| | [Terminé] [Histoire] When Ice Burns | |
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Auteur | Message |
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Jeu 21 Juil 2016, 21:44 | |
| Ça s'appelle l'inspiration je crois... |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Jeu 11 Aoû 2016, 10:00 | |
| La suite ! Un peu plus longue que d'habitude, il me semble. Chapitre 12- Spoiler:
Mardi. La semaine était à peine commencée, et le tant redouté lundi matin dont tout le monde serait d'accord pour dire qu'il aurait fallu le supprimer était presque aussi loin que le vendredi soir. S'ils avaient un peu de chance, Lenowe comme Ziva seraient obligés de venir travailler samedi matin alors que d'autres se prélasseraient encore dans leur lit, regrettant pour certains leur soirée de la veille. A neuf heures moins trois minutes, Madame Laurel Martino se présenta accompagnée d'un agent en uniforme au bureau de Lenowe. Il semblait à ce dernier ne jamais avoir croisé ledit officier au détour d'un couloir, ni nulle part ailleurs, et il lui fallut quelques secondes pour se rappeler qu'il avait effectivement convoqué la femme de la victime du meurtre sur lequel il travaillait depuis un peu plus d'une semaine, et ce sans grand résultats. Lenowe remercia l'agent, qui se retira sans un mot, et proposa une boisson à la petite femme brune qui attendait dans l'encadrement de la porte, les bras croisés, attendant qu'il lui indique un siège, ce à quoi elle répondit par la négative. Il l'invita à s'asseoir sur la chaise en plastique blanche qu'il tira d'un coin de la pièce et déterra le téléphone de quelque part sous la montagne de dossiers et de feuilles agrafées qui traînaient sur le bureau pour demander à Ziva de venir les rejoindre. En attendant, il en profita pour chercher son bloc-notes aux trois quarts rempli de bribes de phrases et de numéros de téléphone dont il avait certainement oublié l'intérêt et un stylo-bille sans bouchon et mâchonné au bout qu'il trouva dans la tasse à café sans anse qui lui servait de pot à crayons. Il n'était même pas sûr que la moitié d'entre eux fonctionnait encore. "Ma collègue arrive dans une minute, dit-il. Vous-êtes sûre de ne pas vouloir un café ou un verre d'eau, Madame Martino? -Non, merci." A part les cernes que le font de teint orange n'avait pas réussi à camoufler, rien n'indiquait que la femme se trouvant en face de Lenowe était particulièrement affectée par le meurtre de son mari. Elle portait un haut un peu trop large pour elle aux motifs bariolés et un jean évasé, une simple tenue d'été qui ne ressemblait ni de près ou de loin à une tenue de deuil. Lenowe l'interpréta comme une façon pour elle de ne rien laisser paraître et passa à autre chose. Elle se pencha pour rattacher sa sandale défaite et adressa un discret sourire à Lenowe, qui lui rendit la moue tordue qu'il appelait "sourire". Puis il vit un visage apparaître derrière la persienne de la porte, et à la seconde suivante, Ziva entra sans même frapper. Il ne l'avait même pas ne serait-ce qu'aperçue depuis le samedi d'avant. "Bonjour Madame, dit-elle en s'asseyant sur la chaise d'Elin qu'elle fit rouler jusque derrière le bureau de Lenowe, qu'elle ne regarda pas. On vous l'a déjà dit, mais on aimerait éclaircir quelques points avec vous en ce qui concerne... l'affaire." Laurel Martino hocha la tête, les mains croisées sur les genoux, légèrement penchée en avant, disposée à apporter son aide. "Est-ce que votre mari prenait des médicaments du genre que n'importe qui peut se procurer? On n'a pas trouvé d'ordonnances à son nom; en tout cas ce qui est sûr est qu'on l'a drogué, je ne sais pas encore exactement avec quoi, mais ce qui est certain est que c'était avec quelque chose qu'il y avait donc à disposition." Ziva ne laissa pas le temps à Lenowe de dire quoique ce soit pour débuter leur entretien. "Attendez... Il s'est fait mal au genou en jouant au foot avec notre fils il y a une semaine. Il prenait je sais pas trop quel médicament qu'il restait au fond de l'armoire à pharmacie, je lui ai bien dit que ça n'était pas une bonne idée mais il... Peu importe. Je ne sais pas s'il en restait beaucoup, et je ne me souviens pas ce que c'était exactement. -Ce serait bien si on savait, justement, intervint Lenowe. Entre temps, vous avez repensé à un ou des éventuels ennemis, ou a quelque chose d'anormal? Il rentrait plus tard du travail? -Non. C'était toujours le dernier parti de la maison et le premier arrivé. Il s'était disputé avec le voisin parce qu'il faisait du bruit, mais c'est tout, et je ne crois pas que ce voisin soit physiquement capable de faire du mal à qui que ce soit. -Ok" murmura Lenowe, inscrivant "Médicaments" et "Voisin" sur sa feuille. "Que faisait-il en dehors de la maison, à part travailler? -Ça lui arrivait de sortir avec d'autres papas du quartier jouer avec les enfants ou aller boire un verre chez l'un d'entre eux. Je ne connais pas tous leur nom, mais je connais le nom de leurs femmes parce que je... -Vous pourriez nous faire une petite liste, juste au cas où? Demanda Lenowe, jetant un regard furtif à Ziva qui observait la femme assise en face, l'air contrarié. -Oui, bien sûr. -Je ne peux m'empêcher de remarquer que vous ne semblez pas très... bouleversée. Non pas que j'aie des soupçons sur vous, je voudrais juste m'assurer que vous allez bien. Elle ferma les yeux et soupira. -Ça va, ça va, j'ai connu des jours meilleurs, c'est sûr, mais ma famille n'aimait pas vraiment Andreas donc ils ne me sont pas d'un très grand soutien et je me trouve livrée à moi-même. -Comment ça? Demanda Ziva, interloquée -Rien à voir avec tout ça. Une vieille histoire complètement absurde qui remonte à il y a bien longtemps. Mais je vous assure que ce n'est pas le mobile du meurtre, c'est bien trop futile." Ils firent une brève pause lorsqu'Elin rentra dans le bureau pour récupérer sa veste oubliée sur le portemanteau et fila aussi vite qu'il était venu, saluant Lenowe et Ziva d'un mouvement de la tête. Ils reprirent l'interrogatoire, qu'ils ne souhaitaient pas désigner comme tel. Rien ne soupçonnait la femme de la victime – jusque là. Lenowe lui demanda d'autres détails et la laissa partir en lui donnant une carte de visite cornée qu'il échangea contre la liste des noms des amis et voisins de son mari. "J'ai pas vraiment l'impression que ça a été très utile, dit Lenowe lorsque Laurel Martino eut refermé la porte derrière elle. -Non. Merde, c'est vraiment trop tordu pour qu'il y ait une quelconque explication claire et logique, dit Ziva. Et en plus de ça, Elias commence à me faire royalement chier. J'essaie de lui demander son avis et ses réflexions sur l'autopsie, sur des détails qu'on aurait pu manquer, et il me parle de lui. J'en ai rien à foutre du week-end de ce vieux dégueulasse. -Ah." Lenowe était au courant de ses plans de quitter l'endroit pour s'éloigner de ses collègues de la morgue. Plans avec lesquels il n'était pas spécialement d'accord, même s'il n'avait pas osé lui dire, pourtant l'échéance s'approchait de plus en plus. Elle lui aurait certainement répondu "Ok, pas de problèmes" sans que la distance ne soit un obstacle, ni qu'elle se lamente de ne plus pouvoir le voir, ayant appris à pouvoir se passer des gens. Il aurait pu dire de même pour une grande partie de son entourage qui regroupait un grand cercle d'individus dont il ne se sentait finalement pas proche, mais elle n'en faisait pas partie, et elle représentait la personne la moins instable du lot. "Je dois y retourner. A plus tard" râla-t-elle. Le médecin légiste du comté de Twinbrook entendit frapper à la porte. Il releva la tête de la table, reposa sa pince ensanglantée sur un plateau et retira ses gants. Il fit le tour de la pièce et ouvrit. "Oh, bonjour lieutenant" fit-il. Il n'avait l'air que peu surpris de la visite de Lenowe. Le médecin avait constaté qu'il passait plus souvent par le sous-sol que son collègue de bureau qui frissonnait rien que lorsque son doigt passait au-dessus du bouton –1 de l'ascenseur, ou que tout autre personne travaillait au-dessus. "Bonjour docteur". Aux dires de Ziva, le docteur Elias Barrows n'avait de docteur que le nom, et considérait que si celui-ci avait obtenu son diplôme et l'autorisation d'exercer, n'importe quel autre abruti aurait pu faire de même. Lenowe se fit une note mentale, penser à vérifier si ce mec avait un dossier, ce qu'il n'avait jamais fait, juste par pure curiosité. "Je cherche votre collègue. J'ai des données concernant l'affaire en cours qui devraient l'intéresser. Enfin, je ne dis pas que ça ne vous intéressera pas, mais... -Elle est partie voir cette technicienne du laboratoire, la petite demoiselle aux cheveux violets, c'était aussi au sujet de l'enquête, à ce que j'ai compris – mais ce n'est pas comme si tout ici avait un rapport avec une enquête, hein ?" S'amusa le docteur Barrows. Sa tentative de faire dans l'humoristique était aussi ratée que sa tentative de faire croire que ses lunettes en équilibre sur sa tête n'étaient là que pour le style. Il plissait les yeux pour regarder Lenowe et ce dernier constata que le docteur avait un léger strabisme divergent. Et appeler "petite" une demoiselle qui le dépassait largement en taille ne faisait qu'ajouter à son ridicule. "Dites-lui quand elle reviendra que je l'attends avec un dossier sur mon bureau, qu'elle passe le prendre. -Très bien. Je ne manquerai pas de lui dire." Lenowe fit demi-tour sans plus un mot et retourna dans le couloir. Il eut l'impression que l'odeur rance fétide de café et de tabac froids, avec un soupçon de putréfaction, que trimballait le docteur le suivrait toute la journée, et ce même après une douche. L'horloge accrochée au mur au-dessus de la photocopieuse dans le bureau de Salomée indiquait cinq heures et quart. La journée n'aurait pas été remarquablement productive. Pendant que son amie attendait patiemment en grignotant un donut esseulé de la veille, Ziva s'agaçait après une bouteille thermos qui rechignait à s'ouvrir. Elle avait dû mal à garder les yeux ouverts et redoutait le moment où elle se glisserait dans son lit et celui où l'envie irrésistible de dormir disparaîtrait comme par hasard. "Nuit agitée?" Demanda Salomée en levant les sourcils d'un air entendu. "Si tu penses à ce à quoi je crois que tu penses, c'est pas ça. C'était plutôt un tête à tête avec un cadavre qui a passé deux semaines dans la flotte. -Oui, effectivement." Salomée regretta son indiscrétion et baissa les yeux. "J'ai les résultats des analyses que tu attendais tant. Je n'ai pas ouvert l'enveloppe, pour avoir la surprise en même temps que toi" dit-elle en tendant devant elle, victorieuse, l'épaisse enveloppe qui était posée sur la table et qui contenait très probablement une information capitale pour la suite de l'enquête.
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Ven 19 Aoû 2016, 11:30 | |
| Chapitre 13- Spoiler:
Ziva abandonna l'idée de prendre un thé, reposant la bouteille, et s'assit en face de son amie, qui défit la petite ficelle gardant l'enveloppe fermée. Elle sortit entièrement la pile de feuilles et fit défiler les premières jusqu'à trouver celle contenant la conclusion. Salomée analysa rapidement le paragraphe, fronça les sourcils et releva la tête de la feuille. Ziva la regardait, impatiente. "Notre victime a été shootée avec le genre de trucs que tu prends quand tu as choppé une sale crève, le truc qui t'endort immédiatement. -Sa femme nous a bien parlé de quelque chose, mais pas de ça. Je suis à peu près sûre que si je l'appelle pour lui demander, elle me dira qu'elle possède effectivement des médicaments contre le rhume dans son armoire à pharmacie, comme à peu près tout le monde. -Bon, comme ça on est pas avancés. Je sais pas pour toi, mais je ne crois pas que je finirai quoique ce soit aujourd'hui. Je rentre chez moi, et je décortiquerai ça demain. Je te laisse le rapport si tu veux un peu de lecture ce soir." Le lendemain matin, Lenowe prit la liste de noms que lui avait communiquée Laurel Martino et retourna dans son quartier. Il allait interroger les voisins un à un, ce qui avait déjà été fait, mais il considérait que les questions n'avaient peut-être pas été orientées dans la bonne direction. Le premier nom sur la liste n'était pas chez lui, et l'absence de voiture dans l'allée ainsi que les volets fermés indiquaient peut-être un week-end prolongé, ou quelque chose à se reprocher. Lenowe avait vu la deuxième monter dans sa voiture accompagnée de ses deux enfants qui traînaient leur sac à dos par terre. Elle reviendrait certainement de l'école plus tard. Le troisième l'accueillit avec un couteau à la main. Instinctivement, Lenowe recula et glissa sa main à l'arrière de son jean, où se trouvait son arme. L'homme d'une quarantaine d'années vit l'insigne à sa ceinture, et un instant parut sur le point de faire une syncope lorsqu'il comprit qu'il avait toujours son couteau à pain dans la main. "Non, non... J'étais en train de préparer le repas de ce midi! S'exclama-t-il, confus. Excusez-moi, je... je crois qu'il vaut mieux que je le repose. Entrez." Bafouilla-t-il après que Lenowe se soit présenté. Celui qu'il avait identifié comme Martin Wang, professeur remplaçant actuellement sans emploi, reposa immédiatement le couteau sur la table de la cuisine et mena Lenowe dans le salon. "Je devine que c'est au sujet d'Andreas, l'information passe très vite dans le quartier. Un de vos collègues m'a déjà posé des questions. Je lui ai dit tout ce que je savais. Mais, après réflexion, je me suis souvenu avoir vu fréquemment ces dernières semaines un camion de livraison et un autre d'un magasin de fournitures de construction. Ça m'a un peu surpris, parce que ma femme connaît bien Laurel, la femme d'Andreas, et apparemment ils ne sont pas du genre à tout le temps acheter des trucs, et Andreas ne m'a jamais parlé de rénovation dans sa maison ou de quelque chose comme ça. Je suis du genre bricoleur, lui un peu moins, alors il m'aurait demandé conseil. -Vous pouvez me donner le nom du magasin en question? -Laissez-moi deux secondes." Martin Wang sortit une tablette de sous la table basse et tapota sur l'écran. Lenowe détailla le salon des yeux. La décoration de ce qu'avait aperçu Lenowe de la maison n'avait absolument rien de personnel. Tous les meubles étaient directement tirés du catalogue Ikea. Il y avait une caisse débordant de jouets dans un coin et une peluche sur le canapé, mais bizarrement pas de chaussures ou de manteau de femme dans l'entrée. En tout cas, les Wang ne demandaient pas de conseils de rangement aux Martino, constata-t-il. Il y avait une pile de vieux magazines dans le coin entre le canapé et le mur et le plateau du meuble télé servait de vide-poches. "Build It Yourself. Il y a un magasin à la sortie de l'autoroute. Je passe presque tous les jours devant, je connais le logo par coeur, mais je ne me souvenais pas du nom exact. -Merci beaucoup. Donc vous dites que Monsieur Martino faisait fréquemment ses courses chez Build It Yourself. Ou qu'il leur a loué un camion plusieurs fois. -Oui, certainement. Je suis navré de ne pas pouvoir vous aider plus. Andreas et moi n'étions pas les meilleurs amis du monde, mais c'était un voisin proche, et nos enfants jouent ensemble. Enfin, mon fils jouait avec le petit Martino jusqu'à ce qu'il revienne un soir en me disant que Laurel l'avait un peu grondé. Là n'est pas la question, ce sont juste des gamins, si elle a un peu haussé la voix sur mon fils, c'est qu'il devait le mériter, et Laurel est très gentille, quoiqu'un peu distante parfois. Elle va souvent aux barbecues chez les autres voisins, mais n'invite jamais chez elle." Lenowe se dit qu'il ferait mieux de trouver une autre question ou de conclure l'échange avant que Martin Wang ne continue à déblatérer sur les potins du quartier. "Très bien, merci. Je vous laisse ma carte, si jamais quelque chose vous revient, à vous ou a votre femme. Bonne journée, conclut-il en se relevant du canapé couleur taupe. -Encore désolé de vous avoir fait peur avec mon couteau. Je ne vous aurait rien fait, la vue du sang me met très mal à l'aise. Je vous raccompagne à la porte." Monsieur Wang s'excusa à nouveau et referma la porte. Lenowe raya son nom de la liste et posa son doigt sur le suivant. C'était le voisin de gauche, juste en face d'où il était, le fameux voisin avec lequel Andreas se serait disputé au sujet d'une tronçonneuse. Il traversa la rue et monta sur le perron embarrassé par des pots de fleurs vides et des sacs de terreau entamés qui avaient répandu une partie de leur contenu sur le sol. A peine eut il appuyé sur la sonnette qu'une femme d'un âge relativement avancé lui ouvrit. Elle avait un brushing impeccable et la peau du visage sans une imperfection, et même si Lenowe estima que cette femme et son mari étaient certainement à la retraite, il n'aurait pu estimer son âge avec exactitude. Il se présenta gentiment comme lieutenant de police, indiquant qu'il enquêtait sur le meurtre du voisin, et lui montra à deux reprises son insigne lorsqu'elle lui demanda si ce n'était pas un imposteur venu s'en prendre à elle ou venue la cambrioler. "Il y a eu beaucoup de vols ces derniers temps, dans le quartier. Ça doit être ces sales mômes." Lenowe releva l'information sans toutefois savoir si ce n'était que pure exagération ou s'il y avait réellement eu une vague d'effractions dans le quartier. "Oui, mon mari a eu une petite altercation avec ce Monsieur Martino parce que selon lui, la tronçonneuse faisait trop de bruit et qu'il voulait profiter de son barbecue tranquillement. Mon mari a ensuite arrêté la tronçonneuse et il est rentré bougonner à la maison." Elle sortit une chaise de sous la table de la cuisine sur laquelle trônait un plat de gaufres. Le chat tigré qui dormait sur la banquette calée contre le mur du fond leva la tête, importuné par le visiteur, puis se rendormit. "Vous avez remarqué quelque chose de différent par rapport à vos voisins ces derniers temps? -Non, il ne me semble pas." Lenowe voyait bien Madame Anderson comme la commère du quartier, toujours assise devant sa fenêtre, relevant légèrement le rideau, une tasse de camomille à la main, à l'affut du moindre mouvement et friande de ragots en tout genre. Sa réponse lui parut insuffisante, mais il ne parvint pas à obtenir plus d'elle. Lorsqu'il sortit de chez elle, il était presque onze heures. La voisine partie emmener ses enfants à l'école n'était pas revenue, et Lenowe n'avait pas l'intention de camper devant sa porte. La dernière personne de la liste fournie par Laurel Martino n'était pas là le jour du meurtre à cause d'un accident de bateau le jour d'avant, et les deux bras dans le plâtre étaient suffisants pour le disculper. Sa femme, elle, proposa toute son aide à Lenowe, quand bien même elle ne savait rien, et il sentit qu'elle cherchait à user de ses charmes auxquels il restait insensible pour faire enrager son mari cloitré dans le canapé, incapable de bouger. Lenowe abandonna la possibilité qu'un des enfants du quartier puisse avoir quelque chose à voir avec les meurtres, même si l'un d'entre eux, fut-il assez âgé, ait pu voir quelque chose. Il avait à chaque fois indiqué aux parents d'être attentifs au comportement de leur progéniture. Le lieutenant de police remonta dans sa voiture qu'il avait laissée en plein soleil, à l'entrée du quartier. Il attendit un moment avant que le cuir du volant ne refroidisse et reprit le chemin du commissariat, avec en tête deux nouvelles pistes qui méritaient d'être éclairées. Ziva ne lui avait apporté que peu d'informations théoriques, mais il lui fallait maintenant plus d'informations pratiques, et il se félicita d'être sur la bonne voie. En retournant dans son bureau, il surprit Elin affalé dans sa chaise, les pieds posés sur le bureau, et au téléphone. La seule chose qu'il saisit de la conversation avant qu'il ne repose brutalement son portable sur la table fut "Oui, moi aussi je t'adore, on se voit bientôt". Il ne lui demanderait pas à qui il parlait. "Elin, enlève tes pieds de là et cherche-moi des infos sur Build It Yourself et je veux savoir si Andreas Martino a passé commande chez eux. Rappelle-moi d'appeler sa femme pour lui redemander des infos. Je vais aller encore réclamer leurs relevés bancaires pour voir ce qu'ils ont acheté récemment. Un des voisins m'a dit qu'ils avaient eu beaucoup de livraisons récemment. Ah, et aussi, appelle le deuxième mec de la liste, Tyler Marsh, jusqu'à ce que lui ou sa femme réponde, et essaie de contacter le premier. Il n'est pas chez lui." Lenowe remit son arme dans un tiroir et monta au deuxième étage chercher les relevés bancaires qui auraient dû arriver en premier. Dans le couloir rempli de boîtes d'archives et entravé par un chariot en métal rempli de verrerie de laboratoire, il tomba sur Salomée. C'est à croire qu'il n'y a que les mêmes trois foutues personnes qui travaillent ici, se dit-il. "Ziva n'est pas là, lui dit-elle en continuant son chemin vers son espace de travail. -Non, c'est pas elle que je cherche. Qui je dois engueuler pour avoir des relevés bancaires que j'attend depuis une semaine? -Le service des geek est au bout du couloir. C'est pas ici. -Merci de ta précieuse aide" ironisa Lenowe. Il ne referma pas la porte vitrée derrière lui et traversa à nouveau le couloir. Le service des geek, comme l'appelait Salomée, était à l'opposé de l'ascenseur. Il y avait sur la porte un post-il vert fluo et une blague supposément amusante qu'il ne comprit pas inscrite dessus. Il frappa et la poussa doucement. Lenowe constata que la budget climatisation devait profiter largement au grand open-space sur lequel il déboucha. Thinlay, la dernière recrue, vêtu d'un sweat à capuche et à manche longues, détourna la tête de son écran une mili-seconde et lui demanda ce en quoi il pourrait lui être utile, dans un accent londonien mêlé d'un peu d'exotisme, celui du Bouthan. Son bureau, sur lequel trônaient deux ordinateurs et une imprimante, étaient parfaitement ordonnés. Dans le fond de la pièce, Lenowe aperçut d'autres ordinateurs alignés contre la fenêtre qui donnait sur le parc du centre-ville. Il n'y avait personne d'autre qu'eux deux. Tous les autres devaient sûrement être partis en vacances, en déduisit-il. "J'attends depuis un moment des relevés bancaire. Martino, Andreas et Laurel. -Ah, ils sont là, sur l'étagère. Personne n'est venu les chercher, et je ne savais pas à qui les donner, donc je les ai mis dans un coin. -Thinlay... C'est bien Thinlay? -Oui. -Thinlay, il y a mon nom écrit sur l'en-tête de cette feuille que tu as dû imprimer toi-même. -Oui, oui, mais je n'avais pas le temps de descendre te les donner, et j'ai sûrement oublié. Maintenant, tu les as tes relevés. Content?" Lenowe hocha la tête et retraversa à nouveau le couloir pour rejoindre son bureau. Il décida que ce serait la dernière balade de la journée à travers l'hôtel de police de Twinbrook et que dorénavant il demanderait à Thinlay de lui envoyer les documents par mail. Au milieu de l'après-midi, il avait fini d'éplucher les relevés des comptes des Martino. Il y avait des commandes de pizzas, un peu de shopping sur internet, des courses, et un bon nombre d'achats chez Build It Yourself, fournitures de chantier, mais il n'y avait pas le détail exact des produits achetés. Elin n'était pas encore parvenu à soutirer des informations au magasin sur les factures, et aucun des deux voisins de la liste n'avait répondu au téléphone. Il devraient attendre un peu, d'autant plus qu'il n'était pas certain que Laurel Martino ait conservé des tickets de caisse, encore fallait-il qu'elle soit au courant des achats de son mari, si tel était le cas. Lenowe resta pensif quelques minutes et décrocha le téléphone, composant le numéro de Madame Martino. Il tomba sur la messagerie et commença à laisser un message. "Bonjour, Madame Martino. Ici le lieutenant Letnara... J'aurais besoin de quelques détails complémentaires. Tout d'abord: votre mari est passé beaucoup de fois par un magasin de fournitures de chantier; qu'a-t-il acheté? Ensuite, un de vos voisins, Monsieur Wang, m'a dit que vous aviez disputé leur fils, suffisamment pour qu'il ne retourne plus chez vous. Y-a-t-il une raison, ou un rapport avec votre mari? Ce n'est peut-être rien, mais au point où nous en sommes, nous cherchons dans toutes les directions. Merci, et rappelez-moi au plus vite."
