voisin de droite balança un talkie-walkie, le double de celui accroché à ma ceinture. Immédiatement, un contact s’établit.
- Que voulez vous ? Vous risquez gros !
- Allez tous vous faire foutre ! C’est plutôt vous qui risquez gros, bande de salauds, vous n’aviez pas le droit de coffrer mon père !
Allons bon. Un fils vengeur armé de jus d’orange explosif. On aura tout vu.
- Quelles sont vos conditions ?
- Va crever en enfer !
C’est alors que le fou furieux déboula de la supérette, prenant par surprise tous les policiers présents sur place. Il poussait devant lui un caddie plein … de briques de jus d’orange. Tout devint alors un peu surréaliste.
Une course-poursuite à pied s’engagea.
- Ne le laissez pas s’échapper ! Mais prenez-donc vos motos plutôt ! Haletais-je.
C’est dingue, il faut tout leur dire.
Il lançait à intervalles réguliers ses briques de jus d’orange. Certaines produisaient une petite explosion, d’autres au contraire n’étant que du simple jus de fruit. Voyant notre perplexité, le criminel lança :
- Vous êtes pas près de trouver la grosse, haha !
Il avait l’air de s’amuser comme un dingue. Mais le SIPN commençait à gagner du terrain. Dans un ultime effort, il se mit à mitrailler tout le monde de son jus explosif. Un policier se prit une brique dans l’œil et tomba en gémissant, du sang coulant de ses paupières. Un autre fut sonné par l’explosion à un petit mètre de son corps d’un exemplaire de ce jus explosif. C’était la débandade. Les passants qui s’étaient amassés devant la supérette couraient maintenant dans tous les sens.
Enfin, il balança par-dessus lui le super bidon de deux litres 100% pur jus avec pulpe, le chef d’œuvre de sa collection. Celui-ci atterrit en plein milieu du parc central.
- Dégagez le parc !!! Hurlais-je à plein poumons.
La déflagration réduisit la fontaine à néant. Toute l’herbe pris une teinte cramoisie. La fumée du parc fit concurrence à celle de feu-ma voiture. Mais c’était terminé.
Pris d’un point de côté, le criminel s’effondra de tout son long. Immédiatement, les agents du SIPN l’empoignèrent solidement et le jetèrent dans leur voiture blindée.
Ça y est, c’était enfin réglé. Tout ça pour du jus d’orange explosif.
Après avoir salué mes collègues, je reparti à pieds chercher ma fille à l’école, qui avait dû bien s’amuser avec la chaudière en panne.

Il posa son chapeau en feutre et son imperméable sur le bureau aussi dépouillé que cette pièce. Un bureau blanc, une chaise, un vieil ordinateur et une immense armoire pleine de dossiers.
Il s'affala et alluma une cigarette : ce désordre ne lui ressemble pas mais il est le reflet de sa vie. Voilà : sa vie est un immense chantier. Pendant de longues minutes, il observe les étagères remplies de compte-rendus, de lettres, d'indices en tous genres et ineluctablement, son regard est attiré par une pile de dossier sur le côté. Tel un drogué, il les attrappe, étale les clichés sur le sol, et les comptemple. Juliette, 12 ans, 2006. Martin, 6 ans, 2008. Léo, 11 ans, 2009. Et tant d'autres...
Combien d'enfants, n'avait-il jamais retrouvé ? Combien de parents a-t-il du affronter ? Combien de scénarios a-t-il imaginé ?
En examinant une enième fois les indices, il commence à se balancer d'avant en arrière. La cigarette n'est plus suffisante, il faut quelque chose de plus fort qu'il lui permettra d'oublier sa misérable existance. Un alcool fort à la couleur ambré par exemple, ça ira très bien. Il boit un verre, puis deux, puis il arrête de compter. Il s'était certainement allongé sur le sol puis assoupi car il se souvient.

