[Lyson & Istiina] Cérémonie

 Très souvent dans les histoires, ces cérémonies ont lieu un jour de grandes pluies. Tout le monde est là, on voit une nuée de personne, au visage triste, pendant qu'il pleut des cordes. Ceux qui veulent faire original, mettent un grand soleil. Mais au final, c'est tous aussi cliché. Voilà comment sont perçus les enterrements, jour de pluie ou grand soleil.
Mais l'enterrement de Serillë, n'était en aucun cas dans ces deux clichés. Pendant le sien, arrivaient les premiers flocons sur la terre d'Ormirail .

 La belle et valeureuse Serillë avait perdue la vie dans le combat qui opposait son peuple, celui des Elfes Élémentaires, aux Orcs. Voilà depuis maintenant trois ans que sévissait cette guerre. Chaque clan voulait régner sur la terre d'Ormirail. Terre de richesses et de pouvoir. Aujourd'hui l'aube pointait encore son nez sur le champ de bataille. Des cadavres recouvraient le sol, donnant une teinte rougeâtre à la terre, là où se trouvait jadis une prairie verdoyante. Les soldats se battaient sans relâche pendant des jours et des jours. Serillë, jeune elfe de 125 ans, luttai maintenant contre les Orks depuis plus de 36h. La fatigue commençait à creuser des cernes sous ses joues et sa gestuelle était moins fluide. Mais Serillë essayait de garder l'esprit clair. « La moindre erreur me serait fatale » se répétait-elle en boucle. Alors qu'elle envoyait une gerbe de feu sur un de ses ennemis, la jeune elfe entendit un bruit dans son dos. Elle se retourna et arracha le coeur d'un Orc qui avait essayé de la prendre en traite. « Trop lent ». Dit-elle au monstre quand celui-ci s'écroula à ses pieds. Mais soudain, une douleur fulgurante l'envahie. Elle baissa les yeux et vit une lance lui transperçant l'abdomen. Contrairement à ce qu'elle avait pensé, l'Orc l'avait bel et bien touché. « Quelle ironie » pensa-t-elle une dernière fois avant de tomber dans ce qu'on appelait le sommeil infini.

 A quelques pas de là, Agerad vit la jeune elfe sombrer, abandonna son combat pour être à ses côtés. Il lui prit le pouls et en déduis qu'elle était morte. Il prit doucement le corps dans ses bras en pleurant. La mort avait ôter la vie de sa femme et voilà qu'elle prenait celle de sa fille. Il avait demandé à Warin, le roi des Elfes, s'il pouvait faire un cesser le combat pour organiser une cérémonie en l'honneur de Serillë. Warin accepta, mais uniquement en présence des proches. On ne pouvait se permettre d'arrêter une guerre à chaque soldat mort sur le front.
 C'est ainsi qu'Agerad organisa une cérémonie funéraire en l'honneur de sa fille. Agerad, ainsi que les autres proches de Serillë se tenait dans un coin reculé du champ de bataille. Il avait trouvé une stèle en pierre qui servi d'autel pour la jeune elfe. Il l'avait revêtu de la tenue d'enterrement des elfes, une robe en lin pourpre et or qui était transmise de génération en génération et qu'Agerad avait réussi à protéger malgré la guerre. Ses longs cheveux roux était coiffé en une longue tresse et étaient parsemée de lys que les elfes de la terre avaient fait pousser. Les amis de Serillë arrivèrent un par un pour la cérémonie, inclinant la tête pour se saluer. Orphée, une des amies de Serillë tenait une lyre dans ses mains et laissa glisser ses doigts sur les fines cordes pour jouer une douce mélodie. Les amis de Serillë s'approchèrent de son corps chacun leur tour pour murmurer une prière elfique. Quand tout le monde fut passé, Agerad prit la parole pour un discours. Il évoqua le courage et la fougue de sa fille. Se remémora son espièglerie quand elle était enfant. Il loua sa douceur qu'elle tenait de sa mère … A la fin de son monologue, Agerad ne tint plus et fondit en larme. Les autres elfes l'entourèrent alors pour essayer de le consoler , mais il les repoussa, il tenait à finir cette cérémonie. Il s'approcha doucement du corps de sa fille pour murmurer une dernière formule elfique. A peine le dernier sortit de la bouche du vieux Agerad que le corps de Serillë s'illumina. Il se décomposa en mille petites lumière avant de s'envoler vers les cieux. Les étoiles se mélangeant à la neige.

 Orphée qui n'avait cesser de jouer, laissa mourir doucement sa chanson et regarda le ciel en soupirant. La cérémonie était finie et maintenant ils allaient rependre la bataille comme si rien de cela n'était arrivé.