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Dim 04 Sep 2016, 10:16 | |
| Chapitre 14- Spoiler:
La lumière commençait à changer et le soleil baissait lentement à l'horizon; le vent s'était levé, faisant baisser la température à un niveau plus acceptable, mais l'air restait immuablement lourd et orageux. Les terrasses des restaurants et des bars se remplissaient peu à peu, même en plein milieu de la semaine, et malgré la présence de menaçant nuages au-dessus des têtes. S'il devait pleuvoir, il pleuvrait – et cela arriverait certainement d'ici la fin de la semaine. Lenowe sortit de sa chambre, les cheveux encore humides après sa douche, et se planta au milieu du salon, surpris par la visiteuse encore installée chez lui. "Je croyais que tu avais dit que tu rentrais? -Non, je me suis d'un coup souvenue d'un truc que je devais vérifier, alors j'ai emprunté ton ordinateur. J'espère que tu ne m'en voudras pas." Ziva était installée sur le fauteuil pliant dans le salon de Lenowe, son ordinateur brûlant sur les genoux, et un paquet de chips entamé sous le bras. Si la table basse n'avait pas été si loin pour ses jambes trop courtes, elle aurait sûrement déjà posé ses pieds dessus. "Pour l'ordinateur non, pour les chips oui. -Je te les laisse, elles sont dégueulasses." Il allait prendre le paquet de chips qu'elle lui tendait et secouait devant lui pour vérifier ses dires quand il entendit frapper à a la porte. "Et merde. C'est Elisha." Elle resta assise sur le fauteuil, interdite, et le vit partir dans l'entrée. Il n'avait pas mentionné la venue de sa sœur, et, sachant qu'il avait cependant bien mentionné son récent accident, elle ne sembla pas comprendre. "Qu'est-ce que tu fais ici Elisha? Je pense pas que ça soit une bonne idée de faire un tel détour alors que tu as déjà du mal a marcher." Il aurait été difficile de déterminer s'il s'agissait d'une marque d'attention fraternelle ou d'une preuve qu'il n'était pas vraiment enthousiaste de voir sa sœur débarquer chez lui. -Ça va, arrête." Elle se fraya un chemin et traîna sa valise à l'intérieur. Celle de Lenowe était toujours dans l'entrée, encombrant le passage, et Ziva s'était même demandée s'il l'avait au moins vidée. "J'ai pris une chambre d'hôtel, et j'ai deux jours avant de rentrer. Ça devrait suffire pour qu'on discute" dit Elisha en accentuant les derniers mots de sa phrase, levant les yeux vers son frère avec insistance. -Ouais, marmonna-t-il. Entre" ajouta-t-il en lui indiquant la pièce principale d'un geste de la main. Ziva s'était levée et regardait Elisha avec un sourire poli. Elle eut un moment de perplexité: il lui semblait qu'Elisha était rousse la dernière fois qu'elle l'avait vue, et elle ne sut pas si ses cheveux étaient naturellement couleur amande. La petite femme blonde retira ses chaussures et s'avança vers Ziva, la sortant de sa réflexion. "Bonsoir" lui dit-elle avant de s'avancer vers elle pour la serrer dans ses bras. Puis elle crut se rappeler que sa belle-sœur n'appréciait pas ça. Elle reprit ses distances. "Comment ça va? -Ça va." Une réponse purement rhétorique. "Elisha, je suis désolé, mais on a rien préparé à manger, tu as déjà mangé? L'interrogea Lenowe -Non, et je sais pas si on peut appeler ce qu'on m'a servi dans l'avion comme un repas. -Y'a un restau chinois en bas de la rue." Sous-entendu: il n'avait ni l'envie, ni la motivation pour faire la cuisine. Elisha, Ziva et Lenowe s'installèrent à la table la plus proche du comptoir, même si le restaurant était quasiment vide. C'était ce genre de restaurant-cantine qui sentait la friture de mauvaise qualité, aux tables et aux sols collants, qui ne garantissait pas une nourriture authentique, et de qualité généralement médiocre, mais qui faisait l'affaire. Ils commandèrent au serveur qui ne comprenait visiblement pas tout ce que leurs demandait ses trois clients, puis restèrent silencieux, cherchant quelque chose pour engager la discussion. Lenowe ne semblait pas enthousiasmé par ce diner avec sa sœur, enfin surtout par la présence de sa sœur. Ziva ne savait pas vraiment pourquoi Elisha avait soudainement débarqué, mais allait faire semblant d'être contente. Elisha, quand à elle, essayait par tous les moyens à entamer la conversation. Assise en face de son frère, elle épiait ses moindres gestes, le moindre changement dans son expression, repoussant de temps à autre derrière son oreille une mèche de cheveux échappée de sa queue de cheval qui la dérangeait. La ressemblance entre Lenowe et Elisha était loin d'être évidente. Mis à part les cheveux fins et clairs et le teint pâle qui donnait une impression souffreteuse, une expression lasse continuellement imprimée sur leur visage, leur liens de parenté ne sautaient pas aux yeux. Elisha avait le visage plus replet, un nez rond et des tâches de rousseur sur les pommettes qui lui donnaient un air presque ingénu, et bien qu'elle allait bientôt fêter ses trente ans, on aurait pu lui en donner dix de moins. Ses yeux étaient d'un vert glauque, qui paraissaient vitreux derrière ses lentilles de contact. La différence de taille était le plus frappant; Elisha ne faisait qu'un mètre soixante-deux, dépassant à peine Ziva, ce qui pour Lenowe et son mètre quatre-vingt treize était relativement ridicule. "Comment s'est passé ton voyage à New York? Demanda Lenowe à sa sœur, remuant sa soupe de nouilles avec ses baguettes. -Je devais signer des papiers sans importance pour nos associés. Apparemment il fallait que je me déplace juste pour ça, et évidemment ça ne pouvait pas attendre. Mais j'en profite pour faire d'une pierre deux coups." Elisha piocha un morceau de poulet sauce aigre-douce dans son assiette. Ziva écoutait attentivement la conversation, son regard passant de Lenowe à Elisha, n'ayant pas pu deviner les raisons de la venue d'Elisha ici. Elle poserait la question à Lenowe quand ils ne seraient que tous les deux. Sa sœur n'avait pas l'intention d'orienter la conversation de ce soir autour de leurs affaires familiales. "Et comment ça va, vous deux? enchaîna Elisha sans regarder aucun d'entre deux, trempant cette fois une boulette de riz dans son assiette. Ziva reposa sa canette de soda et regarda Lenowe. -Je suppose que si on est là tous les deux, c'est qu'on se supporte plus ou moins, non ? Dit Lenowe, un peu gêné -Je crois que ton frère ne perdrait pas son temps à rester avec quelqu'un s'il ne se sentait pas bien avec, et moi non plus d'ailleurs." Elisha fut décontenancée par leurs réponses, auxquelles elle ne s'attendait pas. Elle ne voyait pas son frère tomber dans la mièvrerie, mais elle comprit immédiatement qu'ils n'aimaient pas les questions sur leur couple, si l'on pouvait réellement l'appeler ainsi. "Oui, c'est pas con" marmonna Elisha, la bouche pleine. Ziva plongea sa tête dans son assiette d'œuf frit qui avait une étrange texture gélatineuse. La sœur de Lenowe fit le tour des sujets de discussion qu'elle pourrait aborder. Ziva et Lenowe. Non. Leur travail? Pas le plus adapté à l'heure de manger. La météo? Non, et puis quoi encore? Elle se dit que ni son frère ni Ziva ne lui en voudraient si elle parlait d'elle. Elisha leur raconta que son voisin de siège dans l'avion avait passé tout le vol à faire des cocottes en papier avec les emballages de tous les bonbons qu'il avait mangés, tous ceux d'un paquet, puis que les cocottes avaient repris leur liberté quand l'avion traversa une zone de turbulences. L'histoire n'était pas franchement intéressante, et Elisha obtint seulement un gloussement timide de la part de Ziva. "A quelle heure je pourrais passer te voir demain? Demanda Elisha après un long moment de silence qui n'avait cependant rien d'hostile. -Si tout se passe bien, je devrais être rentré chez moi vers six heures, si celui qui prend ma relève n'est pas en retard. Je t'appellerai pour te dire quand je sors du travail. -Et vendredi? Je dois être à l'aéroport à onze heures du soir. Au cas où tu aurais un imprévu demain. -Non, pas vendredi." Il n'avait pas oublié l'invitation de Jana, qui lui avait envoyé deux tickets pour son concert, mais il avait oublié d'en faire part à Ziva. Il se tourna vers elle. "Jana nous invite tous les deux vendredi soir. -Oh". Elle parut sincèrement intéressée, quoique un peu prise de court. Elisha visualisa immédiatement de qui son frère parlait. Elle avait rencontré Jana à plusieurs reprises, mais n'avait jamais réellement eu envie de réellement sympathiser avec elle. Les deux femmes étaient bien trop différentes, aux yeux d'Elisha. "Demain. Six heures" répéta Elisha en hochant la tête, tant pour elle que pour redemander une confirmation implicite à son frère. Elisha choisit de rentrer à l'hôtel en taxi, ce qu'elle avait prévu de faire puisqu'elle avait baladé sa valise avec elle jusqu'au restaurant. Lenowe reconduisit Ziva chez elle et décida au dernier moment, alors qu'elle s'éloignait de la voiture vers la porte de l'immeuble, de la raccompagner jusqu'à sa porte. "En quelle occasion ta sœur est-elle venue jusqu'ici? Lui demanda-t-elle. -Comme elle l'a dit à table, elle s'est rendue à New York pour son travail et en a profité pour venir ici, vu que c'était presque sur le chemin. -C'est pas très économique comme détour. Elle voulait voir si tu allais... Bien ? Ou mieux? -Ouais, peut-être. Mais c'est surtout que..." Il stoppa sa phrase. Devait-il lui dire la vérité? Il n'y avait pas avec Ziva de réplique qui permettait de la contenter et de l'arrêter de poser des questions. "Bon, ok, dit-il en écartant les bras. Il y a un problème avec notre mère, et pas un problème récent. Elisha me l'a appris il y a quelques jours, alors qu'elle avait tout le temps de m'en faire part avant. Sauf que là, c'est devenu trop problématique pour qu'elle se contente de l'ignorer." Il lui mit la main sur l'épaule. "Je sais. Tu vas me demander autre chose après. Ça attendra. Je te raconterai ça... Un autre jour. Plus tard. Pas tout de suite." Elle lui répondit par son habituel "Oh" et lui souhaita bonne nuit, l'incitant à rentrer. Elle voulait se retrouver seule. La journée du jeudi avait été la plus productive de la semaine. Elin était parvenu, avec l'insistance de Lenowe, à obtenir plus de détails sur les fréquentes visites de Andreas Martino au magasin de bricolage. Sa femme avait rappelé Lenowe dans la matinée. Elle lui avait indiqué qu'elle n'avait pas eu vent de quelconques projets de construction ou de bricolage de la part de son mari, à part deux trois bricoles impliquant un robinet qui fuyait ou une porte grinçante. Cependant, elle resta plus évasive sur la raison de son embrouille avec le fils des Wang. Il s'était aventuré un peu trop près de la cabane de jardin de Andreas, et bien qu'il eut pu comprendre qu'elle voulait peut-être l'empêcher de se blesser avec des outils ou de tomber sur une bouteille de désherbant mal fermée, il trouva sa réaction un peu exagérée, et se demanda si lors de l'enquête, les techniciens s'étaient intéressés à cette fameuse cabane. C'était un point à éclaircir; au point où ils en étaient, tout était bon à prendre, même le mauvais. Andreas Martino avait fait une dizaine de commandes chez Build It Yourself au cours des six derniers mois, et à chaque fois, il avait acheté une grande quantité de plaques en métal. Son travail de bureau et son désintérêt pour les travaux de la maison n'expliquaient pas logiquement ces achats. Lenowe s'interrogea longuement sur les potentielles utilisations d'un si grand nombre de plaques en métal, et appela Ziva pour lui demander si au cas où il pourrait y avoir un lien entre celles-ci et la mort de Monsieur Martino. Il allait raccrocher quand elle décrocha au bout de la dixième sonnerie. "Ici la morgue, puis-je vous être utile? -Si je te parle de plaques en métal, ça te dit quelque chose? Elle reconnut immédiatement la voix de son interlocuteur, légèrement voilée, marquée par un accent dont il n'avait jamais vraiment réussi à se débarrasser, et elle réfléchit un instant, passant en revue tous les éléments qu'elle avait listés jusque-là. "Andreas Martino n'a pas de plaques, ni de vis, ni quoique ce soit qui aurait résulté d'une opération à la suite d'une fracture ou... -Non, je te parle pas de ça Il a acheté trois tonnes de plaques en métal. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu fabriquer avec. Il aurait pu se couper avec, ou un truc comme ça, je sais pas. Simple idée. -Je n'ai pas relevé de coupures suspectes, mais je peux y rejeter un œil avec ça en tête, ça vaut le coup d'essayer. Si j'ai fini avant ce soir, ce qui m'étonnerait franchement, je te rappelle." Le docteur Barrows, occupé à récurer une table en inox aux tâches récalcitrantes, leva la tête vers son assistante et porta attention à la conversation, dont il n'entendait que la moitié. "Non, non, je... S'il te plaît Lenowe, deux secondes." Elle raccrocha et ouvrit la porte du tiroir dans lequel se trouvait Andreas Martino pour compléter les pièces manquantes. "Nous devons voir s'il y a quelque chose sur lui prouvant qu'il se servait de plaques en métal. Je pense que c'est inutile mais... -Tu parlais avec le lieutenant Letnara, n'est-ce pas? Lui demanda le docteur Barrows en s'attaquant à une nouvelle tâche avec son éponge. -Euh... Oui." Elle ne savait pas dans quelle direction il allait partir et décida judicieusement de ne pas essayer de se justifier, ou de se défendre avant de savoir ce dont il retournait. -Je le trouve très familier avec vous. Un peu trop entreprenant, peut-être. Cela te dérange? Tu as l'air peinée. -Non." Elle fut irritée par le fait qu'il la tutoyait. Ziva reprenait constamment Elin et quelques uns des collègues de Salomée, mais aurait préféré que lui ne l'appelle pas par son prénom et la vouvoie. Elle attendit qu'il ait fini son nettoyage pour lui demander de l'aider à sortir Andreas Martino de son sac. Ses yeux avaient été nettoyés et placés dans une jarre bien en évidence sur la paillasse. Une fois le cadavre sorti, elle continua son travail et ignora le docteur Barrows pendant qu'il vaquait à ses occupations et s'occupait de leur autre invité cette semaine, un type qui était tombé dans l'eau après une soirée un peu trop arrosée et qui avait au moins eu, dans sa mésaventure, la chance de ne pas avoir servi de quatre heures aux crocodiles ou aux poissons.
