| | [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois | |
| Auteur | Message |
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Lun 01 Déc 2014, 18:27 | |
| Comme tu en étais d'accord, chère Eulaline, une petite revanche? Avec plus de votants? (1 à 0, c'est quoi ce score de foot?) Un(e) gentil(le) arbitre?
Dernière édition par Bettyboopjade le Mer 03 Déc 2014, 10:02, édité 2 fois (Raison : Ajout du thème) |
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Eulaline Poseur d'avant-garde Date d'inscription : 29/11/2013 Age : 53
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Lun 01 Déc 2014, 20:00 | |
| Avec plaisir, pour la revanche : Tout sauf de la poésie. |
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mar 02 Déc 2014, 00:37 | |
| C'est officiel: nous cherchons un(e) gentil(le) arbitre! Et un thème qui ne soit pas de la poésie, s'il vous plaît. |
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 09:31 | |
| Allez, petit remontage de topic (désolé si cela fait un double post, mais les éditions de message ne les remontent pas). Dans l'agitation de l'opération Noël, le message a coulé trop vite! Nous cherchons un(e) gentil(le) arbitre et un gentil thème. D'ailleurs, pour les arbitres motivés, c'est aussi le cas de Phinae et Frof. |
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 10:02 | |
| Me voilà ! Thème: Nous n'irons plus au bois
Contrainte: Le récit se passe dans les années 60
Nombre de mots Entre 500 et 800
A remettre avant le 17/12/2014 |
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 12:51 | |
| Vu et validé. Bon courage Eulaline! |
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Eulaline Poseur d'avant-garde Date d'inscription : 29/11/2013 Age : 53
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 15:08 | |
| Merci, VieuxFranz! Et amuse-toi bien, surtout! Et merci, Bettyboopjade, pour le thème. |
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 19:30 | |
| Pas de quoi ! Bon courage à vous deux ! |
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 22:43 | |
| Soit c'est le sujet qui m'a inspiré, soit c'est la frénésie du super-challenge de Noël. En tout cas, voici mon texte, en 574 mots: - Un autre bois?:
La radio miaule dans la cuisine, et les Doors me percent les tympans. Dehors, il fait nuit noire. Elise est déjà debout, comme toujours, à m'offrir un café et un baiser avant que je ne parte. Encore un matin pourri, encore un matin à me lever trop tôt, à déjeuner à toute vitesse, à partir m'abrutir sur la chaîne à Boulogne-Billancourt. Je marche jusqu'à la gare. Temps triste, comme mon humeur. Et puis, c'est quoi ces pelleteuses, à côté du bois ? Et ce panneau de chantier ? « Permis de construire. OPHLM de Créteil » Des HLM ? Ici ? Dans notre bois ? Les souvenirs remontent à ma mémoire. Ce n'était pas il y a si longtemps ! Le bois... C'était là que j'allais quand je sortais de l'école Jules Ferry, et que je filais en douce avant que les parents rentrent du boulot. On se retrouvait tous là, toute la bande, à construire nos caisses à savon, à se courir après, à grimper aux arbres, à se chamailler. C'est sûr, j'aurais surement dû étudier un peu plus, je n'en serais pas à souder chez Renault aujourd'hui. Ensuite, l'apprentissage, puisque mon école buissonnière ne me permettait pas de d'attaquer de bonnes études. A l'atelier du père André, ce vieux machin qui me faisait faire des journées de dix heures et râlait si je lui demandais un bonus à la fin du mois. Quel radin, celui-là. Enfin, c'est quand même grâce à lui que je me suis payé ma Vespa. Et que j'ai pu commencer à sortir. Le premier concert de Johnny à l'Olympia ! Et les Chaussettes Noires ! C'est comme ça que l'ai rencontrée, mon Elise, à un concert. Elle était de Créteil, elle aussi. Nous sommes rentrés ensemble, tous les deux, elle se serrait bien contre moi sur la Vespa. Et la cabane du petit bois était là, refuge des amoureux, prête à nous protéger, à nous abriter. Et maintenant ? Je marche dans la rue, presque déserte à 3h15 du matin, vers une