[Votes] [Neikka & Nostaw] L'amour est aveugle

Nous étions dans ce restaurant. J’avais eu du mal à m’y diriger n’étant jamais venue. C’était toujours difficile pour moi de m’orienter dans de nouveaux lieux. Heureusement qu’il m’avait retrouvé peu de temps après dans la rue et qu’il m’avait escorté jusqu’au bâtiment puis à notre table. Une douce odeur de fromage régnait, c’est tout ce que je pus reconnaitre car mon parfum dominait tout le reste. Le restaurant était bruyant, signe d’un restaurant prestigieux. Je lui avais pourtant dit qu’un simple fast-food m’aurait suffit mais il n’en avait encore fait qu’à sa tête, voulant me faire plaisir.

Nous nous étions rencontré quelques mois auparavant. Nous faisions souvent des sorties tous les deux. Ne pouvant voir son physique, on me demandait souvent ce qui pouvait m’attirer chez lui et je répondais toujours « tout ». Et c’était vrai. La chaleur de sa voix quand il me parlait. Il n’avait pas du tout peur de moi ou de mon handicap, au contraire, il en jouait. Il était drôle, il me faisait rire. Le seul qui y arrivait depuis des mois. Sa façon dont sa main frôlait ma joue de temps à autre me faisait toujours frissonner. Il était tendre, romantique et sincère. J’avais appris à reconnaitre les gens honnêtes sans avoir à ce que quelqu’un me décrive précisément les traits qui composaient leurs visages. Je pouvais savoir à un seul rire si la personne riait de moi, d’une blague ou contraint et forcé. J’avais plus de sens que quiconque dans ma famille, bien qu’il m’en manquât un.

Il prit mon manteau et l’installa sur le dos de la chaise. Il me lut la carte et me fit choisir mon plat. Quand le serveur eut pris la commande, nous parlâmes pendant ce qui me parut un moment très court. Mais il me semblait qu’en réalité une bonne demi-heure fut passée quand le serveur revint. Une délicieuse odeur me parvenait aux narines. Je le sentis bouger, sa main s’approcha, il prit mes couverts et me coupa le contenu de mon assiette. Le serveur revint pour demander nos choix de desserts une fois que nous eurent finis. Dès qu’il partit, je sentis sa main prendre la mienne et y déposer un petit objet métallique. Il me fallut plus d’un touché pour reconnaitre l’anneau froid et le joyau incrusté en son centre. Une bague. Alors soudain, le monde s’évapora. Je cherchai sa main, son visage et l’embrassai. C’était ma manière à moi de lui dire oui, car les mots ne purent sortir d’eux-mêmes. Je ne sus trop bien comment me comporter par la suite, c’était la première fois que je me sentais aussi mal à l’aise et gênée mais en fait, ce n’était qu’une grande joie qui m’empêchait de m’exprimer comme à mon habitude.

Quand nous eurent fini notre repas, il m’aida à me rhabiller, me prit par le bras et me sortit de la bâtisse. Je sentis un vent d’air frais contre mon visage et mes cheveux s’élever. Il démarra la voiture. Il refusa de me dire où il m’emmenait, mais où que nous allions je savais que je m’y sentirais bien, car il me procurait un sentiment de bien-être, je me sentais bien avec lui peut importe l’endroit. Le véhicule s’arrêta, il descendit en premier puis ouvrit ma portière. Un bruissement de feuille me parvenait puis un son très subtil provenant d’une rivière. Il n’y avait plus aucun bruit, plus âme qui vive à des kilomètres à la ronde, rien que lui et moi. L’atmosphère était humide. Nous nous mîmes à marcher. Des craquements secs se faisaient entendre sous nos pas. Tout était calme. Nous marchions doucement car il savait que je ne pouvais accélérer la cadence. Il me connaissait par cœur désormais. Il savait ce que je pensais et pourquoi. Il savait tout de moi, ou presque.