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Ven 23 Sep 2016, 16:13 | |
| Chapitre 15- Spoiler:
A six heures moins le quart, Lenowe éteint son ordinateur et récupéra ses affaires. Elin était déjà parti depuis un moment, alors il éteint la lumière et quitta leur bureau. Il allait être en retard, et Elisha allait encore le regarder de travers. On ne plaisantait pas avec la ponctualité. Lorsqu'il arriva devant son appartement, sa sœur l'attendait patiemment avec une boîte en carton sous le bras. Elle était passée derrière un habitant de l'immeuble peu soucieux qui avait oublié de claquer la porte derrière lui. "Bon, tu es enfin arrivé. J'ai apporté quelque chose pour toi" dit-elle avec un sourire à peine retenu. Il fut surpris de ne pas l'entendre lui reprocher son retard, d'autant plus qu'il ne l'avait pas prévenue. Elle sortit la boîte de roulés à la cannelle de sous son bras et l'agita devant lui. "Il est trop tard pour manger ça. -Non mais tu te fous de moi? Dit celui qui s'endort à des heures pas possibles, mange n'importe quand et se plaint d'être en permanence crevé? -File-moi ça." Il saisit la boîte et déverrouilla la porte. Il emmena Elisha dans le salon et poussa le magazine qui traînait sur la table pour faire un peu de place. "Installe-toi. Fais comme chez toi. Enfin bref. On a tout le temps pour parler." Il allait s'asseoir aux côtés d'Elisha quand son téléphone lui indiqua qu'il venait de recevoir un nouveau message. "J'ai trouvé quelque chose. Je passerai chez toi tout à l'heure. Avec à manger." Il reposa le téléphone et se frotta les yeux. La soirée promettait d'être bien longue. Lenowe se laissa tomber dans le canapé laissa Elisha parler. "Maman a recommencé à boire. Elle est incontrôlable. Je ne peux pas m'occuper d'elle, je n'ai ni le temps, ni les compétences nécessaires. Je ne veux pas impliquer Sigrid là-dedans. Tonton Matti est trop vieux pour s'occuper des conneries de sa belle-sœur." Il ne parut pas étonné. Les problèmes de leur mère étaient malheureusement une constante, et ce depuis leur enfance à tous les deux, et jusqu'à ce que sa sœur soit assez âgée pour s'en rendre compte, il avait été tout seul. Au fond de lui, il avait l'impression que la situatio ne s'était guère améliorée. "Ok. Tu veux l'envoyer quelque part où on s'occupera d'elle? Demanda-t-il -J'aimerais bien. Mais elle ne voudra pas, et même si l'argent n'est pas le principal problème, aucun de nous n'est millionnaire et on doit s'occuper de nos vies aussi. -Elle ne voudra pas... Elle n'aura pas le choix, merde!" Elisha ne répondit pas. "Tout ça pour ça? Je veux dire, c'est pas nouveau. -Elle a agressé le voisin avec une pelle. Elle l'a bien amoché, et il porte plainte. Tout le quartier est au courant". Par "tout le quartier", elle voulait dire la quinzaine de personnes qui vivait disséminés dans un cercle de dix kilomètres autour de chez eux. "Elisha." Il prit son menton dans sa main et tourna sa tête vers lui. Elle resta le bras en l'air avec un roulé à la cannelle à moitié mangé dans la main. "Tu as réussi à te débrouiller sans moi depuis que je suis parti, tu devrais pouvoir décider de quelque chose pour elle certes avec mon avis, mais sans moi pour t'épauler." Sa sœur était beaucoup plus sentimentale que lui, alors que sa mère ne lui inspirait que de la rancune. Elisha l'appelait toujours "Maman" lorsqu'elle parlait d'elle. Pas lui. C'était une étrangère. Et leur père avait abandonné Lenowe et sa toute petite sœur. Il était au courant de tout. Aurait pu les prendre avec lui et les éloigner de leur mère. Aucun d'entre eux n'avait eu de nouvelles de lui depuis un soir où il n'était jamais revenu à la maison pour les mettre au lit. Leur mère leur avait raconté qu'il avait eu un accident, qu'il était mort, et avait cru bon d'ajouter des détails sordides avec le plus de naturel possible. Lenowe et Elisha savaient par intuition que c'était faux. Et il n'y avait jamais eu d'informations concernant un tel accident, avaient-ils découvert après de rapides recherches; leur dire la vérité n'aurait certes peut-être pas été plus bénéfique, mais pour une fois dans sa vie, leur mère aurait fait quelque chose d'honnête. Lenowe avait abandonné l'idée de retrouver son père, et il lui importait peu. "Tu es donc d'accord pour que je la place quelque part. -Absolument." Il n'en avait rien à faire. Ne voulait pas avoir quelque chose à faire dans l'histoire. A part Elisha, et sa famille du côté paternel qui avait eu la bonté de prendre soin d'eux, il reniait tout le reste de sa famille, sa mère en tête du classement. Il tournait le dos à tout ce qu'elle représentait. "D'accord. Je m'en occuperai en rentrant à la maison." Ils discutèrent encore un peu de la situation. Lenowe laissa sa sœur parler, agréant de temps à autre avec sa sœur par un "Hmm hmm" à peine audible. Elle regarda l'heure et se dit qu'il était temps de rentrer. Il ne lui proposa pas de rester manger; elle se dit qu'il ne valait mieux pas qu'elle s'invite chez lui. Lenowe ne pouvait arrêter de se répéter "Quelle perte de temps. Elisha aussi déconne complètement." Il s'endormait dans son canapé lorsqu'on frappa à la porte. C'était Ziva. Après la discussion avec sa sœur, il n'avait pas spécialement envie de la voir, mais parler de l'enquête le ferait penser à autre chose, et si elle lui réclamait ce qu'il lui avait promis, il pourrait passer rapidement à autre chose. Elle l'accueillit avec un sac en papier portant l'adresse d'un restaurant japonais en bas de sa rue. "Pour ce qui est du repas diététique et fait maison, on s'en passera pour ce soir" dit-il en souriant. Il partit dans la cuisine et alla chercher des assiettes. Ziva s'installa dans le canapé, là où il était installé depuis tout à l'heure. Les oreillers étaient encore tous chauds. Elle ne put s'empêcher de remarquer la carte d'embarquement et la poignée d'euros qui se baladaient sur la table, à côté de la boîte de roulés à la cannelle semi-industriels qu'avait apporté Elisha. Elle se leva pour voir la carte plus près. Il portait effectivement le nom de Lenowe. Elle se rassit brusquement en voyant le revenir de la cuisine. "Tu as trouvé du nouveau?" Lui demanda-t-il en déballant les gyoza aux légumes de leur sachet. Parler de l'enquête en cours, en n'omettant pas de mentionner les détails les plus croustillants, alors qu'ils étaient en train de manger ne les dérangeait plus. "Oui. J'allais laisser tomber quand j'ai revu l'analyse de ses yeux qu'on a gardés précieusement dans un bocal. Il y avait de minuscules particules de métal dedans. C'est le docteur Barrows qui s'en est occupé, et il a supposé que la profession de cet homme impliquait manipuler du métal. Ça m'a sauté aux yeux après que tu m'en aies parlé. Il bricolait bien du métal pendant son temps libre. Ne me fais pas de blagues foireuses, s'il te plait." Il faillit s'étouffer en avalant son gyoza. "Pour résumer: les voisins n'y sont pour rien. Les collègues non plus. Pour la femme, ce n'est pas sûr, mais je ne pense pas. Le mystère du magasin de bricolage n'est qu'à moitié résolu. Il faut trouver ce qu'il foutait avec tout ce métal. L'histoire des yeux au plat reste incompréhensible. La cabane à jardin n'a rien donné. Elle est vide, mais on dirait que quelqu'un a fait un peu de ménage récemment, il y a une grande table de travail totalement vide alors que le reste des étagères est un foutoir complet. -Ton bureau est un foutoir complet, et ton appartement est tellement bien rangé que ça en fait flipper. Je dis ça, je dis rien... le taquina-t-elle -Et pourquoi les médicaments contre le rhume alors qu'il n'avait pas de rhume? -Je suppose que le ou les meurtriers ont pris ce qui leur tombait sous la main. -Ils ont eu le temps de rentrer dans la maison, fouiller, maîtriser Martino et le tuer tout ça entre le moment où sa femme est partie à l'école et celui où elle est revenue à la maison? S'enquit Lenowe, perplexe. D'autant plus que s'ils ont pris ce qui leur tombait sous la main, ça souligne un gros manque d'organisation. -Je ne vois pas d'autre explication." Le sachet de gyoza était maintenant vide. Ils s'attaquèrent aux pâtisseries qui restaient sur la table. "Il serait dommage de les gâcher, non?" Soutint Lenowe. "Tu devais aussi m'expliquer pourquoi Elisha est venue." Il perdit son enthousiasme à dévorer les roulés à la cannelle et changea de ton. "Oui, oui... Je reviens dans dix secondes." Il se leva et partit dans la cuisine, emportant avec lui les assiettes sales et les sachets en papier vides. Ziva entendit une porte de placard s'ouvrir et un bruit de verre qui en cogne un autre. Lenowe revint avec deux verres dans une main et une bouteille de whiskey dans l'autre. "Je présume que ce que tu t'apprêtes à raconter est tellement énorme que tu as besoin d'un petit remontant ou de quelque chose pour oublier que tu m'auras parlé. -Exact" marmonna-t-il entre ses dents. Il déboucha la bouteille neuve et servit deux verres. "Elisha est venue me voir parce que notre mère a fait des conneries." Il prit une gorgée de whiskey. "Elle a agressé un voisin, et Elisha veut la faire soigner. Elle a quelques problèmes de boisson, rien de nouveau (Ziva le vit avec son verre à la main et eut un rire nerveux), mais Elisha n'a rien voulu me dire plus tôt parce qu'elle savait très bien comment je réagirais. J'en ai rien à foutre. Je ne veux plus entendre parler de ma mère. Encore moins la revoir. Je crois que c'est-ce qu'Elisha veut. Que je revienne à la maison pour lui parler. Elle l'a pardonné de trucs qu'elle nous a fait et que moi je ne lui ai certainement pas pardonnés." Il reprit une lampée et laissa le goût imprégner sa bouche avant de continuer à parler. "Notre mère ne s'occupait jamais de nous, pour faire simple. Je veux pas raconter une histoire larmoyante, ni qu'on me regarde avec pitié. Elle était jamais à la maison, elle était toujours à droite, à gauche, je sais pas trop où, mais elle était pas à la maison. Elle ne bossait pas, en plus. C'est moi, le gamin de six ans, qui me suis occupée d'Elisha. Avant sa naissance, il y avait mon père, qui s'occupait très bien de moi. Il savait ce qui se passait avec ma mère, il savait qu'elle m'ignorait complètement. Je lui en ai voulu de ne pas m'avoir pris avec lui et de s'être barré, plus tard. Peu après qu'Elisha soit née, il s'est évaporé. Ma mère m'a dit qu'il avait eu un accident de voiture, qu'il avait eu les membres arrachés, et j'en passe. C'est des conneries. Je sais pas où il est. Heureusement, sa sœur, ma tante donc, a pris soin de nous, même si elle ne voulait pas se mêler des affaires de notre mère qui considérait qu'elle était tout à fait exemplaire et qui s'en est plus d'une fois prise à sa belle-sœur parce qu'elle s'occupait de ce qui ne la regardait pas." Lenowe finit le verre d'une traite alors que Ziva avait juste entamé le sien, et s'en resservit un autre. "Je n'ai rien à voir avec elle. Tout ce qui représente son côté de la famille ne représente rien pour moi. Je ne veux rien savoir. C'est pour ça que j'ai décidé de partir loin, très loin (il écarta à nouveau les bras). Ma mère est finno-suédoise, et juste à cause d'elle, j'ai ce pays en horreur. C'est pour ça qu'Elisha et moi parlons anglais tout le temps. Mon père est... était... suédois, et quand j'en ai eu assez de ma mère et de ses conneries et que j'étais assez grand, je suis parti chez ma tante et mon oncle qui habitaient de l'autre côté du golfe de Botnie. Je me suis rendu compte que ce n'était toujours pas assez loin, après avoir envisagé de partir chez une autre partie lointaine de la famille, en Suisse, alors je suis venu ici. Mais apparemment, nulle part n'est assez loin, on dirait. J'en ai aussi profité pour barrer tout ce qui avait attrait à la famille alors que j'avais pensé, à un moment donné, que c'était ça qui comptait. 'Fin, pas pour tout le monde, visiblement. " Il avait déjà fini son deuxième verre, et Ziva était restée à l'écouter religieusement. "Merci" souffla-t-elle. Son histoire lui parut légèrement cousue de fil blanc sur les bords, et il n'expliquait toujours pas ce qu'il avait fait depuis la fin du mois de juin, mais elle n'était plus à une incohérence près. Ils se tinrent tranquilles pendant un long moment, contemplant le silence seulement dérangé par le bourdonnement du lave-vaisselle en marche dans la pièce derrière le mur. Lenowe descendit encore un ou deux verres alors que le niveau de la bouteille baissait sérieusement. Il se pencha vers Ziva, qui s'occupait les mains avec le bouchon de la bouteille de whiskey qu'elle faisait tourner entre ses doigts. "Ta chemise est mal fermée. Je vais t'aider... A la rattacher." Les boutons de sa chemise étaient parfaitement bien mis. Elle ne s'affligea pas de son flagrant manque de subtilité – la finesse et la délicatesse n'étaient pas dans ses habitudes non plus – et le laissa faire. Constatant qu'elle ne réagissait pas, il détacha un à un les boutons d'une main, en partant du bas. A mesure qu'il montait, Ziva remarqua que l'odeur entêtante de cannelle et de whiskey se faisait plus forte. Elle souriait, les sourcils froncés. "Je crois que ta ceinture aussi est mal attachée. Laisse-moi arranger ça." Elle ouvrit doucement les yeux et se retourna sur le lit. Il faisait déjà jour: l'agréable lumière orangée de l'aube avait été remplacée par la clarté aveuglante du jour, et la chaleur agressive du soleil se faisait déjà ressentir dehors. Ziva constata qu'elle n'avait pas eu une nuit de sommeil complète depuis longtemps; elle ne s'était pas réveillée alors qu'il restait à peine une heure avant qu'il soit l'heure de se lever. Le matelas de Lenowe était décidément plus confortable que le sien. Il faisait presque froid dans la chambre climatisée, et tout l'appartement était silencieux. Elle n'entendait que le bruit de sa propre respiration et le froissement des draps. Elle enfila le sweat deux fois trop grand pour elle enroulé autour de ses épaules et s'assit sur le lit. "Lenowe?" Pas de réponse. Pas un seul bruit. Ziva se leva et se dirigea vers la cuisine, seulement vêtue du sweat trop grand de Lenowe et de ses sous-vêtements dépareillés. Alors qu'elle approchait, on recula une chaise sur le carrelage. "Oh, je... -Qu'est-ce que... bondit elle en serrant contre elle le sweat qui ne descendait pas plus bas que la moitié de ses cuisses nues. C'est quoi ce bordel?"
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 22 Oct 2016, 11:33 | |
| Chapitre 16- Spoiler:
Ziva ne s'attendait pas à tomber nez à nez avec quelqu'un d'autre que Lenowe, surtout à une heure si matinale. Elin mit les mains en l'air et se confondit en excuses, la voyant particulièrement embarrassée. Sur l'instant, elle ne chercha même pas à se demander ce qu'il faisait là. "Pardon pardon pardon... Lenowe est parti chercher quelque chose dans sa voiture. J'ai trouvé un élément déterminant pour l'enquête, je passais juste voir si... begaya-t-il -Ça fait rien" assura-t-elle. Elle retourna dans la chambre à reculons et se rhabilla en vitesse. Elin n'était pas complètement stupide; elle ne pourrait pas lui faire croire que les oreillers du canapé étaient éparpillés dans le salon parce que Lenowe et elle avaient fait une innocente bataille de polochons avant de s'écrouler de fatigue sur le lit. La porte d'entrée s'ouvrit et Lenowe passa devant la chambre avec une caisse en carton sous le bras. Elin s'excusa à nouveau auprès de lui et Lenowe comprit en voyant Ziva, habillée cette fois, debout sur une chaise en train de chercher quelque chose dans un placard. "Que les choses soient bien claires, tu ne l'as jamais vue ici, d'accord? Lui demanda très sérieusement Lenowe. -Oui." Elin hocha la tête, gêné, et s'éclaircit la voix. "J'ai découvert tard hier soir que Mr Martino possédait un box de stockage juste à côté du magasin de bricolage. Je pense qu'il serait plus qu'intéressant d'aller y jeter un œil, d'où ma visite un peu matinale." Quand Elin avait décidé qu'il voulait quelque chose, rien n'aurait pu l'en empêcher. Et le plus tôt possible était préférable. Lenowe se frotta les yeux. "Ouais, on ira tout à l'heure, marmonna-t-il. Les deux lieutenants de police ne passèrent à leur bureau que pour récupérer d'autres collègues au passage avant de partir en direction du magasin de bricolage. Après avoir tourné autour du pâté de maison, ils trouvèrent l'entrée de l'entrepôt de stockage chez qui Andreas Martino louait un box. Lenowe, Elin et un officier en uniforme avec qui ils avaient déjà travaillé à un moment donné allèrent tout droit vers le bâtiment au toit en tôle alors que les deux autres qui les accompagnaient cherchaient le responsable des lieux afin qu'il leur donne une clé. Encore une idée d'Elin; Lenowe avait insisté pour aller chercher une clé en premier. "On cherche le 217" dit Elin. Sa voix résonna dans le hangar. Au fond, un panneau indiquait la direction à suivre. Ils déambulèrent dans des couloirs à n'en plus finir, firent demi-tour plusieurs fois, et trouvèrent finalement le box de Mr Martino. Un collègue qui avait trouvé le chemin plus rapidement leur passa la clé accrochée à un anneau sans porte-clés, et repartit. Ce fut Elin qui se chargea d'ouvrir la porte peinte en rouge qui ressemblait à toutes les autres qui longeaient le mur en enfilade. La lumière s'alluma automatiquement lorsqu'ils passèrent le seuil. Au fond, un empilement de boîtes en carton, toutes fermées. Vides ou pas, c'était à déterminer. Sur le côté gauche, les pieds d'une table dépassaient de sous une bâche verte dissimulant un objet volumineux. En face, un diable couché sur le sol en ciment poussiéreux, quelques bidons vides, et plusieurs rouleaux de papier-bulle. Lenowe rejoignit le fond de la pièce en deux enjambées et retira la bâche, en ayant pris soin d'enfiler des gants. Il se figea, ahuri. Il ne savait pas à quoi s'attendre, mais il aurait plus imaginé de banals outils de bricolage. "Qu'est-ce que c'est? Lui demanda Elin -On dirait une machine pour fabriquer des plaques d'immatriculation." Il attrapa une plaque en métal sur le dessus d'une pile et l'examina. "Des fausses, bien entendu. -Qui s'amuserait à fabriquer autant de fausses plaques? Regarde la quantité de cartons prêts à être envoyés autour de nous. -Ça explique les achats de plaques en métal chez Build It Yourself. Il aurait au moins pu prendre une carte de fidélité. -Il faut qu'on aille récupérer les caméras de surveillance. J'espère qu'il y en a, et s'il y en a, qu'elles marchent". Lenowe n'avait pas l'impression que cette entreprise faisait dans le haut de gamme et apportait un grand soin à leurs prestations; il n'aurait pas été surpris d'apprendre que la télésurveillance n'en faisait pas partie. "Je continue à fouiller, voir s'il y a autre chose. Sors et va demander aux autres de se ramener, et d'appeler une équipe compétente" dit Elin, qui avait sorti des gants en cuir de sa poche et commença à ouvrir un des cartons. A l'intérieur du box planait une odeur de renfermé, mais il y faisait relativement frais, comparé à l'air extérieur étouffant. Lenowe eut à peine fait cinq mètres vers la sortie qu'il sentait déjà son t-shirt lui coller désagréablement à la peau du dos. Il stoppa net en entendant la voix de l'officier qui les accompagnait résonner dans le couloir. "Lenowe! Elin! Venez ici, il y a un problème" Lenowe râla. Il n'avait aucune idée de la direction qu'il avait prise, et n'avait aucune idée du problème dont il était question. Il courut dans la direction inverse et croisa Elin, l'air penaud, qui regardait à droite et à gauche devant la porte du box encore ouverte. "Jimmy est parti par là. Il a vu quelqu'un qui s'est enfui lorsqu'il l'a aperçu. -Ce mec se fout de nous, ou il est sérieux? -Je vais aller le chercher, va dans l'autre sens. C'est un foutu labyrinthe ici. -Mais merde, qui viendrait ici à neuf heures du matin nous emmerder le jour où on a décidé de venir?" Lenowe grogna et revint sur ses pas. La section du couloir dans laquelle il passa était plongée dans le noir. La seule lumière qui fonctionnait encore était la loupiote verte qui indiquait la sortie de secours. Il erra dans le passage et tomba dans un cul-de sac. Il jura et s'adossa au mur, sortant son téléphone de sa poche. Pas de réseau. Il n'avait pas apprécié sa dernière chute dans les escaliers et ne tarderait pas à rendre l'âme. Lenowe reprit son calme et essaya de retrouver le chemin. Il se souvenait bien avoir passé cette porte coupe-feu avec une grande éraflure sur la peinture du battant gauche. Il lui sembla apercevoir par la lucarne une tête de l'autre côté de la porte, puis plus rien, et la lumière automatique s'éteint, signifiant qu'il n'y avait personne. Il continua à marcher vers la porte et s'immobilisa en entendant du bruit. "Elin?" Pas de réponse. Il n'avait croisé absolument personne, et jugea que rares étaient ceux qui viendraient un vendredi matin si tôt faire du rangement. Et d'après lui, l'emplacement de Mr Martino n'était même pas de ce côté. Il tendit l'oreille, attentif. Non, il était bien seul. Et il était surtout passablement irrité d'être à moitié perdu dans un entrepôt qui se transformait peu à peu en fournaise. Il essuya ses mains moites sur son jean et releva la tête. Il aurait juré avoir entendu un son bien familier. Celui du cran de sécurité d'une arme semblable à celle qu'il portait à la ceinture. Il était improbable qu'il s'agisse de quelqu'un d'autre que Elin ou Jimmy, se dit-il. "S'il te plaît, arrête tes conneries !" S'écria-t-il suffisamment fort pour être entendu. La lumière de l'autre côté de la porte se ralluma et il vit réellement par la partie vitrée de la porte une touffe de cheveux filer sur le côté pour se cacher. Cheveux qui n'appartenaient ni à Elin, ni a Jimmy. Et aucun des deux, ni aucun des autres collègues qui les accompagnaient, ne se serait amusé à faire ce genre de blagues, surtout avec lui qui n'était pas réputé au commissariat pour son sens de l'humour, mais plutôt pour son aridité. Il attendit deux minutes, statique. Il respirait de la manière la moins discrète qui soit, mais son dos et ses cheveux étaient maintenant trempés, et il sentait la sueur dégouliner sur ses sourcils. La lumière ne s'éteignit toujours pas en face. Il y avait donc quelqu'un qui activait le détecteur de mouvement de l'autre côté de la porte. Il n'avait entendu aucun box être ouvert ou fermé, et si quelqu'un était entré ou sorti, il aurait été mis au courant par le vacarme. Lenowe jeta un œil furtif par la vitre. Il ne vit rien à part le couloir et une porte donnant sur l'extérieur, verrouillée par un cadenas et une chaîne, allant à l'encontre même de la définition de "sortie de secours". Il patienta encore un peu, dissimulé dans l'angle entre le mur et la porte, et sortit son arme de son étui, la pointant devant lui, prêt à presser doucement le battant de la porte. Il se dit qu'il se sentirait particulièrement stupide lorsqu'il se rendrait compte qu'il n'y avait personne avec lui et qu'il devrait probablement cesser de céder à ses accès de paranoïa. Il allait compter jusqu'à trois et pousser la porte lorsque la porte s'ouvrit brutalement sur lui, le projetant dos au mur.
