L'étrange Noël de M. Louis:



           Aujourd'hui, c'est Noël. Si je n'avais ouï les chants dans les maisons proches, je ne m'en serais sans doute pas rendu compte.  Quelle importance ? De toutes façons, je ne puis guère le célébrer ! Je n'ai pas même vu l'aumônier. Enfermé dans cette tour, coupé de ma famille et du monde, il ne me reste plus guère qu'à regarder passer le temps.
        Bientôt, ils auront pris leur décision. Comme si le moindre doute pouvait subsister, à mes yeux comme aux leurs. Ils se disent mes juges, je ne vois que des accusateurs. Pas un pour essayer de comprendre. Pas un pour endosser ne fut-ce qu'une part des responsabilités. Pas même mon cousin, cet agitateur maladroit qui fit tant pour ma perte.
        Oui, c'est Noël. Pourtant, en ce jour, je vais écrire mon testament, en attendant mon exécution, dont je gage qu'elle ne tardera guère. Je ne verrai pas le printemps, cette année. Pas plus que je ne pourrai serrer dans mes bras Marie et Louis, ni entendre leurs rires en découvrant leurs présents. Où sont-ils ? Je ne le sais pas. Avec leur mère, sans nul doute, mais en quel sombre lieu ?
        Noël, seul, enfermé... Il me semble bien loin, le temps des fêtes ! Le grand bal de la fin de l'année, la messe magnifique avec orgue et chorale, les riches cadeaux, les splendides tenues, simples souvenirs qui reviennent me hanter en ces tristes heures. Et les festins ! Ces repas qui nous tenaient réunis pendant quatre ou cinq longues heures, savourant des mets raffinés du meilleur goût, une joyeuse musique enchantant nos oreilles. Quoi de comparable avec cette pauvre pintade aux choux et cette compote de pommes, accompagnés des braillements avinés de mes geôliers?
        C'est ainsi. J'aurais pu faire qu'il en soit autrement. Je l'ai même essayé. Je n'en ai pas eu la possibilité. Que croient-ils donc tous, ces faquins qui me jugent ? Comment auraient-ils agi à ma place, quand tous s'opposaient à moi ? Jusqu'à mon frère, bien à l'abri maintenant que les choses ont mal tourné, et en commençant par mon cousin, ce traître qui ne souhaite que ma perte ?
        Ils disent de moi que j'aurais dû agir, plus fort, plus vite, avec plus de détermination. Eux ! Eux, dont les trois-quarts font partie de ceux qui justement s'opposèrent à tout changement, tirant la corde à hue et à dia, minant chacune des initiatives que je soutenais.
        Et aujourd'hui, c'est Noël. Il n'est pas la moitié du peuple qui célèbre la naissance de Notre Seigneur, mais tous se rejoignent en leurs agapes. Je les vois, par la fenêtre de ma prison, s'embrasser dans la rue, rire, partager vin chaud et marrons. Toute cette liesse, toute cette joie ! Ont-ils donc déjà oublié la guerre, le sang qui coulent à nos frontières ? Tout ce mal que j'ai toujours tenter de leur épargner...
        La nuit commence déjà à tomber,  rideau de noirceur sur mon  dernier Noël. Acta est fabula. Le dénouement viendra bien vite, et en ce jour, c'est moi qui désire leur faire un cadeau. La paix. Mais de cette geôle, je ne le puis !
        Ils vont me condamner et m'exécuter. Qu'au moins mon destin leur serve d'exemple, à tous ces gens qui veulent diriger à ma place. Ce sera là mon dernier vœu, mon dernier cadeau de Noël, à moi, Louis, dit Capet, seizième du nom.