C'était l'un de ces samedi où il fait bon être en terrasse avec des amis, ou allongé sur l'herbe d'un parc.
Et pourtant le programme de cette journée allait être différente pour Marc. Depuis son divorce, il y a trois ans, chaque mercredi c'était la même routine. Il quittait son travail tard la vielle, dormait un peu sur son vieux canapé, prenait une douche et allait chercher Clémentine, 9 ans à la sortie de l'école. La petite fille, aux cheveux bruns et à l'allure de lutin était le rayon de soleil de sa vie.
Son ex-femme l'avait quitté ne supportant plus de passer en second derrière son travail. L'enfant lui rappelait la douce jeune femme dont il était tombé amoureux en un seul coup d'oeil bien avant les cris, les disputes et la séparation.
La veille il avait pu quitter son bureau de bonne heure pour planifier sa journée : restaurant (le préféré de Clémentine), balade au zoo, puis ils iraient dans un café pour faire les devoirs et refaire le monde comme à leur habitude. Seulement, un inconnu en avait décidé autrement : depuis plusieurs mois il traquait Clémentine et son père, il connaissait parfaitement leurs habitudes. Ce mercredi serait tout sauf habituel.
Après un tourbillon de lumière, Marc se retrouva dans une pièce si sombre qu'il ne distinguait rien. Mais il entendait. Des plaintes, des hurlements et enfin des râles d'agonie ; la voix de sa fille lui transperçait les tympans, c'était la chair de sa chair qui souffrait et il le sentait au plus profond de son être. La douleur fut si forte qu'il se réveilla.

En sueur, haletant, il baisse la tête pour reprendre ses esprits. Une sonnerie de téléphone le sort de sa torpeur, c'est la mère de Clémentine. Que veut-elle ? Ah oui. Elle l'abandonne. Elle s'en va. C'est sa dernière chance de revoir l'ancienne chambre de sa fille. Il faut qu'il y aille. S'il tient debout cela relève du miracle. Il va prendre sa voiture, qu'importe s'il devient un danger pour les autres ? Plus rien n'a d'importance si ce n'est revoir une dernière fois cet endroit. Il ressent une immense colère : contre cette mère qui parvient à déménager, à tourner la page, à accepter que l'espoir est mort. D'ailleurs en entrant dans la maison des jours heureux, il ne la salut qu'à peine et ne parlons pas du type qu'elle fréquente et qui la force à les oublier. Arrivé devant la porte, pris d'une soudaine hésitation des images allèrent se cogner en lui.
Il la revoie faisant tourner sa jupe, se prenant pour la princesse qu'elle est à ses yeux. Il entends à nouveau ses éclats de rire. Il pousse la porte et sa douce odeur l'envahit : elle l'apaiserait presque.
Soudain, il se met à hurler de rire. Un policier retrouve des dizaines d'enfants kidnappés, lorsque sa fille devient la victime il n'est pas capable d'accomplir son devoir. N'est-ce pas ridicule ? Clémentine aurait 18 ans jour pour jour et le seul indice dont il dispose est le verre de jus d'orange qu'elle n'a jamais fini ce jour là au restaurant ? Pourquoi avait-il fallu qu'il prenne cet appel à l'écart déjà ? Ah oui, il ne parlait jamais de ses enquêtes à son petit ange. Jamais plus il ne serait le même et jamais plus il n'abandonnera sa fille. Voilà pourquoi il la cherchera jusqu'à son dernier souffle, puisse-t-il arriver sous peu.

Val
Texte: super original, fallait y penser et j'ai bien ri!
Orthographe et grammaire: j'ai rien remarqué de particulier.
Style: super drôle, très ironique, j'adore.
Intrigue, scénario: fallait trouver l'idée des jus d'oranges explosifs!
Personnages: peut-être ce qui pêche, il est un peu cliché; en même temps on est dans du comique...

Présentation et illustration: c'est pas super aéré mais bon c'est du détail.
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Cam
Texte:
Orthographe et grammaire: petit problème de conjugaison j'ai remarqué un qu'il à la place de qui aussi ou quelque chose du genre et c'est tout.
Style: c'est super bien mené et rythmé!
Intrigue, scénario: t'as super bien entretenu le suspens!
Personnages: personnage un peu plus poussé, toujours ce flic meurtri par la vie des polars mais c'est efficace; ses motivations sont cohérentes du coup ça tien debout!

Présentation et illustration: les sauts de lignes sont bienvenus.

Texte: 17/20
Orthographe et grammaire: 5/5
Style: 5/5
Intrigue, scénario: 3/5
Personnages: 4/5
Présentation et illustration: 4.5/5
Fluidité de lecture: 3/3
Présentation: 1.5/2
Total : 21.5

Texte: 16/20
Orthographe et grammaire: 3/5
Style: 5/5
Intrigue, scénario: 3/5
Personnages: 5/5
Présentation et illustration: 4.5/5
Fluidité de lecture: 3/3
Présentation: 1.5/2
Total : 20.5