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 22 Oct 2016, 13:04 | |
| Arrghlll !!! La suiiiiiiiiiiiite ! Bon je vais essayer un commentaire plus constructif : j'adore ! Tu manies le suspens de façon hallucinante, j'adore tes personnages à vif, j'adore que tu les dévoiles / qu'ils se dévoilent l'un à l'autre, dans cette pudeur teintée d'agressivité si réaliste, j'adore tes images, j'adore TOUT !!! |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Jeu 10 Nov 2016, 17:58 | |
| Là voilà la suite ! Chapitre 17- Spoiler:
Lenowe avait le vague souvenir d'avoir vu l'officier Jimmy Hayes penché au-dessus de lui, répétant "Je suis désolé, désolé, désolé" et d'avoir été conduit jusqu'à la sortie par un autre officier qu'il n'avait jamais vu. La lumière éblouissante lui fit retrouver ses esprits. Il se rendit compte en passant le dos de sa main sur son visage qu'il saignait copieusement du nez et qu'il sentait pouls sur le haut de sa joue gauche. Lenowe constata avec étonnement qu'une autre voiture de patrouille, un fourgon et une ambulance s'étaient ajoutés au véhicules sur le parking. Un ambulancier l'examina malgré ses protestations, lui recommanda à deux reprises de ne pas trop s'agiter et de rester au calme pendant un petit moment, et le laissa avec un pain de glace qui n'allait pas être efficace très longtemps compte tenu de la température extérieure. L'officier Jimmy Hayes s'approcha de lui. "J'ai cru que tu étais ce mec qui s'est enfui dans le couloir en me voyant tourner autour du box de Martino. Je suis sincèrement désolé de t'avoir foutu un coup de porte. Je... -Ça arrive, Jimmy" dit Lenowe. Il prit sur lui se retint de lui faire savoir ce qu'il pensait réellement en l'insultant. "Où est-il passé? -Il s'est taillé, avoua Jimmy." Lenowe ne répondit pas et retourna le pain de glace sur son visage. Une femme fluette vêtue d'un jean et d'une chemise à carreaux marcha vers l'ambulance à petits pas quand Jimmy se fut éloigné pour parler au capitaine. "Bravo, lui dit-elle. -Qu'est-ce que tu fais ici, Ziva? Lui demanda-t-il sans la regarder. -Elin a trouvé quelque chose dans un carton. Des yeux, dans un bocal. Je dois aller voir s'il y en a d'autres, et les ramener pour voir combien il y en a. -Ah, je vois. Il fronça les sourcils. -Ça fait mal, hein, dit-elle avec un sourire narquois. Lenowe fut peu amusé par sa remarque. Elle le regarda d'un air navré et partit chercher une combinaison et des gants dans la camionnette garée derrière. Elle passa un peu plus d'une heure à déballer les cartons, assistée par un autre technicien un peu trop bavard à son goût, qu'elle laissa parler sans l'écouter. Ils alignèrent au total quatre vieux bocaux à conserve, relativement petits, contenantchacun une paire d'yeux, qui avaient été conservés avec soin; il était donc impossible de dire à vue d'œil depuis quand ils étaient là. Les autres caisses ne contenaient que des fausses plaques d'immatriculation de Louisiane et d'autres états voisins uniquement. Ils ne les avaient pas comptées, mais il devait très certainement y en avoir plus de deux cent. Une fois que toutes les boîtes eurent été ouvertes et que Ziva eut vérifié qu'il n'y avait pas d'autres restes humains ici, elle laissa ses collègues tout sortir et emmener jusqu'au camion. Sur le parking, Lenowe se disputait vivement avec Elin et le chef de la police du comté de Twinbrook qui lui avaient gentiment proposé de rentrer chez lui. Il était parti en titubant vers sa voiture, et Elin l'avait attrapé par le col pour l'empêcher de conduire. "Eh, tu t'es pris un sacré coup à la tête. C'est pas du tout une bonne idée de conduire. -J'ai connu pire. Laisse-moi, Elin ! Brailla-t-il -Non, certainement pas. Descends de là, je te ramène chez toi." Elin fut désespéré par l'obstination de son collègue, qui finit par accepter de le laisser prendre le volant, mais qui insista pour retourner au bureau. Les quatre bocaux découverts dans le box ainsi que la cinquième paire appartenant à Andreas Martino étaient disposés côte à côte sur la paillasse de la morgue. Le docteur Barrows avait chargé Ziva de les examiner pendant que lui rédigeait le rapport sur leur autre invité de la semaine, le noyé: ils en avaient tiré la conclusion qu'il était tombé dans le canal après une soirée un peu trop arrosée. Ils avaient repêché un portefeuille dans les berges qui avaient permis de l'identifier. C'était un étudiant en dernière année à l'université de Twinbrook, qui recevait des notes plutôt passables mais acceptables, et un type qui ne faisait pas parler de lui aux dires de ses camarades. Le genre de tragédie qui n'avait rien d'exceptionnel ici. Ses parents pourraient venir le récupérer très bientôt. Ziva ne se pencha sur les quatre paires d'yeux qu'après la pause déjeuner. Elle avait croisé Salomée qui avait eu vent de la mésaventure de Lenowe, et lui avait dit en toute sincérité qu'il avait une part de responsabilité et qu'il ferait bien de réfléchir avant d'agir afin d'éviter que cela ne se reproduise. Et elle avait mis fin à la conversation en allant mettre son assiette vide au lave-vaisselle et en redescendant au sous-sol. L'assistante du médecin légiste ne put en apprendre beaucoup sur les yeux du bocal numéro un. Elle fit quelques prélèvements qu'elle ferait déposer au laboratoire. Cependant, elle remarqua qu'un des yeux qui flottaient dans le bocal numéro deux était un œil de verre. Ziva jugea qu'il y avait suffisamment peu de gens qui portaient ce genre de prothèses pour que retrouver son propriétaire ne soit pas une tâche trop difficile. A cinq heures et demie, elle remarqua que la blouse du docteur Barrows était accrochée au portemanteau et que l'ordinateur du bureau était éteint. Elle remis les yeux dans leur bocaux, les referma, puis se prépara à rentrer chez elle. Au milieu du chemin, elle reçut un message de Lenowe lui rappelant leur concert de ce soir. Il était tout de même déterminé à y aller malgré les recommandations qu'on lui avait faites de rester tranquille. Il lui restait une heure avant qu'il ne passe la chercher, juste le temps qu'il lui fallait pour rentrer et prendre une douche. Jana et son groupe les attendraient dans un bar à deux pas de la salle de concert, en centre-ville. Ziva vivait dans cette ville depuis presque quatre ans, mais elle aurait été tout à fait incapable d'y aller sans vérifier un plan avant. Elle sortait à peine de la salle de bains qu'elle entendit l'interphone. Lenowe n'avait pas l'intention de monter, mais plutôt d'attendre dans la voiture, garé devant la porte, devant le panneau "Parking interdit". Il était en train de tourner les boutons de l'autoradio quand elle ouvrit la portière et s'installa. "Oh, encore toi" ironisa-t-il. Il jeta un œil dans le rétroviseur et s'engagea sur la route. Il avait le visage tourné vers la fenêtre mais elle devinait son œil gauche boursouflé et sa joue d'un bleu violacé. Si cela n'avait tenu que d'elle, elle l'aurait emmené de force voir un médecin. Mais même s'il s'était coupé une phalange en épluchant des légumes, il aurait persisté à dire que tout allait bien. La radio ne captait plus rien et n'émettait qu'un bruit de friture. Il appuya impulsivement sur le bouton OFF. "Tu as écouté la chanson que je t'ai envoyé?" Demanda Lenowe -J'ai écouté l'album entier. -Et ?" Elle rassembla ses pensées un moment. "Quelques riffs accrocheurs, Jana se démerde pas mal du tout. Il n'y a que quelques chansons dans le lot qui se démarquent réellement. Solos assez modestes mais qui tiennent la route et qui ont le mérite de ne pas être pompeux – leur guitariste tient quelque chose. Par contre, la basse manque clairement d'inventivité et il n'y a rien de plus que deux accords balancés par-ci par-là. Les rythmiques sont trop répétitives et n'exploitent pas assez les compétences de leur batteur qui a pourtant l'air de bien cacher son jeu." Il n'attendait pas d'elle qu'elle se lance dans une analyse détaillée et la stoppa avant qu'elle ne continue. Un simple "Ouais, pas mal du tout" ou juste "C'est pas mon truc" lui auraient amplement suffi et il ignorait qu'elle était si calée sur le sujet; à vrai dire, il lui avait toujours semblé que Ziva ne portait pas un grand intérêt à la musique en général, mais il l'avait parfois surprise fredonnant le refrain aux paroles peu élégantes de la chanson qu'il écoutait sur le moment et que d'autres non-initiés auraient considéré comme une véritable agression auditive. Un discret sourire de satisfaction se dessina sur son visage meurtri. Après avoir redémarré au feu vert, Lenowe prit une rue à droite et se gara sur le côté d'un gros cube en béton, derrière deux camionnettes noires qui portaient des plaques d'un autre état. Juste en face, une pancarte indiquait un bar-restaurant qui se targuait d'élaborer les meilleures hamburgers de la ville. Ziva en déduisit à la longue file d'attente devant le bâtiment gris qu'il s'agissait de la salle de concert. Lenowe sourit à nouveau en apercevant le défilé de vestes en cuir et de longues tignasses et rentra dans le restaurant sans trop regarder devant lui. Une grande femme aux cheveux châtain méchés de blanc coupés au carré s'avança à grandes enjambées vers eux. Elle s'arrêta net devant Lenowe et le dévisagea. "Qu'est-ce qu'il t'est arrivé? Lui demanda Jana -Je me suis pris une porte. Fin de l'histoire. -Ouch... Venez, on est assis au fond." Elle salua chaleureusement Ziva et les invita à la suivre jusqu'au fond du restaurant bondé. Le délicieux arôme des épices et de la viande grillée flottait dans l'air. Les trois autres membres du groupe installés sur les fauteuils du fond avaient déjà attaqué leur pinte de bière, mais n'avaient pas touché aux nachos et aux ailes de poulet qui trônaient sur la table. "Je vous présente Ziva et Lenowe, nos deux special guests de ce soir." Ils se firent tous les quatre un grand plaisir à les accueillir, et Jana les fit s'asseoir. Elle les consulta rapidement et demanda au serveur deux bières supplémentaires. "Ils sont déjà au courant de qui vous êtes" assura Jana en riant. Elle fit le tour de la tablée. "Je ne vous présente pas Blackie, ricana-t-elle. Au bout, il y a Hauni, guitariste, et juste à ma droite, Daven, batteur." Elle s'adressa maintenant à Lenowe. "Je pense que vous deux avez plus d'une chose en commun. C'est même certain." L'abondante chevelure dorée du batteur était plus longue que celle de tous les autres membres du groupe, même féminins, et aurait fait plus d'une jalouse. Ses yeux et ses pommettes marquées rendaient vaine toute tentative de renier ses origines. Il adressa un grand sourire à Lenowe et lui tendit la main. "Je suis très content de rencontrer mon prédécesseur dont Jana m'a raconté tant de bien -Je suis également content de rencontrer mon successeur que Jana a plutôt bien choisi" dit-il en regardant sa vieille amie d'un œil complice. Daven eut l'oreille assez aiguisée pour discerner son accent. "Svensk?" Lui demanda-t-il Lenowe eut l'air surpris. "Finnsvensk -Åh. Mycket intressant." Blackie ne put s'empêcher d'interrompre soudainement la conversation en demandant à Lenowe pourquoi la moitié de son visage avait doublé de volume. Il lui raconta rapidement l'histoire de la porte et répondit à une question de Jana. Hauni, assis dans son coin, avait commencé à dévorer les nachos au fromage un par un et n'avait guère dit un seul mot, la tête baissée et ses cheveux lui tombant devant les yeux. Il était visiblement très intéressé par l'étiquette de sa bouteille de bière qu'il essayait de décoller avec un ongle cassé. Ziva, assise à côté, remarqua les os tatoués sur ses mains, dont la couleur s'estompait légèrement, et qui n'étaient pas vraiment anatomiquement corrects. Les discussions mêlées allaient de bon train – seulement interrompues à un moment lorsque Blackie eut la fantastique idée de voir quelle quantité de sauce au piment habanero elle pouvait mettre sur une aile de poulet, puis qu'elle s'étouffa et devint écarlate. Jana était bien trop curieuse pour ne pas demander à Lenowe ce sur quoi il travaillait en ce moment. Elle fut émerveillée par l'histoire des yeux au plat, et plaisanta en disant que ce serait une super idée de chanson. Daven n'avait pas cru Ziva lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle était médecin légiste, mais il trouvait cela sincèrement intéressant. Hauni avait cessé de dévorer les nachos, dégoûté, et il l'avait gentiment suppliée de parler d'autre chose. Le batteur parlait trop vite et les bruits de fond la dérangeaient, ce qui fit qu'elle ne comprit pas tout ce qu'il lui disait, mais il lui parut très charmant. Ensuite, Blackie fit (à nouveau) dévier la conversation en demandant à Ziva son secret pour empêcher que la couleur de ses cheveux ne ternisse. Elle fut très embarrassée et esquissa un début de réponse très vague, mais la sonnerie du téléphone de Jana la sauva. La chanteuse avait passé la soirée à regarder discrètement son téléphone, au cas où un membre de leur équipe aurait essayé de la contacter. Elle ordonna à Blackie de se taire immédiatement et lui chuchota un mot avant de répondre. "Je t'écoute, Yuri." A sa voix, son interlocuteur semblait préoccupé. Un masque tomba sur le visage de Jana qui perdit immédiatement son sourire. "Quoi? C'est quoi ces conneries? Yuri, qu'est-ce qui est arrivé?" Jana resta au téléphone encore quelques minutes, puis le reposa, l'écran face à la table. Elle parla à voix basse. "Un des techniciens du groupe qui devait faire la première partie a été retrouvé mort sur la scène. Le concert est annulé, et la police est en chemin. Yuri veut qu'on aille le rejoindre tout de suite. Il y eut un moment de confusion. Chacun regardait son voisin, incertain d'avoir bien compris ou non. Lenowe rompit le silence. "Comment ça? -Je suppose que tu vas venir avec nous." Jana soupira et jura. Ils sortirent sans un mot du restaurant après avoir payé - et après que Hauni et Blackie aient avalé cul sec le fond de leur verre. En face, devant la sortie de secours du cube en béton, deux hommes vêtus d'un t-shirt "Band crew" discutaient, l'air grave. Jana partit devant, traversant la rue sans regarder, et marcha vers eux. Ziva et Lenowe étaient restés sur le trottoir, entre la terrasse du restaurant et le bitume. Elle allait lui demander s'il comptait rester immobile ici ou agir lorsque son téléphone sonna. Un numéro qu'elle n'avait pas enregistré s'afficha sur l'écran. "Bonsoir Ziva, dit une voix masculine qui était celle d'un autre employé de la morgue. Le docteur Barrows est déjà parti en week-end, donc je t'appelle parce qu'il y a du boulot au 734 Birch Avenue, à l'intersection de la 3eme avenue." Elle leva la tête et chercha le panneau indiquant la rue. "Adrian, je suis juste en face. Je présume que tu vas toi aussi te déplacer, alors récupère ma boîte sur l'étagère derrière le bureau et on se voit tout de suite -Pas de problème". Le technicien ne lui posa pas plus de questions et raccrocha. Une longue dizaine de minutes plus tard, deux voitures de police se garèrent juste derrière la voiture de Lenowe, sur des places normalement réservées aux pompiers. Quant à lui, personne ne l'avait appelé. Il reconnut les deux officiers qui sortirent de la voiture et leur fit signe. Il leur expliqua rapidement qu'il était dans le restaurant d'en face avec le groupe qui était censé jouer lorsque la chanteuse de celui-ci avait reçu un coup de fil. Ils plaisantèrent en lui disant que ce n'était décidément pas son jour et reprirent leur sérieux. "Le pyrotechnicien ou quelque chose comme ça a été retrouvé mort. Sérieusement brûlé. Personne n'a rien vu, les seules autres techniciens présents étaient dans la régie ou dans la pièce où ils rangent les instruments. Enfin bref." Le collègue que Lenowe reconnut comme celui prenant sa relève le lundi et le jeudi les emmena tous les deux vers la scène en passant par les coulisses. Jana et Blackie parlaient avec leur manager et à l'autre bout du couloir, quatre autres hommes quasi identiques habillés en noir de la tête aux pieds et les bras couverts de tatouages, des vestes en jean râpées et sans manches sur le dos, écoutaient un officier en uniforme qui les maintenait à distance de la porte menant à la scène. "C'est l'autre groupe, pour lequel la victime travaillait" indiqua le collègue lorsqu'ils passèrent devant eux et se faufilèrent derrière la porte. Une partie de la salle était allumée, mais la scène était plongée dans le noir. "Désolé pour l'inconvenance, apparemment il y a eu un problème électrique et il n'y a plus de lumière ici." leur dit un policier en costume-cravate mal taillé. Ziva reconnut Adrian qui attendait, une mallette en gros plastique dans chaque main. Elle le débarrassa et se baissa pour analyser la situation. Quelqu'un avait déjà dissimulé le corps sous un drap, mais elle sentait l'odeur pesante de chair calcinée et de fumée. Éparpillés juste à côté se trouvaient une petite sacoche en toile noire et une télécommande à moitié fondue dont les piles avaient roulé à deux mètres de là suite à la chute. L'homme devait la tenir dans sa main. "John Moore, trente-quatre ans, pyrotechnicien pour le groupe Brainfreeze depuis cinq ans. Est originaire de l'Ohio." Lenowe la surprit en surgissant derrière elle, avant de repartir s'intéresser aux personnes présentes dans la salle au moment de la mort du technicien, notamment au backliner qui avait vidé un extincteur sur John Moore lorsqu'il l'avait vu se débattre, en flammes. Ziva enfila une blouse, un masque et des gants et entama la procédure habituelle, avec des gestes purement mécaniques.
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mer 23 Nov 2016, 21:15 | |
| Chapitre 18- Spoiler:
Jana, assise sur l'un des sièges en plastique blancs de la salle, héla Lenowe qui passa devant elle sans prêter attention à son amie, ni même prendre conscience de sa présence. "Je suis désolé, Jana. -Je suis surtout désolée pour Brainfreeze. On est un peu de la même famille, ce genre de trucs aurait très bien pu nous arriver. Ils vont continuer la tournée avec nous, on leur prêtera un des gars de notre équipe... -… si ce n'est pas un des mecs de Brainfreeze ou un de vos techniciens qui a fait le coup. C'est sans doute un bête et malencontreux accident, mais on ne sait jamais, Jana." Elle acquiesça. "C'est peut-être le mauvais moment, mais je voudrais juste passer un peu de temps avec toi, sans aucune pression, ni rien. Que dirais-tu de revenir demain, même heure, même restaurant, avec Ziva? Juste pour prendre un verre, discuter, comme on l'a pas fait depuis trop longtemps." Il se dit que Jana devait certainement lire dans ses pensées, et accepta. Il lui donna une tape amicale sur l'épaule et retourna au travail. Le samedi matin, Ziva était seule à la morgue. Le docteur Barrows était en week-end, rendant la journée légèrement plus supportable, et les deux autres employés étaient partis faire des radios de leur nouvel invité, John Moore. Elle resta assise de longues heures à examiner méticuleusement les yeux récupérés dans le box; le numéro de série sur l'œil en verre n'avait rien donné, et tout semblait indiquer que son propriétaire avait été d'origine étrangère. Elle remarqua après avoir fixé un peu trop longtemps les globes oculaires visqueux qu'il y avait de petites particules sur certains d'entre eux, mais déterminer ce dont il s'agissait n'était pas de son ressort. Ziva prit un échantillon et le laissa bien en évidence, là où elle le verrait et se rappellerait de l'apporter au laboratoire, qui l'avait appelée en début de matinée pour lui apprendre que le liquide qui contenait les yeux n'avait rien d'intéressant, à part qu'il avait pu détériorer des éléments essentiels à l'identification des yeux et de leurs propriétaires. Quand le corps de John Moore revint à la morgue, elle laissa les bocaux de côté et se pencha sur la nouvelle affaire. Tout indiquait qu'il s'agissait d'un accident, résultant d'une mauvaise manipulation; cependant, le corps était dans un très mauvais état, et s'il se trouvait qu'il avait été assassiné, ce serait presque impossible à démontrer. Certaines fractures bien évidentes sur les radios auraient pu être provoquées par le feu comme par les coups d'un meurtrier. A six heures moins dix de l'après-midi, elle avait envoyé tous les prélèvements au laboratoire et terminé un bilan préliminaire. Elle rangea tout à sa place, salua la collègue qu'elle croisa dans le couloir en partant, monta récupérer sa voiture au parking et partit directement en direction du Old Spice Burger & Tex Mex Restaurant sur Birch Avenue. Lenowe l'avait prévenue qu'il serait en retard, mais qu'il avait prévenu Jana et ferait tout son possible pour ne pas arriver trop tard. En d'autres termes: il allait arriver très en retard. Le restaurant était bizarrement moins rempli que la veille, et Ziva n'eut aucun mal à repérer Jana, assise à deux tables de là où elle se trouvait le soir d'avant, une boisson d'un vert presque fluorescent devant elle. Elle faisait tourner la feuille de menthe qui flottait avec une rondelle de citron vert, mais autrement, elle ne l'avait pas encore entamé. Jana ne sembla pas remarquer Ziva qui tira le lourd siège en cuir et s'assit. "Tu m'as fait peur! Sursauta-t-elle." Malgré ses airs de dure à cuire, Jana il n'en fallait apparemment pas beaucoup pour l'effrayer. "Comment ça va? Je t'offre quelque chose, ou tu préfères attendre Lenowe? -On