nouvelle journée sans but, sans joie. Ils m'ont tout volé : mon temps, ma liberté, et maintenant ils me prennent mon bois. J'en ai par-dessus la tête de cette société fermée ! Je monte dans mon odieux train de banlieue, direction Paris, puis changement, puis Boulogne. Si tout n'était pas si cher, ici, nous pourrions habiter plus près du boulot. Nous voir plus souvent. Mettre enfin en route cet enfant dont nous rêvons tant. Si seulement... L'après-midi commence. Et moi, j'ai fini ma journée de travail. L'idée de rentrer dans cet appartement minuscule, et si vide quand mon Elise n'y est pas, me répugne. Alors quoi ? J'ai vingt-cinq ans, et je commence déjà penser comme un vieux, immobile, figé dans une existence médiocre et étriquée ? Pas question. Elise avait raison : cette vie ne nous mène nulle part. Je commence à penser que son idée folle est notre meilleure solution. Après tout, nous n'avons pas besoin des concerts, des supermarchés, des robots électriques pour vivre. Je suis bricoleur, j'arriverais bien à retaper un peu une maison. Nous allons rassembler nos économies et mettre son projet à exécution. Noël 1968, ce n'est pas à Créteil que nous le passerons, mais chez nous, au coin du feu. Elever des chèvres en Lozère, ça ne peut pas être si difficile que ça. Et là-bas, il n'y aura pas de bull-dozers pour raser notre bois.
Dernière édition par VieuxFranz le Mer 03 Déc 2014, 23:09, édité 1 fois |
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Eulaline Poseur d'avant-garde Date d'inscription : 29/11/2013 Age : 53
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Mer 03 Déc 2014, 23:01 | |
| Ooooh... J'adore ton texte, VieuxFranz. Je lis ton univers, j'y suis, j'adore! Bravo. |
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Jeu 04 Déc 2014, 07:27 | |
| En effet tu as été inspiré ! Je commenterai lors des votes. |
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Eulaline Poseur d'avant-garde Date d'inscription : 29/11/2013 Age : 53
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Ven 05 Déc 2014, 11:48 | |
| Voici mon texte Edit: 750 mots environ - Nous n'irons plus au bois:
Belgique, Visé, octobre 1961
Je tremble, il fait froid.
« Quelle belle messe ! » « Un office formidable… » « Une femme si croyante, elle aurait été touchée par cette cérémonie… »
Et je serre les mains. Je les connais, toutes ces personnes, mais je n’en reconnais pas le dixième. Cela fait si longtemps que je ne suis plus revenu. J’évite de poser les yeux sur la pierre tombale et l’inscription : « 1961 », plus doré que le « 1889» qui le précède. Elle avait tout prévu, bien sûr. Je n’aurais pas été surpris, d’ailleurs, si on m’avait annoncé qu’elle s’était couchée ce soir-là en bel habit, attendant sagement sa dernière heure. L’étreinte autour de mon bras se resserre doucement. Il est temps de quitter le cimetière. J’aide ma mère à s’installer à l’avant de ma DAF qui fleure bon le cuir. Ma fille, mon fils et ma femme se glissent à l’arrière. Au programme, il y aura de la tarte et du café. Le monde envahit l’univers de ma grand-mère pour la dernière fois ; ma mère et ses sœurs ont déjà contacté le notaire et la maison est mise en vente. Les hommes s’installent au salon et les femmes se regroupent à la cuisine. L’air est enfumé, le son des conversations s’amplifie rapidement. Je ne suis pas à l'aise en société, je n’aime pas lorsque l’on parle politique et déjà André Renard est cité. Ma main se pose sur le bréviaire de ma grand-mère. Ce livre de prières l’accompagnait partout. Machinalement, je l’ouvre. Hier soir, alors que nous veillions la dépouille et acceptions les condoléances des uns et des autres, ma mère m’avait glissé :
« Regarde ce que j’ai trouvé dans le bréviaire de ta grand-mère… »
Elle me désignait un morceau de papier jauni, plié et replié, l’encre s’efface et pourtant je peux encore lire :
« Nous n’irons plus au bois. »
Je sursaute…
« François ! »
La voix, je ne la reconnais pas, mais le regard me tétanise et la honte empourpre mon visage. L’homme, déjà, me serre contre lui.