Noël sur écran:

   Tout était prêt. La table était dressée, chargés de décorations. Les verres en cristal scintillaient et reflétaient les lumières changeantes des guirlandes du sapin. Le roi de la foret était décoré avec goût, croulaient sous les nombreuses boules et guirlandes et à ses pieds s’étalait une montagne de cadeaux.
   Papa devait rentrer d’un instant à l’autre de son séjour au Royaume-Uni. Et enfin, Noël commencerait.
   Paul et Martin couraient autour de la table, jouant à se pourchasser. Je soupirais, mais déjà maman sortait la tête de la cuisine pour leur demander d’arrêter. Ses joues étaient rougies par la chaleur qui régnait dans la cuisine, mais elle était comme toujours tiré à 4 épingles.
   Je la rejoignis :
   -« Papa devrait déjà être rentrée non ? »
   -« Ne t’inquiète pas ma puce, son train doit avoir un peu de retard. » me répondit-elle, en me tendant la poche à douille avec un grand sourire : les gâteaux sont dans le cellier, tu peux les garnir ?
   J’acceptais et prit plaisir à décorer les petits gâteaux anglais. Je fis ensuite la vaisselle, sans remarquer l’air de plus en plus stressé de ma mère.
   Ce ne fut qu’en me voyant l’heure que je compris la tête de ma mère. 2heures s’étaient écoulé et papa n’était toujours pas là !
   J’allais dans le bureau pour lui en parler, mais elle était déjà au téléphone, gesticulant et au bord de la crise de nerf. Me rapprochant, j’entendis qu’il s’agissait de mon père. Je voulus écouter, mais ma mère me vit et me fit signe de partir. J’obéis, et allait voir mes frères, jouant paisiblement dans leur chambre aux paymobils.
   Maman nous rejoignis quelque temps après, plus calme. Elle nous expliqua la situation :
   -« Il fait très très froid à Londres, tout est gelé, les trains ne peuvent donc plus circuler. Papa a essayé de prendre un bateau mais il n’y en a plus. Ils avaient trouvé des places sur un vol, mais l’avion n’a finalement pas décollé… Papa est donc toujours coincé à Londres, il va essayer de revenir pour ce soir, mais il y a très peu de chance qu’il y arrive. »
   Mes frères fondirent en larmes et se jetèrent dans les bras de notre mère. J’avais moi aussi les larmes aux yeux et je ne pus résister quand ma mère m’attira contre elle.
   Nous restâmes prostrés durant un long moment avant que maman ne se lève :
   -« Je descends, je vais finir mes préparations, le repas ne va pas se cuire tout seul plaisanta-t-elle. »
   Je descendis peu de temps après, en colère contre le monde entier. C’était injuste. Aujourd’hui était le plus beau jour de l’année et mon père ne serait surement pas présent, tout ça à cause de stupides flocons de neige ! Passant devant le bureau, je vis ma mère devant l’ordinateur consulter ses mails. Aussitôt j’eus une idée géniale :
   -« Maman !! Je sais comment faire pour que papa soit quand même avec nous ce soir ! »
   Elle se retourna, un sourire las sur les lèvres. Sourire qui devint de plus en plus joyeux au fil de mon explication. Nous passâmes le reste de l’après-midi à tout installer.
   Enfin le soir tomba, c’était la veillée de Noël. L’ordinateur qui se trouvait au centre de la table fit rire mes frères, mais quelle ne fut pas leur surprise quand il s’alluma et que s’afficha à l’écran la tête de notre père :
   « Hello my boy, merry Christmas! » Ils éclatèrent de rire, puis se précipitèrent sur les cadeaux.
   Et ce fut un Noël, quoiqu’originale, aussi bien que les années précédentes.

VieuxFranz: Quel Noël original, pauvre Mr Louis seul dans sa tour à fêter son dernier Noël. Sinon pour quelqu'un qui est en prison, une pintade c'est bien comme repas je trouve ^^ moi je lui aurais juste donné un bol de soupe .

Eleanys: Ton histoire est tout aussi originale et très sympa ^^. Tout le monde réussi à passer Noël en famille et tout ça grâce à la magie d'Internet . J'ai remarqué quelques fautes mais pas bien méchantes

Je vote pour VieuxFranz bravo à tous les 2 ^^

Je n'ai pu résister à la tentation de faire quelques recherches, je ne savais pas que Louis XVI avait rédigé son testament la nuit de Noël.

après avoir hésité, bien que j'aie préféré l'atmosphère du récit de VieuxFranz, indiscutablement "originale", le thème "Noël" me semble mieux respecté chez Eleanys