ne va pas rester à se tourner les pouces et à lorgner sur ce verre en l'attendant. Qu'est-ce qu'il y a dedans? Demanda Ziva, intriguée. -Je ne sais pas trop. Du cactus, je crois. -Va pour le cactus alors." Jana en commanda un autre, ainsi qu'une assiette de frites et d'un hamburger avec petit pain au sésame, oignons rouges, cornichons aigre-doux et sauce au piment. Ziva ne prit rien. "J'ai assez parlé de moi hier, dit Jana après avoir pioché deux frites dans l'assiette. Alors je te laisse parler un peu. Tout va comme tu veux?" Jana avait l'avantage de n'être qu'une bonne connaissance qu'elle ne reverrait sûrement pas de sitôt, et Ziva se dit que peu lui importait ce qu'elle pourrait lui dire; Jana écouterait, commenterait, puis passerait à autre chose, et si elle émettait un quelconque jugement, elle ne resterait pas dans son entourage pour le lui communiquer. Mais Ziva se refusait de montrer ses faiblesses ou ses préoccupations les plus personnelles. "Deux trois choses que je préfèrerais qu'elles soient autrement. Mais sinon, je n'ai pas vraiment de quoi me plaindre -Comment se porte Lenowe ? Je pourrais lui poser la question moi-même, mais il ne me répondrait pas, marmonna Jana -Tu sais comme moi qu'il est toujours dans le même état d'indifférence, et que ce soit lui arracher un sourire ou le mettre en rogne à un tel point qu'il explose, c'est particulièrement difficile." Jana se mit à rire, parfaitement d'accord. Elle était très étonnée de voir son ami rester avec la même femme pendant si longtemps. D'habitude, l'un ou l'autre, généralement lui, finissait par en avoir plus que marre et foutre l'autre à la porte. Jana en déduisit que soit Ziva était extrêmement patiente, soit elle avait réussi à un moment à lui tenir tête. "J'ai eu très envie de le frapper la première fois que je l'ai vu, avoua Jana. -Oh, moi aussi." Jana ne put s'empêcher de rire et reposa son verre avant de le renverser. "Tu dois vraiment lui trouver quelque chose de spécial" observa Jana. Ziva ne put la contredire. Il n'était pas spécialement attentionné, ni amène, mais plutôt distant et renfrogné, à l'inverse de la plupart des gens qu'elle connaissait ici, qu'elle trouvait carrément trop enjoués et bruyants. Lenowe n'excellait pas dans son travail, qu'il ne faisait vraisemblablement pas par vocation contrairement à la plupart de ses collègues qui avaient pour ambition de protéger et servir leurs concitoyens; en ce qui le concernait, il était parfois compliqué de savoir s'il en avait toujours quelque chose à faire. Il était incontestablement doté d'une grande intelligence, mais avait l'humilité de ne pas nier son ignorance quand il ne savait simplement pas. Derrière son ton parfois involontairement cassant et hautain se cachait un homme sans haute estime de lui-même. Il n'y avait pas grand-chose à trouver chez lui qu'un chercherait habituellement, et il n'était même pas la peine d'espérer le faire changer pour le meilleur. Il était par-dessus tout têtu comme une mule. "Je t'en prie, pique-moi des frites si tu veux, je te vois bien loucher sur mon assiette" lui chuchota Jana. Ziva ne refusa pas l'offre si gentiment faite. Lenowe finit par arriver une vingtaine de minutes après l'heure prévue et s'installa sur la chaise libre sans plus attendre. "Je vois que vous en avez profité en mon absence. -Fallait être à l'heure" plaisanta Jana. Lorsqu'ils sortirent du restaurant, il faisait presque nuit noire, mais les rues étaient encore illuminées et agitées par un tumulte de passants euphoriques qui allaient le cœur léger, défilant sur les trottoirs encombrés par les tables des terrasses. La soirée ne faisait que commencer, mais alors que Lenowe et Ziva souhaitaient un bon voyage à Jana, ils décidèrent de rentrer chacun de leur côté et d'aller directement se coucher. Le lendemain matin, en arrivant à son bureau, l'air las et exténué, Lenowe trouva Elin discutant énergiquement avec Thinlay, assis sur le rebord de son bureau. Ils levèrent tous les deux la tête lorsqu'il passa la porte. "J'ai trouvé quelque chose hier soir, annonça Thinlay. La société qui loue les box n'a pas de caméras. Enfin elle en avait, mais elles sont hors-service. Par contre, j'ai réussi à récupérer les images d'une caméra provenant de l'entreprise de réparation de bateaux juste derrière. On y voit un homme qui essaie de... -Ce serait plus simple si tu nous les montrais, ces images, dit Lenowe -Tu permets?" Demanda Thinlay en désignant l'ordinateur allumé sur le bureau d'Elin et en se tournant vers ce dernier. Il fouilla dans des dossiers et leur montra la vidéo en question. On n'y voyait qu'un morceau de trottoir, un grillage rouillé et le pied d'un lampadaire. La seule animation provint d'un sac en papier qui s'envola et atterrit un peu plus loin. Thinlay appuya sur une touche du clavier et passa le film en avance rapide, puis l'arrêta d'un coup. "Là. Tu vois, ce type qui court et essaie d'escalader le grillage? Il à l'air d'avoir quelque chose à se reprocher, et il ne me semble pas avoir lu quelque chose à propos d'un autre incident dans ce coin-là et ce jour-là précisément." Le technicien pointa du doigt un homme de stature moyenne, les cheveux noirs et en bataille, vêtu d'un jean et d'un t-shirt. Cela aurait pu être à peu près n'importe qui. Lenowe regretta le manque de précision. "Je n'ai absolument rien d'autre, protesta Thinlay. -Merci quand même" sourit Elin. Aussi surprenant et inattendu que cela aurait pu paraître étant donné son habituelle lenteur à se mettre au travail, Elin trouva dans la journée le signalement d'un homme qui aurait vaguement pu correspondre à celui qu'ils recherchaient, bien qu'il y ait une certaine probabilité que celui-ci n'ait rien à voir avec leur enquête, ni avec leur arracheur d'yeux. Il avait notamment trouvé une adresse, correspondant à une vieille baraque en périphérie de la ville, et un compte sur les réseaux sociaux mentionnant une fête le soir même. Lenowe venait tout juste de partir lorsqu'il fit la découverte, alors il l'appela immédiatement. Il était aux alentours de dix-neuf heures, et Lenowe avait décidé de passer par chez Ziva avant de rentrer pour lui rendre un de ses bracelets qu'elle avait oublié. Il promit à Elin de faire au plus vite sur un ton peu enthousiaste, et raccrocha. "Elin vient de trouver quelque chose. Il veut que j'y retourne pour voir avec les autres ce qu'on peut faire. Ça peut pas attendre demain, apparemment, souffla Lenowe -Fais ce que tu as à faire" lui lança Ziva depuis le canapé, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur portable qui n'affichait rien d'autre que son fond d'écran. Elle avait en main la dernière lettre de la pile de courrier du jour, mais appréhendait de l'ouvrir. Elle avait une vague idée de ce qu'elle contenait, visualisa la feuille à en-tête pliée à l'intérieur, et même si elle brûlait d'impatience de retirer le morceau de scotch qui maintenait la grosse enveloppe blanche fermée, elle ne savait pas si elle voulait réellement savoir. Ziva jeta un œil à Lenowe qui rangeait quelque chose dans un placard. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il cherchait, mais au moins, il était occupé à quelque chose et ne la voyait pas paniquer à cause d'un maudit morceau de papier. Elle prit une profonde inspiration et retira le ruban adhésif d'un coup sec. Puis Lenowe se retourna et lui dit qu'il devait filer. Il lui souhaita une bonne soirée et partit en coup de vent. Elle soupira de soulagement après qu'il ait fermé la porte et se décida à sortir la feuille de l'enveloppe. Elle passa les formules d'introduction d'usage et lit en diagonale le petit paragraphe qui remplissait à peine un tiers de la feuille, puis relit le tout plus attentivement pour en être bien sûre. Elle s'y attendait plus ou moins, savait que l'éventualité était plus que probable, que c'était mûrement réfléchi, mais soudain, elle ne sut plus si c'était ce qu'elle voulait réellement. Elle ne pouvait plus esquiver, maintenant. Ziva reposa d'une main tremblante la lettre sur le clavier de son ordinateur et reprit son téléphone qui avait glissé entre les oreillers du canapé. Salomée répondit presque immédiatement. "Tu veux venir chez moi ce soir? C'est moi qui fait à manger. -Si c'est toi qui cuisine, je ne viens pas. -Salomée. -Non, je déconne. J'arrive dans une demi-heure." Ziva oublia temporairement la lettre et mit une casserole d'eau à bouillir. Elle jeta une escalope de dinde coupée en dés dans une poêle avec des poivrons, des oignons et une dose monstrueuse de flocons de piment, puis versa le riz dans l'eau bouillante sans vérifier la quantité exacte. Elle s'éloigna de la cuisine un moment et revint seulement pour mettre la viande sur des piques à brochette et mélanger le riz trop cuit et les légumes dans la poêle. Elle rajouta une couche d'épices, mélangea et remit un couvercle en attendant Salomée, qui se faisait attendre. Celle-ci se présenta à la porte alors que Ziva sortait des assiettes du placard. La grande femme aux cheveux violets eut l'air réjouie en humant dans l'air l'odeur douce des épices. "Si c'est aussi bon que ça en à l'air, j'ai peut-être été un peu mauvaise langue" fit Salomée en posant son sac dans l'entrée. "C'est une occasion particulière pour que tu m'invites subitement à manger? -Oui" avoua Ziva d'une voix molle. Elle saisit la lettre sur la table basse et l'agita devant son amie, qui la déplia et la lut. "C'est génial! S'écria Salomée en la prenant dans ses bras. -Oui, génial. -C'est pas ce que tu veux? -Je croyais, mais j'hésite maintenant, murmura Ziva -Assieds-toi, ça passera mieux avec..." Salomée pointa du doigt la casserole "Qu'est-ce que tu as préparé? -Des brochettes de dinde au piment et du riz aux poivrons. -Oh! Ça tombe bien, j'avais faim." Salomée se laissa tomber sur la chaise et laissa Ziva les servir toutes les deux. Elles passaient directement aux choses sérieuses. L'hôte laissa son invitée goûter en approuver. "Qu'est-ce qui te gêne, en fait? C'est ce que tu veux, je le sais. Pourquoi tu te débinerais alors que c'est la seule chose que tu attendais? -Parce que c'est loin d'être facile, que tout va radicalement changer pour moi, et que même si je ne supporte plus l'état actuel des choses, je ne sais pas si ça sera mieux." Ziva prit une brochette et dépouilla le bâton en bois de sa garniture d'une seule bouchée. La viande était trop sèche et les poivrons avaient un léger arrière-goût de brûlé. "Je suis dos au mur. Je n'ai pas le choix. Mais j'ai peur de le regretter quoi que je fasse. -Non, tu ne le regretteras pas." Salomée voyait dans le regard de son ami que là n'était pas le principal problème. "Lenowe est au courant? -Non, répondit-elle de manière incisive. Je viens juste de la recevoir et je cherche comment faire pour éviter de lui balancer à la figure." Elle ne se rappelait même pas déjà avoir abordé sérieusement le sujet. Cela tenait trop de la spéculation que d'une réelle possibilité, alors elle s'était tue. "Je ne peux pas t'aider pour ça, Ziva." lui dit Salomée, la bouche pleine. "Mais il va bien falloir que tu te décides".
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mer 23 Nov 2016, 21:29 | |
| Mais y'a quoi dans cette fichue lettre ? Elle est mutée à l'autre bout du monde, promue, change de job ? Quoi ? Je hais les climax... |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Ven 09 Déc 2016, 18:29 | |
| Chapitre 19- Spoiler:
Le dimanche, il s'était mis à pleuvoir dru dès le matin, mais la moiteur ambiante et tenace qui collait à la peau, étouffante, et aspirant toute forme d'énergie ou de motivation ne s'était pas envolée avec la pluie, mais la faisait plutôt s'abattre au sol. Peu importe la météo, Lenowe et Elin, accompagnées d'une équipe d'intervention qui n'aurait qu'à rester sagement à l'écart et se manifester seulement si leur suspect refusait d'obtempérer, prirent la route en direction de chez Guiren Li, l'homme aperçu par Thinlay sur les vidéos de surveillance. Comme prévu, il occupait un taudis décrépi et dans un sale état général un peu à l'écart de la ville, à l'entrée d'un petit bois. La voiture garée devant la maison ne semblait pas vraiment en état de rouler, et seules les poubelles pleines indiquaient que le lieu était habité. En s'avançant sous le porche, Elin remarqua que la baraque était divisée en deux habitations distinctes. L'une des deux portes était condamnée, alors il n'eut pas de mal à en déduire que c'était l'autre qui les intéressait. "Guiren Li?" Brailla Lenowe de derrière la porte. Le dossier de leur suspect les avait informés qu'il avait déjà été interpellé pour diverses raisons par le passé, et que pas grand-chose indiquait qu'il serait forcément enclin à négocier, ni à s'exécuter aux ordres de la police. Il n'obtint comme réponse qu'un bruit lourd, comme si quelqu'un se relevait précipitamment d'une chaise et se remettait debout, prêt à filer. Elin tenta de baisser le bras de Lenowe lorsque ce dernier sortit son arme de son étui et la pointa vers la porte. "Guiren Li, police, ouvrez cette porte immédiatement!". Toujours pas de réponse, ni de nouveau mouvement à l'intérieur. Les regards de Lenowe et Elin se croisèrent, et ils décidèrent d'une solution. Maison occupée ou non, ils allaient entrer, et Guiren Li n'avait de toute manière aucune chance de leur filer entre les pattes: Lenowe avait observé qu'il n'y avait qu'une porte et que toutes les fenêtres étaient barrées. Rien n'indiquait qu'il y avait un sous-sol avec une ouverture sur l'extérieur. Ils firent signe leur collègues de venir forcer la porte, et se précipitèrent à l'intérieur, toutes armes dehors. Leur suspect cherchait désespérément quelque chose dans le tiroir d'une commode branlante au fond de la pièce qui servait également de salon, de salle à manger et de cuisine. Peut-être même de chambre. Des emballages de nourriture à emporter vides traînaient par terre, sur un tapis seulement bon à brûler, et quelques frites avaient été oubliées sur la table, à côté du cendrier dont le contenu avait été renversé et que Guiren Li n'avait pas pris la peine de nettoyer, comme à peu près tout le reste du logement. Celui-ci se retourna, l'air hagard, et se tourna vers la fenêtre, espérant peut-être pouvoir l'ouvrir. Lenowe s'approcha de lui à grandes enjambées et l'attrapa par l'épaule, et avant qu'il ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait, le suspect se retrouva assis par terre. "Guiren Li, vous êtes en état d'arrestation et... -Quoi? Pourquoi? Qu'est-ce que j'ai encore fait? Protesta-t-il -Par quoi je commence ? Lui demanda Lenowe en le remettant debout et en lui passant les menottes aux poignets. On aura tout le temps de s'expliquer plus tard, si c'est ce qui vous inquiète." Mr Li monta docilement en voiture et ne dit pas un mot de tout le trajet. Il ne cessa pas de pétrir littéralement son épaule endolorie par laquelle Lenowe l'avait empoigné avant de le mettre par terre. Puis ce dernier l'avait laissé poireauter un moment seul en salle d'interrogatoire pendant qu'il se mettait au courant des avancées de l'enquête concernant la mort du pyrotechnicien, dont il n'avait pas la charge. Lenowe fut surpris de croiser Salomée au détour d'un couloir un dimanche après-midi, qui lui demanda s'il avait vu Ziva aujourd'hui. Non, il ne lui avait pas parlé depuis un jour ou deux, et non, il ne savait pas si elle était supposée travailler aujourd'hui non plus. L'officier Hayes l'attendait patiemment devant la porte de la salle d'interrogatoire en jouant avec les boutons de sa manche. Son regard s'attarda un peu sur le côté gauche du visage de Lenowe qui était passé de violet cramoisi à une teinte de vert bleuâtre indescriptible. Leur suspect ne tourna même pas la tête lorsqu'ils rentrèrent tous les deux dans la pièce. "L'avocat de Mr Li n'arrivera pas avant un moment" dit l'officier Hayes à voix basse. Lenowe ne répondit pas et se plaça debout face à Guiren Li. Il ouvrit la bouche pour commencer son discours habituel, mais le suspect parla avant lui. "Je vois à peu près pourquoi je suis là, on m'a expliqué en cours de route. Mais je vous jure, j'ai rien à voir avec ce box de mes deux. -On recommence depuis le début. Vendredi matin, on vous a vu près de l'entrepôt tentant de vous enfuir. Comment vous l'expliquez? -Je faisais un petit jogging, comme tous les matins." Cela expliquait peut-être son immonde jogging parsemé de tâches non identifiées. Lenowe baissa la tête et soupira. "Oui, bien sûr, marmonna-t-il. Vous faites votre jogging dans une zone industrielle, à plusieurs kilomètres de chez vous, alors qu'il y a un parc derrière votre... maison". L'homme n'avait pas l'air d'avoir la condition physique d'un marathonien. "J'ai oublié de vous le demander, et je n'ai pas réussi à trouver l'information: où travaillez-vous... Vous avez un boulot au moins? -Ouais. Je bosse dans un restau. -Donnez-moi l'adresse, que je me souvienne de ne surtout pas y mettre les pieds" ironisa Lenowe. Finalement, l'information n'était pas franchement utile. Il se tourna vers Jimmy qui le regarda en hochant légèrement la tête en signe de dépit. Le lieutenant continua à lui poser question sur question, n'obtenant que des réponses douteuses et particulièrement imprécises. "J'ai rien à voir avec cette histoire de fausses plaques" bêla Guiren Li. -Quelqu'un a parlé de ça?" Sourit Lenowe. Il adorait quand les suspects pas bien futés se vendaient tous seuls. Une partie du travail était déjà faite. Le suspect se rendit immédiatement compte qu'il venait de faire une erreur monumentale. "Je repose ma question à nouveau. Étiez-vous dans l'entrepôt de stockage vers neuf heures vendredi matin? -Ça se peut." Maintenant qu'il avait fait un faux-pas, et qu'il en avait conscience, il allait essayer de rectifier le tir et jouer à celui qui en savait plus qu'il ne voulait bien le dire, et qui le faisait explicitement comprendre. Il étira ses jambes sous la table et essaya de détendre ses bras menottés au dossier de la chaise. Il ne semblait pas déstabilisé le moins du monde. -Il se peut aussi que je n'aie pas de temps pour tes conneries." Le changement de ton était clair et net. Lenowe avait cru pendant un moment que le type en face de lui était un abruti de première qui lâcherait tout en cinq minutes. Au bout d'une heure d'interrogatoire, il avait l'impression de ne pas avoir avancé et de voir les aiguilles de l'horloge reculer. Jimmy, qui était jusque là resté adossé à la vitre derrière lui, avait fini par s'asseoir et regardait les bulles dans la fontaine à eau juste à côté de lui. "T'étais où alors, vendredi matin? -Sais pas." La lumière artificielle des néons au plafond, dont la moitié, arrivée en fin de vie, clignotait dans un bruit désagréable et particulièrement agaçant, avaient filé un sale mal de crâne à Lenowe, et il commençait à avoir méchamment faim. "Jusque là, j'ai été relativement poli et correct avec toi. Mais s'il y a une chose, une seule, que je déteste, c'est qu'on me prenne pour un con. Alors tu vas arrêter de me faire chier ou ça va mal, très mal finir pour toi.". Avec lui, il n'y avait pas de tactique du méchant et du gentil flic. De toute façon, il était tout seul, et il jouait toujours le rôle du méchant. Il jouait avec le feu – et il aimait ça - mais ne dépassait jamais les limites. Excédé, il frappa la table de son poing, faisant bondir Jimmy sur sa chaise, qui s'était lassé du spectacle, et quitta la pièce en claquant la porte derrière lui, laissant l'officier Hayes hébété et leur suspect gigotant sur sa chaise. Il était seul dans son bureau, avachi au fond de son siège, toutes les lumières éteintes, lorsque sa sonnerie braillarde de son téléphone le sortit de son demi-sommeil. La migraine lub vrillait toujours le crâne. Lenowe allait rejeter l'appel et passer son téléphone en mode silencieux avant de voir la photo de sa sœur apparaître à l'écran. Elle avait insisté pour poser avec son frère sur la photo en question; alors qu'elle arborait un grand sourire, lui avait son habituel air renfrogné et détournait le regard de l'objectif. "Je te dérange? Demanda-t-elle. La première question qu'elle lui posait en l'appelant. -Non." Un mensonge de plus ou de moins, elle ne verrait pas la différence. "Super. Dis, je pensais à quelque chose..." Il n'aimait pas quand Elisha commençait une discussion de cette manière, traînant en longueur sans annoncer la couleur immédiatement. "Comme c'est bientôt mon anniversaire, notre chère tante a insisté pour que j'organise une super fête en famille. -Oui. Une fête d'anniversaire." Le seul côté plus ou moins positif qu'il voyait aux anniversaires était de se dire qu'il avait réussi à survivre une année de plus. "Je vous invite donc, Ziva et toi, à venir passer une semaine à la maison et... -Merci Elisha, c'est une super idée. Mais je ne pense pas qu'on puisse se libérer de nos responsabilités comme ça. -C'est dans un mois, tu as le temps de trouver une solution. Si vous ne pouvez pas, je ne vous en voudrai pas, enfin..." Lenowe devait admettre que sa sœur avait un certain pouvoir de persuasion. Elisha aimait bien faire culpabiliser les gens pour arriver à ses fins; cependant, ça n'avait jamais marché sur Lenowe. -Je te rappellerai, dit-il. Bonne nuit, Elisha.". La phrase s'adressait à elle comme a lui. Il mit cette fois son téléphone en silencieux et se cala au fond de son siège, les bras croisés sur la poitrine.