« Je suis si heureux de te revoir. Oooh! J’aurais tellement voulu qu’elle lise ça avant de partir ! »
Il tapote une pile de feuilles noircies qu’il tient serrées sous son bras. Et déjà, il me raconte nos jeunes années, la guerre : la gestapo qui débarque, le transfert à la prison Saint Léonard puis la déportation. Il n’avait pas quinze ans, c’était mon ami. Néanmoins, il s’en sort. Le seul survivant de sa famille à la libération, c’est lui. Je murmure doucement :
« Je suis si désolé. Je la hais pour ce qu’elle a fait. »
Il fronce les sourcils. Visiblement, il ne comprend pas ou il ne sait pas. Il secoue la tête.
« Tu ne peux pas lui en vouloir, elle a essayé de prévenir le groupe. C’était trop tard, les Allemands étaient déjà là. »
Et là, ahuri, j’apprends que contrairement à tout ce qu’elle m’avait laissé croire, ma grand-mère faisait partie du groupe de résistance, récoltant informations auprès des femmes et maîtresses des « occupants » dont elle était la couturière attitrée. Elle servait également de facteur et livrait les messages. Pourquoi ne me l’a-t-elle jamais dit ?
« Lui as-tu demandé ? »
Pourquoi m’a-t-elle laissé croire que c’était elle qui avait dénoncé la famille de mon ami ? Il tapote encore la pile de feuilles toujours serrées sous son bras.
« Tout est là, prêt à être publié. J’aurais voulu savoir ce qu’elle en pensait. Tiens, c’est pour toi.»
Il me tend le manuscrit et en même temps, il désigne la feuille jaunie :
« C’était le message qu’elle n’a pas pu faire passer… le seul… Elle l’a gardé, toutes ces années… »
"Nous n’irons plus au bois": le code d’alerte.
Je serre les paupières, je comprends soudain. Je comprends les cris échangés ce soir-là entre ma mère, furieuse, et elle, en pleurs. Sur la table de la cuisine, la radio trône, allumée, toujours allumée, et à travers le brouhaha, « La Colombe* » de Jacques Brel me murmure à l’oreille :
« Nous n’irons plus au bois, la colombe est blessée Nous n’allons pas au bois, nous allons la tuer… »
Une guerre se termine et une autre éclate, mais les mots de la résistance se ressemblent tant. Doucement, avec cérémonie, je replie le petit papier jauni et le glisse dans mon portefeuille, en hommage à celle que je ne connaissais pas, qui était pourtant ma grand-mère et que j’avais tant haïe.
*« La Colombe »: chanson antimilitariste contre la guerre d’Algérie, écrite et composée par Jacques Brel.
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VieuxFranz Illustre illustrateur Date d'inscription : 14/03/2014 Age : 57 Localisation : Montceau-les-Mines
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Ven 05 Déc 2014, 12:20 | |
| Eulaline... Forcément... Toujours magnifique! |
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Bettyboopjade Ange gardien Date d'inscription : 25/03/2011 Age : 41 Localisation : Mons (Belgique)
| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois Ven 05 Déc 2014, 14:25 | |
| C'est superbe ! Un grand bravo d'avance à vous deux ! Les votes sont lancés ici. Bonne chance ! ^^ |
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| Sujet: Re: [Eulaline et VieuxFranz] Nous n'irons plus au bois | |
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