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Jeu 29 Déc 2016, 14:54 | |
| Pour changer un peu, je vous propose de la musique pour accompagner la lecture, cliquez juste sur le lien un peu plus bas dans le texte ! Chapitre 20- Spoiler:
La femme aux cheveux frisés assise au fond de la terrasse, pas encore accaparée par ceux qui s'offraient une petite pause à la sortie du travail en ce lundi de septembre ensoleillé, tourna la tête en entendant des pas arriver sur le carrelage en ciment par pur réflexe. Elle fronça les sourcils et n'eut pas de mal à reconnaitre son ancienne camarade de classe, et accessoirement amie. Elle se leva pour la serrer dans ses bras. "Ziva, ça fait tellement longtemps!" S'exclama-t-elle en insistant sur la première syllabe de "tellement". "Dire qu'on habite à une demi-heure l'une de l'autre, mais qu'on ne se voit jamais. Assieds-toi, je t'attendais". Ziva se doutait bien que Nuria l'attendait; depuis longtemps, elle ne l'espérait pas. Elle scruta son amie de haut en bas et nota son ventre arrondi, quoique à l'air un peu mou. Puis elle comprit en voyant Nuria reculer la poussette qu'elle avait prise pour celle du couple assis à la table d'à côté. "C'est ma fille, Saffron" dit Nuria avec un sourire comblé. "Elle va bientôt avoir deux mois". Ziva lui sourit en retour par politesse et espéra que Nuria n'allait pas passer tout leur rendez-vous à s'attendrir devant ce merveilleux petit être qui la remplissait de bonheur et à raconter d'autres niaiseries les plus insupportables les unes que les autres. "Alors, tout va bien pour toi? Je regrette de ne pas avoir plus de nouvelles de toi." Par là, elle voulait sûrement dire "Je regrette que tu n'alimente pas plus tes réseaux sociaux qui ne sont que des pages totalement vides". Ziva ne le regrettait pas, elle. "A part quelques bricoles que j'aimerais voir changer, tout va bien, dit-elle sur un ton entendu. Je n'ai jamais réussi à m'habituer à cet endroit, mais j'arrive à survivre. -Tu vois toujours ce prof de droit ou de je sais plus quoi... ? Il était mignon en tout cas." Ziva sentit son visage entier virer au rouge grenat et se rappela la fumeuse histoire dont il était question. "Non. Ça n'a pas duré longtemps, et je préfèrerais oublier ça, d'accord? rit elle timidement. Je suis plus ou moins avec quelqu'un d'autre. Depuis... un moment. -Laisse-moi deviner... Un beau brun ténébreux comme celui sur lequel on avait flashé et... et comment ça "plus ou moins"? s'emballa Nuria -C'est à peu près tout le contraire, dit-elle. Et en fait, on peut passer trois semaines sans se parler ni se croiser autre part qu'au travail et... -Au travail, hmmm ? Demanda Nuria en levant les sourcils -Il est lieutenant de police." "Pitié, Nuria, arrête de me poser des questions" pensa-t-elle "Comment vous avez su que..." Ziva se montrait modérément patiente avec ses amis, répondait à leurs questions plus5 ou moins honnêtement alors qu'elle voulait à tout prix parler d'autre chose que d'elle, mais elle refusait à chaque fois de répondre à cette question-là. "Au fait, j'ai quelque chose pour toi" fit semblant de se rappeler Ziva en sortant une chemise en carton de son sac. Elle la tendit à Nuria, qui défit l'élastique et sortit les deux radios d'un crâne humain qu'elle contenait. "Je sais que tu as fait des recherches sur les dégâts causés par le feu dans le cas d'immolations, et j'ai besoin de ton aide." Ziva avait rencontré Nuria, fille d'un éthiopien et d'une marocaine installés aux États-Unis avant sa naissance, lors de sa quatrième année à l'université. Bien qu'elles étaient assez différentes, avec des personnalités et des goûts quasi opposés, elles s'étaient bien entendues dès le départ et passaient toutes les heures de cours en commun ensemble. "Oh. Intéressant. -J'ai aussi ajouté une fiche avec mes notes. Cet homme aurait eu un accident mettant en cause des engins pyrotechniques. Jettes-y juste un œil, et dis-moi ce que tu en penses. -Je ferai ça, au moins, ça m'occupera". Ziva savait que Nuria avait temporairement et pour l'instant indéfiniment laissé de côté son travail à l'hôpital de la ville voisine pour s'occuper de Saffron. Mais elle ne savait pas si l'absence de bague à son annulaire gauche ou le fait qu'elle n'ait mentionné aucun partenaire indiquait qu'elle élevait seule sa fille. "Je peux aussi me débrouiller pour que tu puisses m'aider à la morgue sur cette affaire-là. -Ça peut se faire. Bon, alors, il s'appelle comment ce mec?" (Un peu de musique?)Lenowe ne l'avait pas vue de la journée - comme la veille, ni l'avant-veille, ni l'avant-avant-veille - et elle ne répondait pas au téléphone. Elle devait l'avoir oublié pour la énième fois sur sa table basse, rendant l'objet totalement inutile. Il n'avait pas non plus réussi à voir le Dr Barrows, parti en séminaire de l'autre côté du pays, et Salomée était restée très évasive lorsqu'il lui avait à nouveau demandé où elle était passée. Il avait refusé de lâcher le morceau, alors elle avait fini par lui dire qu'elle était rentrée chez elle plus tôt, sans expliquer pourquoi. Vers cinq heures et demie, il partit plus tôt et en profita pour faire un détour et s'arrêter chez Ziva. Il frappa à la porte, sachant que la sonnette ne marchait pas. Il n'y eut aucun bruit. Alors que Lenowe s'apprêtait à faire demi-tour, la porte s'ouvrit. "Entre." Ziva s'assit sur le rebord du comptoir de la cuisine, les bras ballants. Elle ne portait qu'une robe de chambre en coton taupe et ses cheveux étaient complètement en vrac; en soi, rien de très étonnant venant d'elle. Un bol de céréales à moitié entamé traînait sur la table à côté de son ordinateur et d'une pile de papiers. Lenowe la regarda d'un air à la fois soupçonneux et soucieux. Depuis plusieurs jours, il lui avait semblé qu'elle l'évitait ou l'ignorait. Et visiblement, elle n'avait pas été au travail aujourd'hui. "Tout va bien? -Ouais." C'était la plus honnête des menteuses. "J'allais faire du thé. Tu en veux?" Il accepta l'invitation et prit le paquet de biscuits qu'elle lui tendit. Quelques minutes plus tard, elle apporta nonchalamment les deux tasses fumantes et s'assit à côté de lui. Soufflant sur son thé à la noix de coco brûlant, elle veillait à ne pas croiser le regard de Lenowe. "Je repose ma question. Est-ce que tout va bien?" Ziva posa sa tasse et tirailla les manches de sa robe de chambre. Elle tourna la tête vers lui et se mordit l'intérieur de la joue. "Non". Elle avait longuement réfléchi à la manière dont elle tournerait sa phrase, mais elle finirait par tout débiter le plus vite possible pour s'en débarrasser comme on arrache un pansement d'un coup sec; c'est exactement ce qu'elle fit. Mais même si Lenowe avait l'habitude de l'entendre parler plus vite que la normale, il ne comprit rien et dût la faire répéter, ce qui lui donna l'impression de rajouter du sel sur la plaie. Elle ne parvint pas à déterminer à son expression s'il n'avait simplement rien compris ou s'il voulait une confirmation. Ziva souffla et le regarda droit dans les yeux. "Je m'en vais à Londres. Définitivement." Il posa doucement sa tasse déjà à moitié vide devant lui, confus. "Une université m'a proposé un poste. Je ne veux pas louper cette opportunité. -C'est super, où est le problème?" Sous ses faux airs sincères, il était perplexe. Il savait parfaitement bien que tout comme lui, elle avait une peur maladive de l'engagement et des décisions qui changeraient radicalement tout. Mais les regrets et les remords étaient à peu près la même chose. "Je sais ce que je veux. Je n'en peux plus de vivre ici, je veux me barrer. C'est... C'est ta réaction qui m'inquiète. -Ce que tu m'as dit l'autre jour est réciproque: " tu ne m’appartiens pas, tu es libre de faire ce que tu veux". C'est toi qui décides." Il semblait prendre la nouvelle assez bien. "Je suis convaincue que les relations à distance sont toutes vouées à l'échec" lança-t-elle. Lenowe en était convaincu aussi, et c'est pour cela qu'il ne répondit pas. "On verra bien" dit-il sans trop de conviction, seulement parce qu'il voulait trouver quelque chose à lui répondre. Il y eut un blanc particulièrement gênant dans la conversation. "A partir de quand... demanda Lenowe -Fin novembre, je crois. J'ai deux semaines pour leur donner une réponse." Lenowe secoua la tête pour lui signifier qu'il avait entendu, mais ne dit rien. Il posa sa main sur la sienne, qu'elle retira brusquement comme si elle l'avait passée sous l'eau brûlante, fixant la vapeur blanche qui tourbillonnait au-dessus de sa tasse. Il comprit à son attitude désemparée son comportement de ces derniers jours, plus distant que d'habitude. Lenowe se leva sans un bruit de sa chaise pour se placer derrière sa chaise et la serrer contre lui. "Eh. Ça va aller" lui murmura-t-il en replaçant une mèche de ses cheveux égarée derrière son oreille. Il n'avait jamais été doué pour les mots de réconfort, mais avait suffisamment en commun avec elle pour comprendre parfaitement son appréhension: son incapacité à admettre que tout n'était pas à portée de contrôle, celle de communiquer clairement ses émotions, comme son cruel manque d'attaches aussi bien physiques qu'affectif. L'un comme l'autre ne se sentaient jamais vraiment chez eux, ni à leur place, où qu'ils se trouvent. Ils étaient tous les deux étiquetés à tort comme particulièrement réservés, voire prudes, ce qui n'était même pas une marque d'hypocrisie de leur part. Témoigner du moindre signe d'affection en public les mettait mal à l'aise; évoquer même le plus indistinctement ce qui avait trait à l'aspect le plus intime de leur vie privée était inimaginable quand bien même ils pouvaient se montrer particulièrement impudiques et désinvoltes entre eux. "Est-ce que tu veux que je reste ici?" Lui demanda-t-il. Lenowe traduisit son absence de réponse par un "Fais ce que tu veux". Il déposa les tasses vides dans l'évier et s'installa dans le canapé qui paraissait soudain plutôt inconfortable. Ziva, toujours assise dos à lui, hésita et finit par le rejoindre. Ça n'était pas à cause de lui si elle ne savait pas quoi décider pour elle. Lenowe avait bien un rôle à jouer dans l'équation, mais il n'était pas la variable la plus importante à ses yeux. "Les affaires Martino et Moore ont bien avancé? Lui demanda-t-elle. -On est à deux doigts de boucler notre suspect principal, je suis à peu près sûr qu'il n'est pas innocent dans l'histoire, mais il manque un maillon de la chaine. Le mec a déjà trempé dans des affaires de contrebande et de trafics divers, ce qui n'arrange pas son cas pour moi. Pour l'autre affaire, la piste principale reste celle de l'accident. Je ne peux rien contester, vu que ce n'est pas moi qui m'en occupe. -J'ai demandé à une amie à moi de me rendre un petit service et de nous aider pour cette affaire-là. -Toute aide est la bienvenue." Le petit service que Ziva avait demandé à Nuria allait cependant bien plus loin que ça. Deux heures plus tard, Ziva et Lenowe étaient toujours assis, discutant des deux affaires en cours. Certaines évitaient de ramener leur travail à la maison pour conserver une vie bien séparée à l'extérieur, tandis qu'eux préféraient évoquer leur travail plutôt que se concentrer sur leur vague semblant de vie commune. Et deux têtes pensantes valaient toujours mieux qu'une. Elisha avait envoyé une flopée de message à son frère, qui ne les avait même pas ouverts, devinant leur contenu. "S'il te plaît, pense à ce que je t'ai proposé", ou quelque chose du même genre. Il jugea le moment peu opportun pour en parler à Ziva. "J'ai faim. Tu veux manger quelque chose? Demanda Ziva. Elle n'avait pas envie de se lever et traverser la pièce pour atteindre la cuisine, mais pour de la nourriture, elle ferait toujours l'effort. -Ouais, pourquoi pas, marmonna Lenowe, posant son téléphone sur la table, hors de portée de son bras pour ne pas être tenté de répondre à sa sœur. -J'ai des tteokbokki au frigo. -Je n'ai aucune idée de ce que c'est, mais vas-y." Ils préparèrent ensemble le ragoût aux gâteaux de riz qu'elle avait prévu de faire plusieurs jours plus tôt, mais par manque de courage, elle s'était contentée de manger ce qui ne nécessitait pas de préparation poussée. Elle était pourtant du genre à se venger sur la nourriture lorsqu'elle était contrariée, même si elle mangeait sans appétit ni envie. Ziva et Lenowe mangèrent en silence, sur la table basse. Le plat n'avait aucun goût, mais les deux n'en avaient strictement rien à faire. Ziva remarqua rapidement l'air irrité de Lenowe à chaque fois que son téléphone signalait un nouveau message. Elle ne put se retenir de l'interroger. "Ma sœur organise une fête pour son anniversaire. Elle veut nous inviter tous les deux. A passer une semaine chez elle. En Finlande." Ziva ne trouva pas la proposition inintéressante, mais restait bloquée sur le fait de s'accorder une semaine complète de vacances qu'elle ne pensait pas possible. "Et comment va-t-on justifier le fait de partir comme ça en prévenant trois semaines à l'avance?" Il approuva sa remarque. "Je vais essayer de voir ce que je peux faire" dit-il en repoussant son assiette vide devant lui. Ziva acquiesça sans un bruit. Il resta encore un peu avec elle avant de s'en aller sans demander son reste. Ce qu'elle lui avait annoncé le perturbait plus qu'elle-même; il avait beaucoup de mal à admettre qu'elle était beaucoup plus importante pour lui qu'il ne voulait bien le croire.
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Jeu 29 Déc 2016, 15:57 | |
| Mais euh, il ne peut pas partir avec elle ? Faut qu'il voit ce point, non ? |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 14 Jan 2017, 09:47 | |
| Chapitre 21- Spoiler:
Le lendemain, après une courte nuit de sommeil, Lenowe fut surpris d'apercevoir Ziva s'entretenir avec l'occupante du bureau d'en face, lieutenant de la criminelle aussi, avec qui Lenowe ne s'entendant pas particulièrement bien; les deux premiers mots qui lui venaient à l'esprit pour la décrire étaient "connasse prétentieuse". Et l'antipathie était réciproque. Il intercepta discrètement l'assistante du médecin légiste lorsqu'elle quitta le bureau qui empestait le parfum d'ambiance du lieutenant Hannah Skinner, et il visualisa parfaitement son bureau ordonné, avec un paquet de bonbons toujours entamé dans un coin et des photos de ses magnifiques enfants devant une magnifique plage de sable fin. Exaspérant. Ziva fit semblant d'être surprise. "Il faut qu'on parle. J'en ai pour cinq minutes" dit-il en posant sa main sur son épaule gauche. "Disons deux. -Tu vas répondre à cette université anglaise, et tu vas leur dire oui. J'ai obtenu du chef six jours de congé. Et je m'apprêtais à aller voir si notre collectionneur d'yeux est assez mûr pour être cueilli." Elle ne répondit rien, médusée, essayant de remettre tout en ordre. Son entêtement et son obsession à régler tous les problèmes d'un coup et le plus vite possible était parfois agaçants. "Si tu le veux bien, on en reparlera plus tard, quand tu veux, mais pas maintenant. Ta très charmante collègue qui s'occupe de l'enquête sur le pyrotechnicien m'a gentiment ordonné de lui rapporter des preuves tout de suite. J'ai demandé à une vieille amie à moi de venir, et je l'ai laissée toute seule sur une chaise dans le hall d'entrée." Nuria attendait impatiemment le retour de Ziva en tentant de rassembler ses cheveux crépus en un gros chignon vite-fait. Elle lui sourit pour masquer son exaspération après avoir passé près d'une demi-heure à écouter la vieille peau assise à côté d'elle qui tenait à lui expliquer pourquoi elle venait porter plainte contre son voisin; Nuria s'était dit que c'était plutôt à elle qu'on devrait faire comprendre qu'elle était tout bonnement chiante. "Tu peux venir, Nuria" dit Ziva en invitant son amie à la suivre d'un signe de la main. Elle la fit passer par l'accueil, où on lui donna un badge de visiteur, puis l'emmena au sous-sol et lui tendit une blouse et des gants. Le docteur Barrows n'était pas là. "C'est lui, l'homme dont on ne sait pas s'il a été victime d'un accident ou d'un meurtre" dit Ziva en tirant un des tiroirs du réfrigérateur. -J'ai lu attentivement le dossier que tu m'as filé. Je n'ai rien trouvé qui me fasse penser à un meurtre. -C'est bien pour ça que je t'ai demandé de l'aide." Ziva comptait surtout sur le fait que Nuria prenne sa place ici alors qu'elle s'en irait. Elle n'avait strictement aucune idée de comment parvenir à négocier tout ça, cependant. "A ton avis, la fissure sur le haut de l'os frontal a été causée par quoi? Demanda Nuria -Peut-être la chute sur le ciment. Il n'y a rien qui indique un coup qu'on lui aurait porté volontairement ni quoi que ce soit. -Et la fracture du poignet gauche? Il se l'est forcément faite en tombant en avant et en essayant de se rattraper. Même s'il a pris feu, il n'a pas, logiquement, pu tomber comme ça d'un coup par terre. -Ouais, je sais, je sais. Je n'arrive pas à distinguer les blessures qu'on lui aurait infligées des dommages du feu. Il a bien dû se passer trois minutes avant que quelqu'un arrive avec l'extincteur – trop tard certes." Le téléphone de Ziva se mit à sonner sur le bureau. Elle invita Nuria à examiner la victime pendant qu'elle répondait. "Oui Lenowe." Moment de silence. "Oui. Tu pourrais attendre un peu? Non, pas juste cinq minutes. Non, je suis occupée avec Nuria. Qu'est-ce... Non, tu ne peux pas passer me voir là, maintenant. Je viendrai à ton bureau dès que j'aurai fini." Elle râla et raccrocha. Nuria se retourna vers elle, l'interrogeant du regard. "Ça concerne une autre enquête sur laquelle je travaille." Deux minutes plus tard, le téléphone sonna à nouveau. Ziva décrocha sans même vérifier le nom qui s'affichait. "Je t'ai dit tout à l'heure Lenowe, tu es con ou tu le fais exprès? Aboya-t-elle -Je crois que tu fais erreur sur la personne. J'ai... J'ai les résultats que tu m'a demandés je ne sais plus quand. -Salomée, est-ce que tu peux venir me les apporter? Nuria Eyasu est là, si tu veux lui dire bonjour. -J'arrive tout de suite." Nuria, qui avait entendu son prénom, releva la tête. "Salomée? Ta copine flippante avec un accent incompréhensible? Elle est ici, aussi?" Ziva hocha la tête et se retint de rire. "Ouais, c'est elle. Elle s'est calmée niveau vestimentaire, mais elle a toujours l'accent incompréhensible." La conversation avait fait place au cliquetis des touches de leurs claviers respectifs. Ziva et Lenowe, assis sur le bord du lit de cette première, étaient l’un comme l’autre trop las pour parler. "Guiren Li fait bien partie du trafic de fausses plaques, mais ce n'est pas lui qui a tué Martino, dit machinalement Lenowe." Ziva retira son casque de ses oreilles. "Qui c'est, alors? -J'en sais rien. -Ça tombe bien, même avec Nuria, je n'ai rien trouvé de nouveau non plus sur le pyrotechnicien." Leurs discussions du genre "quoi de nouveau aujourd'hui" étaient rarement aussi stériles. L’un ou l’autre avait toujours une hypothèse à proposer, ou une anecdote sur l’affaire à raconter. Cette fois, rien. "J'ai parlé à Barrows aujourd'hui. Ce con m'a donné une semaine de vacances sans sourciller. S’il change d’avis, ça sera trop tard. -C'est vrai? -Ouais. -Je vais appeler ma sœur pour lui dire qu'elle peut prendre les billets d'avion." La perspective de passer une semaine entière à un endroit qu'il ne portait pas spécialement dans son cœur et celle d'être entouré par sa famille pendant tout ce temps ne l'enthousiasmait pas plus qu'une semaine au boulot à bosser avec des collègues détestables sur une enquête qui allait à reculons. "J'ai aussi envoyé un mail à l'université. J'ai accepté leur proposition, et je m'en vais dans un mois." Lenowe faillit s'étouffer en avalant sa salive de travers et se tourna face à elle. "Ok. Très bien. -Je suis désolée. Vraiment." Elle se sentit obligée de s'excuser de le laisser tout seul ici alors que lui aussi ne souhaitait qu'une chose: partir. Il avait passé de longues heures à trouver un moyen de la suivre, en vain. Les forces de l'ordre de Twinbrook étaient en sérieux sous-effectif et ils ne le laisseraient pas s'en aller comme ça. D'autant qu'après avoir disparu de la surface terrestre pendant deux mois et quémandé des vacances supplémentaires, Lenowe savait qu'ils ne seraient pas indulgents avec lui. Mais il songeait sérieusement à présenter sa démission. "Non, t'excuse pas. Je vais rentrer chez moi, ok? Je suis claqué." Ziva posa son ordinateur sur le lit et l'accompagna jusqu'à la porte. Les deux semaines qui suivirent furent navrantes. La veuve Martino s'impatientait et déplorait l'incompétence de la police à trouver l'assassin de son mari; les piètres avancements qui avaient été faits s'étaient tous soldés par des impasses et Lenowe bouillait de rage de ne pas réussir à mettre un terme à cette histoire. Les statistiques de résolution des affaires était généralement mauvais, mais le lieutenant Letnara ne comprenait pas ce qu'ils avaient manqué pour être perdus à ce point. Quand à l'affaire John Moore, elle fut classée, sur la conclusion certes un peu hypothétique qu'il s'agissait d'un bête et malheureux accident. Pour une fois, Lenowe se réjouissait de pouvoir s'en aller en laissant tout le bordel aux autres, alors que d'habitude, il aurait été le premier à tout prendre en main. Ziva avait insisté pour qu'il ne vienne pas l'aider à vider son appartement et à tout emballer; elle avait aussi fini par céder quand elle s'était rendue compte qu'elle ne parviendrai pas à sortir un canapé plus grand qu'elle de l’immeuble. Ils n'avaient pas reparlé de son départ pour l'Angleterre. Cette affaire-là aussi était classée. Maintenant, ils attendaient le jour où Ils s'envoleraient pour la Finlande, Lenowe avec une appréhension cuisante, et Ziva avec l'indifférence la plus totale.
(Plus court que d'habitude ce chapitre, mais la suite viendra plus rapidement ) |
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mar 17 Jan 2017, 15:37 | |
| Dur... Du coup la suite arrive vite, n'est ce pas ? La qualité de ton histoire, tant scénaristique que sur l'ambiance, la profondeur des personnages, la qualité graphique, me bluffe toujours autant. |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 28 Jan 2017, 14:55 | |
| La suite arrive... Tout de suite ! Chapitre 22- Spoiler:
Le jour se levait à peine lorsque le commandant de bord les informa que l'avion allait bientôt atterrir à l'heure prévue. Ziva n'avait pas fermé l'œil de tout le vol, et n'avait rien trouvé d'autre à faire que relire le pavé de sept-cent pages qu'elle avait à peine entamé avant de partir. Lenowe, lui, n'avait fait que dormir, et à plusieurs reprises, elle avait dû repousser sa tête et son épaule qui se penchaient dangereusement vers elle et empiétaient peu à peu sur son siège. "Elisha habite loin d'ici? Demanda-t-elle sans détourner les yeux de son livre. Plus que cinquante pages. Elle ne réussirait pas à les finir avant qu'ils ne descendent. De toute façon, elle connaissait déjà la fin du roman qui n'était qu'un soufflé raté. -Non. C'est à une heure et demie d'ici, quand il n'y a pas de neige ni de verglas. -Son anniversaire est cette semaine? -C'était il y a un mois." Ziva ne savait pas si le cliché selon lequel les hommes oubliaient immanquablement les dates d’anniversaire était vrai. Lenowe n’oubliait jamais les dates. Par contre, ce qui était sûr, c’est qu’il n’en avait rien à faire. Une fois à terre, ils récupérèrent leurs valises et filèrent louer une voiture. Ziva laissa Lenowe s'occuper de tout, ne comprenant pas un traître mot de ce qu'il racontait à l'employé de l'agence en cherchant son portefeuille. Il était tout juste huit heures quand ils sortirent du parking avec la voiture, et il faisait à peine sept degrés dehors. Lenowe se fraya un chemin à travers le nord d'Helsinki et rejoint l'autoroute. Il n'avait pas besoin de GPS; il lui suffisait d'emprunter un chemin une seule fois pour s'en souvenir. Avec une marge d'erreur non négligeable. "Au fait, tu as acheté un cadeau à Elisha? Demanda Ziva à lenowe à peu près au milieu du trajet. -Non." Sa réponse était tout à fait naturelle. Il ne lui offrait jamais rien non plus, mais seulement parce qu'il savait qu'elle s'offrait elle-même ses propres cadeaux. La voiture prit la bretelle de sortie et ils quittèrent l'autoroute. Ziva se souvint juste d'avoir traversé une ville de taille relativement moyenne, puis un pont, et d'avoir longé un lac. Lenowe s'était aventuré sur un chemin en terre boueux et s'était arrêté en soupirant devant une maison en lambris vert, qui se fondait au milieu des sapins. "Bienvenue chez... Moi." Il n'avait pas le ton réjoui ni un tant soit peu fier que n'importe qui d'autre aurait probablement utilisé. Lenowe traîna un peu et s'avança vers la porte. Tout était extrêmement silencieux. Il n'y avait que le bruissement du vent dans les feuilles et sur le petit lac qui s'étendait de l'autre côté de la route qu'ils avaient empruntée. Ziva n'aperçut que quelques maisons disséminées ça et là, et n'avait relevé aucune présence humaine non plus jusque là. Un rideau s'agita, et Elisha vint accueillir son frère et sa compagne. Elle était toujours en pyjama, mais n'avait pas l'air de s'être tout juste réveillée. Elle laissa à peine le temps à Lenowe de rentrer et se jeta dans ses bras, et étant donné leur différence de taille, la situation était plutôt comique. Il resta complètement stoïque; en contrepartie, Elisha se montra moins expansive avec Ziva, et lui tapota amicalement l'épaule. "Il y a à manger sur la table, servez-vous. Donne-moi les clés de ta voiture, je vais monter vos valises dans la chambre. Non Lenowe, ne bouge pas, je m'en occupe" le prévint-elle lorsqu'elle le vit éloigner les clés des mains de sa sœur et se retourner vers la porte. Elisha ne partageait pas avec Lenowe son goût pour la décoration d'intérieur. La maison était tout à fait charmante et ordonnée. Dans un poêle près de la table en pin massif brûlait doucement une bûche, et Ziva reconnut l'odeur de pin brouillée à une autre senteur plus qu'agréable qui lui évoquait peut-être une bougie que Lenowe portait sur ses vêtements quand il était rentré après sa longue absence. La faim lui tiraillait l'estomac, mais elle hésita à piocher dans le panier de petites viennoiseries qui n'attendait qu'à être mangées, par politesse. Lenowe ne se posa pas la question et attrapa une sorte de petit pain à la myrtille en haut de la pile de gâteaux. Il se tourna vers elle. "Elisha sera très peinée si elle ne te voit pas manger ces foutues pâtisseries qu'elle fait tout le temps. C'est étonnant qu'elle ne soit pas obèse. Mange. Je sais très bien que tu en meurs d'envie." Il lui adressa un sourire enjôleur et agita devant elle une autre viennoiserie. Elisha fila à l'étage déposer les bagages, et réapparut un bon quart d’heure plus tard, habillée et coiffée. "Lenowe, j'ai un rendez-vous en ville, et je ne reviendrai que ce soir. Il y a suffisamment à manger pour nourrir une équipe de hockey dans le frigo. Pas besoin de faire une visite des lieux, je vous laisse. Je suis désolée de m'en aller si rapidement, passez une bonne journée". Elle prit son sac à main sur une chaise, enfila une veste légère et retourna dehors. Sa voiture démarra, passa devant les fenêtres et s'éloigna sur la route longeant le lac. "Fais comme chez toi" dit Lenowe en s'installant dans un des gros canapés moelleux couleur chocolat du salon, une autre pâtisserie à la main, cette fois avec de la crème à la vanille au milieu. Ziva, toujours plantée derrière la porte, retira ses chaussures et se joint à lui. Elle devina à son attitude qu'il n'avait pas l'air décidé à bouger dudit canapé avant un bout de temps: il avait sorti un plaid en polaire d'une caisse et l'avait étalé sur lui. Après avoir passé plus de dix heures assis, elle se demanda comment il pouvait encore vouloir ne pas bouger et aller faire un tour. Ziva sortit un journal soigneusement plié de sous la table basse et tenta d'y comprendre quelque chose. Elle abandonna et le reposa avant de secouer Lenowe qu'elle voyait piquer du nez. https://4.bp.blogspot.com/-1KmUYsofV-k/WIyiKb2n3aI/AAAAAAAAJnI/1Ntxy4upntM51S7daaeE6ftr-AcNDLX4QCLcB/s1600/Screenshot-1742.png"Réveille-toi. J'ai pas l'intention de rester ici à rien faire. Lève ton cul de ce canapé." Lenowe grogna et finit par céder. Elle l'aurait tirée par le bras jusqu'en dehors de la maison si elle l'avait voulu. "Bon, d'accord, on va aller faire un tour." Le choc entre l'atmosphère feutrée et la chaleur de la maison et le froid sec de l'extérieur fut brutal, et il l'était encore plus pour eux qui venaient de là où l'hiver était un mot pour dire inconnu et un concept abstrait. La neige et les températures négatives n'étaient que fantaisie. Ici, ils étaient immanquablement présents une grande partie de l'année. Lenowe fut rassuré d'enfin retrouver la température idéale, suffisamment fraîche pour sentir l'air vivifiant remplir ses poumons, mais pas assez basse pour engourdir son visage et brûler ses mains. Tant qu'il ne restait pas immobile et au vent, il aurait pu rester des heures durant errant entre les sapins et les arbres au feuillage mordoré, le silence de la forêt à peine dérangé par le léger crépitement des feuilles mortes et de la mousse sous ses pas et le piaillement des oiseaux. Puis il s'assiérait sur le ponton branlant qui s'avançait sur le lac et laisserait le vent cinglant lui balayer les cheveux devant ses yeux, sans que personne ne vienne jamais l'importuner en croisant son chemin. Il était souvent resté assis au bord de l'eau, attendant que le soleil décline lentement à l'horizon, reflétant les dernières lueurs du jour à la surface du lac immobile, avant qu'il ne disparaisse derrière les cimes pour laisser place à la singulière clarté de la nuit boréale, sans se soucier du froid qui lui mordait les joues. Personne ne serait jamais venu le chercher pour le ramener à la maison. Lenowe se retourna pour vérifier que Ziva, rendue admirative par la solennité du paysage, le suivait toujours. Ils n'avaient pas échangé un mot depuis le début de la promenade et n'avaient croisé une femme engoncée dans sa doudoune, la tête enfoncée dans un bonnet de laine, accompagnée de son chien. Celle-ci avait à peine détourné les yeux vers eux et avait continué son chemin. "J'aime beaucoup cet endroit, dit Ziva -Oui, moi aussi" avoua Lenowe. "Mais il me rappelle trop de souvenirs âpres". Il frissonna en apercevant la maison peinte en jaune avec à l'arrière une terrasse et un escalier donnant sur le lac. "C'est la maison de ma mère". Il ne précisa pas qu'elle avait aussi été la sienne pendant de trop longues années, même si Ziva le comprit très bien. "Elisha habite la maison d'un oncle qui est parti passer sa retraite au soleil. La maison gris foncé, avec les fenêtres noires, juste à côté de la jaune, c'était la maison de notre tante paternelle" continua-t-il en pointant du doigt la baraque qui aurait mérité un bon rafraîchissement. Son regard resta fixé sur la grande baie vitrée de la maison jaune. Sa mère était peut-être assise derrière la fenêtre, à l'affut du moindre mouvement dans le voisinage. Il s'était dit que si sa vue était toujours assez bonne pour voir son fils dont la silhouette sombre se découpait nettement devant les arbres, elle tomberait peut-être à la renverse de son fauteuil à bascule et se fracasserait le crâne par terre. Rapide et efficace. Sans s'en rendre compte, ils eurent bientôt atteint l'opposé du point d'où ils étaient partis. Le devant de leur voiture de location dépassait de derrière un arbre, et la maison d'Elisha était juste derrière, à peine visible. Lenowe sortit son portable de sa poche. Il était plus de midi. "Tu veux rentrer?" Demanda-t-il à Ziva. Elle lui répondit par un haussement des épaules indifférent et décida pour elle en revenant sur leurs pas. Le soleil était camouflé par les nuages écumeux insensiblement poussés par le vent. Une fois rentrés au chaud, ils se satisfirent d'une miche de pain de seigle rassis et d'un reste de pommes de terre sautées et de boulettes de viande laissées par Elisha. Ziva commençait à sentir les effets du décalage horaire et du manque de sommeil et n'avait pas vraiment faim. Lenowe ne paraissait absolument pas dérouté ni par le voyage, ni par le changement de température. Même si elle avait grandi sous un climat tempéré, Ziva avait passé de nombreuses années dans le désert et n'avait pas mis une écharpe et un épais manteau depuis un bout de temps. Lenowe lui fit rapidement faire le tour de la maison. Trois chambres, dont une servant de bureau à Elisha, et une autre, à l'étage, la chambre d'amis. Deux salles de bain. Un jardin sans clôture à l'arrière qui était seulement délimité par un chemin au fond et un énorme rocher sur un coté. Leur chambre, même si elle était située sous le toit, était la pièce la plus froide de la maison, mais certainement la mieux décorée. Les murs comme le sols étaient en bois clair, en accord avec le reste du mobilier, avec quelques accents turquoise, noir et beige ça et là. Le tapis à poils couleur crème et l'avalanche d'oreillers moelleux sur le lit rendaient le tout particulièrement douillet, faisant presque oublier la température insuffisante. "Il fait froid ici" avait dit Lenowe. Ziva n'avait pas besoin de confirmation pour s'en rendre compte. Elisha avait laissé un panier sur le lit, contenant une boîte de biscuits, du chocolat et divers produits de bain. Lenowe se vautra dans le lit et ne bougea plus. "Je vais prendre un bain. C'est plus que mérité" l'informa Ziva en dépliant une des serviettes de toilette déposées par Elisha au pied du lit "Ouais ouais". Lenowe était plus intéressé par l'idée de s'enrouler dans la couette rembourrée, de se caler au milieu des coussins et d'y rester. Il faisait encore plus froid dans la salle de bain voisine que dans la chambre. Ziva se dépêcha de remplir la baignoire à pieds en émail jaune et y jeta une des bombes de bain pailletées qu'Elisha avait laissées dans le panier que Ziva trouvait complètement futiles. Elle se dépêcha de retirer ses vêtements et se glissa dans l'eau brûlante. N’ayant eu qu’une douche chez elle, elle avait presque oublié à quel point prendre un véritable bain était plaisant. Ziva ferma les yeux un instant et se laissa submerger par la douce vapeur.
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mar 31 Jan 2017, 05:08 | |
| Quel lieu magnifique pour l’âpre enfance de Lenowe... Ils sont hors de l'espace et du temps. |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 25 Fév 2017, 19:07 | |
| Chapitre 23- Spoiler:
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, l'eau était glaciale, et ce depuis longtemps. Ses pieds et ses mains étaient gelés et elle avait l'impression d'avoir plongé nue dans la neige. A part cela, elle se sentait agréablement bien. La balade dans la forêt et sa sieste avaient été bénéfiques. Elle se sécha et renfila ses vêtements en moins d'une minute, sauf son jean qu'elle avait laissé quelque part dans le couloir. A son retour dans la chambre, Lenowe était sorti de sous la couette et avait sorti l'ordinateur de la valise. Elle fut horrifiée de le voir seulement en t-shirt pour une raison inconnue. A la lumière qui décroissait dans la pièce, elle jugea qu'il devait être presque quatre heures de l'après-midi. "Putain, il fait vraiment, vraiment froid dans cette salle de bain". Elle était frigorifiée, et ses cheveux étaient trempés; elle n'avait pas trouvé de sèche-cheveux. Lenowe leva les yeux de l'écran et lui adressa un regard confus qui voulait dire "Qu'est-ce que j'y peux?" Ziva s'assit sur le bord du lit en grelottant et tenta en vain de tirer un bout de la couette sur laquelle Lenowe était assis pour couvrir ses jambes nues. Les clés de sa valise dans laquelle devait bien se trouver un pull étaient dans son sac à main. En bas. Elle allait demander à Lenowe de lui prêter le sweat qu'il avait posé sur la chaise en face du lit, mais, pris d'un élan de bonne volonté, il posa le Macbook sur la table de chevet et l'entoura de ses bras pour la réchauffer. Elle aurait peut-être finalement préféré un sweat trop grand. Il resta figé, le menton posé contre son épaule. "Tu as toujours froid?" Lui susurra-t-il. Elle ne répondit pas, et ne bougea pas, indiquant une réponse positive. "Allez, donne-moi cette couette" réclama-t-elle. Il inclina légèrement la tête et elle sentit l'arête de son nez frôler son oreille. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qu'il essayait subtilement de lui dire, devinant son sourire en coin qui faisait ressortir sa canine tordue. Ziva ricana intérieurement en se demandant si elle parviendrait un jour à le calculer alors qu’il passait de l’impassibilité à un excès de spontanéité, voire d’impulsivité, en une fraction de seconde. Elle tenta de se dégager de ses bras. Elle se retourna, se dressant face à lui, et le nargua du regard. S’étant rendue compte très rapidement qu'elle n'avait pas besoin de faire d'effort particulier pour attiser la concupiscence de Lenowe, Elle mima un "non" de la tête et croisa les bras, l'air contrarié, pour l'asticoter un peu. Il n'était pas dupe et connaissait bien son jeu. Ziva profita d'un moment d'inattention de sa part pour le renverser sur le dos. Elle allait lui demander ce qu'il voulait, mais changea d'avis. La question était stupide. Elle monta sur le lit et s'assit à califourchon au-dessus de lui – elle n'avait pas envie de jouer avec lui, de le faire espérer. Pas besoin. Elle allait toujours droit au but avec lui. Ziva saisit ses poignets et les rabattit en arrière. Ses cheveux de cinabre encore moites lui tombaient sur le visage, laissant seulement leur longueur entre eux deux, et il ne voyait plus rien. Elle resserra son emprise sur ses poignets dont elle ne pouvait pas faire le tour avec ses mains et plaqua sa bouche contre la sienne. Lenowe aurait aisément pu se libérer et la maîtriser, mais il se laissa faire. C'est elle qui avait la situation en mains. Il ne put retenir un râle de stupeur qui s'évanouit au fond de sa gorge lorsqu'elle lui mordit intentionnellement le bout de la langue et commença à le tirailler avec impertinence. Il finit par dégager ses poignets et la prit par les épaules pour la redresser. Il eut l'air sonné et ses yeux aux pupilles dilatées étaient désarçonnants. Ziva secoua la tête en arrière pour remettre ses cheveux en place. "Tu n'en veux plus, de cette couette, je suppose?" Lui demanda-t-il, hébété. Ses phrases sorties de nulle part la feraient toujours rire. Ils en vinrent à balancer un par un leurs vêtements par terre et se retrouvèrent rapidement en sous-vêtements. Elle allait glisser sa main à l'arrière de sa nuque qu'il ne supportait même pas qu'on effleure lorsqu'il la saisit tout à coup par les crêtes iliaques, appuyant son pouce dans le creux de l'os, la stoppant net, envoyant un éclair fulgurant depuis le bas de son dos jusqu'en haut de sa colonne vertébrale. Lenowe sourit et fit monter ses mains effilées et sèches le long de ses côtes qui se dessinaient nettement sous sa peau tiède. Il s'évertua à détacher soutien-gorge fatigué d'un noir délavé et à la dentelle effilochée qui avait vu trop de passages à la machine, sans succès. Ziva éclata de rire. "Tu te crois malin, hein?" Hoqueta-t-elle. Elle dut s'y prendre à deux mains pour défaire l'agrafe tordue et envoya le soutien-gorge valser à l'autre bout de la pièce. Elle appréciait le contact de ses mains adroites et soignées, certes toujours froides, mais fermes, qui n'étaient pas des mains malhabiles et rugueuses. Les mains calleuses aux doigts boudinés qu'elle voyait chez beaucoup d'hommes la répugnaient. Il se montrait particulièrement attentif avec elle, alors qu'il avait été le pire égoïste avec toutes celles avant elle. Retenant du regard ses yeux d'un bleu marmoréen, elle se hasarda à lui faire quitter le dernier vêtement qu'il lui restait encore. Il lâcha un mot qu'elle ne comprit pas mais dont elle n'eut pas de mal à deviner le sens, et la laissa docilement poursuivre. Il faisait désormais nuit noire dehors, et ils étaient toujours paisiblement ensevelis sous la couette, après avoir cédé au sommeil en plein milieu de leurs ébats, alanguis par la douce chaleur de leurs corps l'un contre l'autre, et ils n'avaient pas la moindre intention d'en sortir. Un rayon lumineux provenant des phrases d'une voiture se projeta sur le mur mansardé et disparut, suivi quelques minutes plus tard du bruit de la porte d'entrée qu'on ouvre et des talons sur le parquet. "Il y a quelqu'un ici?" C'était Elisha qui était rentrée. Lenowe tendit le bras et chercha son téléphone sur la table de nuit. Il était dix-neuf heures passées et il commençait à avoir faim. Il s'étira et ramassa ses vêtements étalés par terre. "Je vais aider Elisha à faire à manger" Par là, il voulait plutôt dire qu'il allait éviter à sa sœur une catastrophe culinaire dont elle avait le secret – et il allait éviter par la même occasion de la subir. "Ouais... J'arrive" répondit Ziva en sortant sa tête de sous la couverture. Elle se retourna vers le mur et entendit les pas lourds de Lenowe dans l'escalier. Elle aurait payé cher pour qu'il rapporte juste à manger et qu'il ne revienne auprès d'elle. L'avoir à côté d'elle suffisait, même sentir un pied glacé contre sa jambe. Ils faisaient assez rarement l'amour, souvent par désintérêt sous-jacent et ambigu pour la chose, plus rarement par manque d'envie. Ils s'amusaient bien, mais c'est un jeu dont ils se lasseraient vite à force de trop y jouer. Ils n'avaient jamais vu cela comme un problème. "Vous avez passé une bonne journée?" Lui demanda Elisha en sortant une pile d'assiettes du lave-vaisselle. Elle avait l'air épuisée, en déduisit son frère à voir ses cheveux habituellement soigneusement coiffés attachés en un chignon bancal. "Ouais. On est allés faire un tour dehors." Il rabattit du plat de la main une mèche de ses cheveux qui partait en vrac, assortis à ceux de sa sœur. -Dis, j'avais pensé essayer cette nouvelle recette que j'ai... -Non, Elisha, ricana-t-il. Juste...non." Lenowe ouvrit le réfrigérateur et pria sa sœur de ne pas tenter quoi que ce soit, la gardant à distance; Ziva redescendit pile à temps pour la distraire cinq minutes. Elisha attrapa deux bouteilles de bière sur la table de la cuisine et partit avec elle dans le salon. Le dîner fut morose. Ils mangèrent sans un mot le poulet et les légumes jetés dans une poêle préparés avec tant d'attention par Lenowe qu'il avait accidentellement renversé un peu trop de persil dans ladite poêle. De temps à autre, Elisha posait une question aussi banale que quelconque à Ziva pour espérer apprendre quelque chose sur elle. De toute manière, voir son frère avec une femme aussi taciturne que lui – on ne pouvait pas faire pire que lui - ne l'étonnait pas le moins du monde. Ils attaquèrent le dessert acheté tout prêt par Elisha, un gâteau dégoulinant de crème et de confiture de groseille. "Ça doit être agréable pour toi de prendre un peu de vacances, non?" Demanda Elisha à sa voisine de table. Elle ne poserait pas la question à son frère, débordant d'enthousiasme, comme toujours. "Plus ou moins. On va dire que oui. Je suis dans une situation assez délicate en ce moment, je... -Elle part travailler à Londres, dit Lenowe, toujours un peu amer. Sa fourchette cliqueta contre son assiette vide. Les groseilles du gâteau d'Elisha avaient un arrière-goût un peu trop acide. -Oups" glapit Elisha. A voir Ziva qui fusillait Lenowe du regard, elle regretta d'avoir loupé une occasion de se taire et se resservit une part de gâteau. "Excuse-moi, je peux entrer?" Demanda Elisha en frappant doucement sur le montant de la porte entrouverte de la chambre. "Oui, bien sûr." Ziva était assise sur le bord du lit, son ordinateur portable sur les genoux, emmitouflée dans un sweat trois fois trop grand piqué à Lenowe, à l'effigie d'un groupe dont elle avait du l'entendre parler une ou deux fois. Elisha se rapprocha à petits pas d'elle et lui tendit une tasse de thé bouillant, qu’elle accepta volontiers. "Où est passé Lenowe? Demanda Ziva en refermant son portable. -Il est parti faire un tour avec Lakritsi. Le chien des voisins" s'empressa d'ajouter Elisha, constatant l'incompréhension de Ziva. "Je suis vraiment désolée d'avoir fait une erreur tout à l'heure. Je me sens mal d'avoir... -Non, Elisha, ne t'excuse pas. Ton frère a disons un peu de mal à l'accepter, mais il s'en remettra. -Tu en es sûre? -Il n'aura pas le choix, soutint-elle en remuant le thé trop chaud dans la tasse. Elisha éloigna la sienne de ses lunettes recouvertes de buée et soupira. "Je vais te laisser. Tu dois être vraiment crevée, après ce voyage. Demain, Lenowe m'a dit qu'il avait prévu de passer chez un de ses amis. Je serais toi, je n'irais pas avec lui. Enfin je dis ça, je dis rien. A demain" sourit Elisha en tapotant amicalement le genou droit de Ziva. Une fois Elisha partie, elle éteint son ordinateur et se glissa sous la couette. Lenowe rentra à la maison une demi-heure plus tard, et tenta gauchement de faire le moins de bruit possible. Il donna accidentellement un coup de pied dans sa valise et sa tapa la tête contre la mansarde du toit. "Arrête de faire comme si tu étais discret, Lenowe". Ziva ne dormait toujours pas, le décalage horaire n'aidant pas. Les lattes du sommier craquèrent sous son poids lorsqu'il se jeta sur le matelas. "Je vais aller voir un ami à moi qui habite à cinquante kilomètres d'ici, demain. T'es pas obligée de venir si tu..." Une main froide se posa sur son épaule. -On verra ça demain" marmonna-t-elle en se tournant dos à lui.
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 25 Fév 2017, 19:07 | |
| Chapitre 23- Spoiler:
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, l'eau était glaciale, et ce depuis longtemps. Ses pieds et ses mains étaient gelés et elle avait l'impression d'avoir plongé nue dans la neige. A part cela, elle se sentait agréablement bien. La balade dans la forêt et sa sieste avaient été bénéfiques. Elle se sécha et renfila ses vêtements en moins d'une minute, sauf son jean qu'elle avait laissé quelque part dans le couloir. A son retour dans la chambre, Lenowe était sorti de sous la couette et avait sorti l'ordinateur de la valise. Elle fut horrifiée de le voir seulement en t-shirt pour une raison inconnue. A la lumière qui décroissait dans la pièce, elle jugea qu'il devait être presque quatre heures de l'après-midi. "Putain, il fait vraiment, vraiment froid dans cette salle de bain". Elle était frigorifiée, et ses cheveux étaient trempés; elle n'avait pas trouvé de sèche-cheveux. Lenowe leva les yeux de l'écran et lui adressa un regard confus qui voulait dire "Qu'est-ce que j'y peux?" Ziva s'assit sur le bord du lit en grelottant et tenta en vain de tirer un bout de la couette sur laquelle Lenowe était assis pour couvrir ses jambes nues. Les clés de sa valise dans laquelle devait bien se trouver un pull étaient dans son sac à main. En bas. Elle allait demander à Lenowe de lui prêter le sweat qu'il avait posé sur la chaise en face du lit, mais, pris d'un élan de bonne volonté, il posa le Macbook sur la table de chevet et l'entoura de ses bras pour la réchauffer. Elle aurait peut-être finalement préféré un sweat trop grand. Il resta figé, le menton posé contre son épaule. "Tu as toujours froid?" Lui susurra-t-il. Elle ne répondit pas, et ne bougea pas, indiquant une réponse positive. "Allez, donne-moi cette couette" réclama-t-elle. Il inclina légèrement la tête et elle sentit l'arête de son nez frôler son oreille. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qu'il essayait subtilement de lui dire, devinant son sourire en coin qui faisait ressortir sa canine tordue. Ziva ricana intérieurement en se demandant si elle parviendrait un jour à le calculer alors qu’il passait de l’impassibilité à un excès de spontanéité, voire d’impulsivité, en une fraction de seconde. Elle tenta de se dégager de ses bras. Elle se retourna, se dressant face à lui, et le nargua du regard. S’étant rendue compte très rapidement qu'elle n'avait pas besoin de faire d'effort particulier pour attiser la concupiscence de Lenowe, Elle mima un "non" de la tête et croisa les bras, l'air contrarié, pour l'asticoter un peu. Il n'était pas dupe et connaissait bien son jeu. Ziva profita d'un moment d'inattention de sa part pour le renverser sur le dos. Elle allait lui demander ce qu'il voulait, mais changea d'avis. La question était stupide. Elle monta sur le lit et s'assit à califourchon au-dessus de lui – elle n'avait pas envie de jouer avec lui, de le faire espérer. Pas besoin. Elle allait toujours droit au but avec lui. Ziva saisit ses poignets et les rabattit en arrière. Ses cheveux de cinabre encore moites lui tombaient sur le visage, laissant seulement leur longueur entre eux deux, et il ne voyait plus rien. Elle resserra son emprise sur ses poignets dont elle ne pouvait pas faire le tour avec ses mains et plaqua sa bouche contre la sienne. Lenowe aurait aisément pu se libérer et la maîtriser, mais il se laissa faire. C'est elle qui avait la situation en mains. Il ne put retenir un râle de stupeur qui s'évanouit au fond de sa gorge lorsqu'elle lui mordit intentionnellement le bout de la langue et commença à le tirailler avec impertinence. Il finit par dégager ses poignets et la prit par les épaules pour la redresser. Il eut l'air sonné et ses yeux aux pupilles dilatées étaient désarçonnants. Ziva secoua la tête en arrière pour remettre ses cheveux en place. "Tu n'en veux plus, de cette couette, je suppose?" Lui demanda-t-il, hébété. Ses phrases sorties de nulle part la feraient toujours rire. Ils en vinrent à balancer un par un leurs vêtements par terre et se retrouvèrent rapidement en sous-vêtements. Elle allait glisser sa main à l'arrière de sa nuque qu'il ne supportait même pas qu'on effleure lorsqu'il la saisit tout à coup par les crêtes iliaques, appuyant son pouce dans le creux de l'os, la stoppant net, envoyant un éclair fulgurant depuis le bas de son dos jusqu'en haut de sa colonne vertébrale. Lenowe sourit et fit monter ses mains effilées et sèches le long de ses côtes qui se dessinaient nettement sous sa peau tiède. Il s'évertua à détacher soutien-gorge fatigué d'un noir délavé et à la dentelle effilochée qui avait vu trop de passages à la machine, sans succès. Ziva éclata de rire. "Tu te crois malin, hein?" Hoqueta-t-elle. Elle dut s'y prendre à deux mains pour défaire l'agrafe tordue et envoya le soutien-gorge valser à l'autre bout de la pièce. Elle appréciait le contact de ses mains adroites et soignées, certes toujours froides, mais fermes, qui n'étaient pas des mains malhabiles et rugueuses. Les mains calleuses aux doigts boudinés qu'elle voyait chez beaucoup d'hommes la répugnaient. Il se montrait particulièrement attentif avec elle, alors qu'il avait été le pire égoïste avec toutes celles avant elle. Retenant du regard ses yeux d'un bleu marmoréen, elle se hasarda à lui faire quitter le dernier vêtement qu'il lui restait encore. Il lâcha un mot qu'elle ne comprit pas mais dont elle n'eut pas de mal à deviner le sens, et la laissa docilement poursuivre. Il faisait désormais nuit noire dehors, et ils étaient toujours paisiblement ensevelis sous la couette, après avoir cédé au sommeil en plein milieu de leurs ébats, alanguis par la douce chaleur de leurs corps l'un contre l'autre, et ils n'avaient pas la moindre intention d'en sortir. Un rayon lumineux provenant des phrases d'une voiture se projeta sur le mur mansardé et disparut, suivi quelques minutes plus tard du bruit de la porte d'entrée qu'on ouvre et des talons sur le parquet. "Il y a quelqu'un ici?" C'était Elisha qui était rentrée. Lenowe tendit le bras et chercha son téléphone sur la table de nuit. Il était dix-neuf heures passées et il commençait à avoir faim. Il s'étira et ramassa ses vêtements étalés par terre. "Je vais aider Elisha à faire à manger" Par là, il voulait plutôt dire qu'il allait éviter à sa sœur une catastrophe culinaire dont elle avait le secret – et il allait éviter par la même occasion de la subir. "Ouais... J'arrive" répondit Ziva en sortant sa tête de sous la couverture. Elle se retourna vers le mur et entendit les pas lourds de Lenowe dans l'escalier. Elle aurait payé cher pour qu'il rapporte juste à manger et qu'il ne revienne auprès d'elle. L'avoir à côté d'elle suffisait, même sentir un pied glacé contre sa jambe. Ils faisaient assez rarement l'amour, souvent par désintérêt sous-jacent et ambigu pour la chose, plus rarement par manque d'envie. Ils s'amusaient bien, mais c'est un jeu dont ils se lasseraient vite à force de trop y jouer. Ils n'avaient jamais vu cela comme un problème. "Vous avez passé une bonne journée?" Lui demanda Elisha en sortant une pile d'assiettes du lave-vaisselle. Elle avait l'air épuisée, en déduisit son frère à voir ses cheveux habituellement soigneusement coiffés attachés en un chignon bancal. "Ouais. On est allés faire un tour dehors." Il rabattit du plat de la main une mèche de ses cheveux qui partait en vrac, assortis à ceux de sa sœur. -Dis, j'avais pensé essayer cette nouvelle recette que j'ai... -Non, Elisha, ricana-t-il. Juste...non." Lenowe ouvrit le réfrigérateur et pria sa sœur de ne pas tenter quoi que ce soit, la gardant à distance; Ziva redescendit pile à temps pour la distraire cinq minutes. Elisha attrapa deux bouteilles de bière sur la table de la cuisine et partit avec elle dans le salon. Le dîner fut morose. Ils mangèrent sans un mot le poulet et les légumes jetés dans une poêle préparés avec tant d'attention par Lenowe qu'il avait accidentellement renversé un peu trop de persil dans ladite poêle. De temps à autre, Elisha posait une question aussi banale que quelconque à Ziva pour espérer apprendre quelque chose sur elle. De toute manière, voir son frère avec une femme aussi taciturne que lui – on ne pouvait pas faire pire que lui - ne l'étonnait pas le moins du monde. Ils attaquèrent le dessert acheté tout prêt par Elisha, un gâteau dégoulinant de crème et de confiture de groseille. "Ça doit être agréable pour toi de prendre un peu de vacances, non?" Demanda Elisha à sa voisine de table. Elle ne poserait pas la question à son frère, débordant d'enthousiasme, comme toujours. "Plus ou moins. On va dire que oui. Je suis dans une situation assez délicate en ce moment, je... -Elle part travailler à Londres, dit Lenowe, toujours un peu amer. Sa fourchette cliqueta contre son assiette vide. Les groseilles du gâteau d'Elisha avaient un arrière-goût un peu trop acide. -Oups" glapit Elisha. A voir Ziva qui fusillait Lenowe du regard, elle regretta d'avoir loupé une occasion de se taire et se resservit une part de gâteau. "Excuse-moi, je peux entrer?" Demanda Elisha en frappant doucement sur le montant de la porte entrouverte de la chambre. "Oui, bien sûr." Ziva était assise sur le bord du lit, son ordinateur portable sur les genoux, emmitouflée dans un sweat trois fois trop grand piqué à Lenowe, à l'effigie d'un groupe dont elle avait du l'entendre parler une ou deux fois. Elisha se rapprocha à petits pas d'elle et lui tendit une tasse de thé bouillant, qu’elle accepta volontiers. "Où est passé Lenowe? Demanda Ziva en refermant son portable. -Il est parti faire un tour avec Lakritsi. Le chien des voisins" s'empressa d'ajouter Elisha, constatant l'incompréhension de Ziva. "Je suis vraiment désolée d'avoir fait une erreur tout à l'heure. Je me sens mal d'avoir... -Non, Elisha, ne t'excuse pas. Ton frère a disons un peu de mal à l'accepter, mais il s'en remettra. -Tu en es sûre? -Il n'aura pas le choix, soutint-elle en remuant le thé trop chaud dans la tasse. Elisha éloigna la sienne de ses lunettes recouvertes de buée et soupira. "Je vais te laisser. Tu dois être vraiment crevée, après ce voyage. Demain, Lenowe m'a dit qu'il avait prévu de passer chez un de ses amis. Je serais toi, je n'irais pas avec lui. Enfin je dis ça, je dis rien. A demain" sourit Elisha en tapotant amicalement le genou droit de Ziva. Une fois Elisha partie, elle éteint son ordinateur et se glissa sous la couette. Lenowe rentra à la maison une demi-heure plus tard, et tenta gauchement de faire le moins de bruit possible. Il donna accidentellement un coup de pied dans sa valise et sa tapa la tête contre la mansarde du toit. "Arrête de faire comme si tu étais discret, Lenowe". Ziva ne dormait toujours pas, le décalage horaire n'aidant pas. Les lattes du sommier craquèrent sous son poids lorsqu'il se jeta sur le matelas. "Je vais aller voir un ami à moi qui habite à cinquante kilomètres d'ici, demain. T'es pas obligée de venir si tu..." Une main froide se posa sur son épaule. -On verra ça demain" marmonna-t-elle en se tournant dos à lui.
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 25 Fév 2017, 19:36 | |
| Donc, une histoire d'amour qui perdure malgré tout, malgré même leurs doutes et leur capacité à l'admettre... Une sœur gaffeuse, et un ami étrange.... |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Sam 11 Mar 2017, 15:11 | |
| Merci pour tous ces commentaires que tu me laisses à chaque fois Je ne savais pas où couper mon texte, alors aujourd'hui c'est deux chapitres pour le prix d'un. Chapitre 24- Spoiler:
La maison resta silencieuse plusieurs minutes après qu'il ait appuyé sur la vieille sonnette. Le nom écrit à la hâte sur une petite étiquette était illisible. Lenowe s'apprêtait à faire demi-tour, déçu et agacé par l'inutilité du voyage, puis revint sur le perron en se disant qu'elle ne marchait sûrement plus, lorsqu'une voix râpeuse l'interpella de derrière la fenêtre de la cuisine. "Ouais, ouais, j'arrive, t'énerve pas mon vieux". L'homme parlait suédois avec un fort accent finlandais. La clé tourna dans la serrure, et la porte s'ouvrit. Il eut à peine le temps d'esquisser un pas en arrière pour laisser son invité entrer que Lenowe lui décrocha une droite bien placée quoique volontairement inoffensive sur le coin de la mâchoire. Un peu sonné, il resta bouche bée. "Ça, c'est pour avoir été emmerder ma sœur. -Bordel, qu'est-ce qui te prend, l'Américain? Je lui ai rien fait à ta sœur. -Ah ouais, la draguer plus que lourdement alors qu'elle te demande très courtoisement d'aller te faire foutre et qu'elle t'a clairement fait comprendre qu'elle était déjà avec sa copine, tu trouves ça sympa? -Ben je... -N'essaie pas de te défendre." L'homme à la barbe rousse passa sa main sur son visage rêche et souffla. Lenowe resta en retrait, anticipant une éventuelle riposte, mais son ami poussa la porte et retourna dans la maison. "Les gens polis disent bonjour, sinon. Vas-y, entre." Lenowe le suivit dans la maison qu'un maniaque comme lui aurait vu comme décor de ses pires cauchemars. Les bouteilles et les cannettes vides s'entassaient dans un coin, tout comme la vaisselle sale dans l'évier. Son hôte débarrassa la table d'un revers de main, faisant tomber barquettes en carton vides et cannettes par terre dans un fracas, et s'assit sur une des deux vieilles chaises en bois qui constituaient pour dire la seule décoration spartiate de la pièce. Lenowe ne se souvenait pas tellement de la maison, mais ce qui n'avait pas changé, c'est que c'était toujours un bordel sans nom et qu'il n'y avait pas non plus de chauffage. Le contraire l’aurait un peu surpris. "Alors, comment ça va, mon vieux?" Il prit volontairement un accent américain caricatural. "Spade, arrête des conneries. -C'est bon, grogna ce dernier. Je déconne." Spade, ou de son véritable nom Håkan Ruske, passa sa main à travers sa barbe clairsemée et ramena en arrière ses cheveux aux racines graisseuses de la même couleur orange brûlée. Il tenait son surnom de la cicatrice que dissimulait sa barbe, récoltée lors d'une baston qui avait fini à coup de bêche. Håkan connaissait Lenowe depuis le collège; ils avaient tous les deux fait des conneries dans leur jeunesse, mais contrairement à ce dernier, il n'avait pas estimé utile pour lui de retrouver le droit chemin et trempait toujours dans des affaires plus que louches, le genre d'affaires que Lenowe et ses collègues œuvraient à réprimer. "Pourquoi est-ce que tu reviens soudain à la maison?" Spade se leva et partit chercher deux bières dans le réfrigérateur. Il n'était même pas dix heures du matin, alors Lenowe déclina l'offre. "C'est l'anniversaire d'Elisha. -Je suis invité? -Non, le rembarra Lenowe. -Qu'est-ce que tu viens foutre ici alors?" Continua Spade en décapsulant sa bouteille. Lenowe ne dit rien. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait conduit cinquante bornes juste pour passer dire bonjour à Spade. Certes, ils étaient amis - enfin c'est ce que des gens normaux auraient dit - mais n'étaient pas restés tellement proches. "T'as encore des emmerdes avec ta mère, c'est ça." Lui et Spade avaient en commun trois choses qui les avaient amenés à traîner ensemble: leur insatiable motivation à faire toutes les pires conneries possibles, leurs goûts musicaux et la situation de leurs parents respectifs qui avaient finis dépressifs et alcooliques. Ce qui les guettait probablement l'un comme l'autre s'ils ne prenaient pas garde, surtout Spade. Ni l'un ni l'autre n'avaient beaucoup de volonté ni de self-control, mais Spade était le pire des deux. "Il doit me rester du café, t'en veux?" Spade retourna dans la cuisine, laissant Lenowe dans le coin qui servait de salle à manger. Il jeta un œil par la fenêtre sans rideaux, tellement sale et couverte de buée qu'elle en était presque opaque et aperçut une vieille bagnole rouillée qu'il identifia comme celle du père de Spade. Lenowe n'avait aucune idée du moyen de subsistance de Håkan, mais il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'il était officiellement au chômage et officieusement gagnait son pain de manière pas très orthodoxe. "Je suis désolé, j'en ai plus, du café. Tant pis. -Ouais, c'est pas grave." Lenowe préféra ne pas avoir de café plutôt que de devoir boire des restes douteux trouvés au fond de la cuisine. Il ne se serait pas gêné pour dire à son hôte de manière tout à fait délicate que c'était imbuvable. Une voiture passa sur le chemin devant la maison – chose assez surprenante- et Spade vérifia qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un qu'il connaissait, méfiant. Il se rassit et revint à sa conversation avec Lenowe. Ce dernier ne s'attendait pas à une discussion philosophique. Tant mieux, d'un certain côté. "Eh, faut que je te raconte ça. L'autre jour j'ai revu Saija, et je dois te dire qu'en la lourdant, t'as fait une sacrée erreur. C'est une bombe. Remarque, tu pourrais essayer de recoller les morceaux avec elle et... -Non, Spade." Lenowe se gratta nerveusement le cou et se rendit compte qu'une marque de griffure courait de son oreille gauche jusqu'à sa clavicule. L'image floue d'une grande femme aux cheveux châtains coupés courts et aux yeux vert-de-gris lui revint à l'esprit. Dans ses souvenirs, Saija était une très belle femme. Mais elle n'était pas franchement sagace. "Ah, je vois" Spade fronça les sourcils. "Tu as trouvé encore mieux que Saija." Lenowe ricana. Ça n'était pas difficile de trouver mieux que Saija, tout compte fait. "Ouais, c'est ça. -Une américaine?" Lorsque ça parlait de ragots en tout genre, Spade était une vraie commère. "A moitié. -Et elle est comment?" Lenowe se mordit la joue. -Intraitable. Farouche. Tu aurais pu le voir toi-même, mais je lui ai conseillé de ne pas m'accompagner te rendre visite." Spade fit un grand sourire, dévoilant sa dentition jaunie par des années de cigarette. "C'est elle qui t'a fait ce truc sur ton cou, hein?" Lenowe fut confus de voir Spade tirer des conclusions aussi rapides. "Excuse-moi? -Je suis moins con que j'en ai l'air. -Permets-moi d'en douter, Spade, objecta Lenowe en riant -T'as pris un sacré coup de vieux, mais t'es visiblement toujours un connard. Allez, réponds à ma question..." Elisha s'assit confortablement sur un des tabourets de la cuisine, une tasse de thé et un cookie devant elle, profitant d'un moment de répit. Sa journée de travail avait été interminable, et maintenant elle était enfin seule à la maison. Lenowe était parti chez Spade, et Ziva en balade quelque part – sans la voiture, elle ne pouvait pas être partie très loin. Elisha sortit son portable de sa poche, qu’elle n’avait pas consulté depuis sa pause déjeuner, et s'inquiéta en voyant qu'un numéro inconnu avait tenté de la joindre plusieurs fois dans l'après-midi et avait laissé un message. "Bonjour Mademoiselle Letnara. Je suis... Je suis le docteur Korhonen de l'hôpital de Turku. J'aimerais que vous me rappeliez au plus vite. Merci beaucoup." La femme parlait finnois et n'avait pas beaucoup d'assurance dans la voix. Elisha réfléchit un instant; elle n'attendait pas de résultats d'examens, et n'avait jamais entendu parler de cette doctoresse, même si elle avait maintenant une connaissance assez étendue de l'hôpital en question. Elle goba son cookie, souffla sur les miettes abandonnées sur la table pour s’en débarasser, et rappela le numéro. Le docteur décrocha après trois sonneries. "Docteur Korhonen, j'écoute. -Je suis Ellika Letnara. Vous m'avez... -Oui. Je... C'est... c'est à propos de Kalle, votre mère. Est-ce que... est-ce que vous pourriez passer à l'hôpital?" Elisha sentit des fourmillements dans ses mains et son rythme cardiaque s'emballa en même temps que ses oreilles commencèrent à bourdonner. Ce genre de phrase ne présageait jamais rien de bon. Il n’en fallut pas plus pour l’alarmer. "Qu'est-ce qui se passe? -Est-ce que vous ne préfèreriez pas venir me voir? Insista la doctoresse. "Vous en êtes sûre? Redemanda-t-elle après les protestations d'Elisha. "Non... Dites-moi plutôt ce qui ne va pas." La doctoresse inspira profondément et hésita. La ligne resta silencieuse un instant. "Un des voisins de votre mère l'a retrouvée dans le lac en bas de chez elle ce matin. Je suis au regret de vous annoncer que... qu'elle s'est noyée" Elisha ne comprenait pas. "Quoi ? Comment ça?" Ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque. Tout allait trop vite. Elle ne comprenait plus ce que lui disait la femme au téléphone. "Je suis vraiment, vraiment désolée, Mademoiselle... -Non, ce n'est pas possible, vous devez vous être trompée. C'est... impossible". Sa voix se brisa. Elle aurait préféré qu'il s'agisse d'une erreur, mais ça n'en était pas une, et elle le savait. "Il faut que vous veniez me voir au plus vite. -D'accord. D'accord. J'arrive." Balbutia-t-elle machinalement. Elisha reposa calmement le téléphone sur la table et s'effondra à genoux sur le carrelage froid et dur. Une première larme roula doucement le long de sa joue, puis elle éclata en sanglots. Lenowe retrouva sa sœur assise par terre dans la cuisine, le visage trempé de larmes et les yeux rougis. Elle tremblait et ne put rien lui dire jusqu'à ce qu'il l'emmène dans le salon avec une boîte de mouchoirs. Sa sœur resta percluse. Elle avait arrêté de pleurer, mais les coins de ses lèvres tremblotaient toujours. "Maman est... elle... elle s'est... noyée... bafouilla Elisha -Répète? -Hôpital a appelé... Elle s'est noyée dans... dans le lac." Il fut sincèrement et profondément affligé de voir sa sœur dévastée, mais son empathie s'arrêtait là. En ce qui concernait sa mère, il se refusa à montrer le moindre signe de peine. Elisha lui indiqua entre deux reniflements bruyants son téléphone sur la table de la cuisine. Lenowe rechercha le dernier numéro appelé et sortit de la maison. Avec seulement un sweat sur le dos, il commença rapidement à sentir le froid. La nuit commençait déjà tomber. "Mademoiselle Letnara? Demanda une voix féminine assez haut perchée dont il n'aima pas l'intonation. -Non, je suis son frère." Il fut obligé de lui parler finnois, et il n'en fut pas réjoui. Il lui arrivait de faire semblant de ne pas le comprendre, mais cette fois, il n'avait pas vraiment le choix. "Je suis désolée d'avoir à vous annoncer une telle nouvelle. Je... -Non, dites-moi simplement ce qui se passe. Je sais, dit-il sur un ton parfaitement résolu, ce que comprit immédiatement le docteur Korhonen. -Ce matin, un des voisins de votre mère l'a trouvée au bord du lac, dans l'eau, inanimée. Les secours sont intervenus, mais il était déjà trop tard." Lenowe donna un coup de pied dans la paire de bottes de jardinage à motif léopard qui traînaient sous le porche, les envoyant sur le parterre de fleurs rabougries. Il lui répondit par un laconique "Ok." "Vous êtes sûr que tout va bien? -Oui, oui. Depuis quand elle était dans l'eau ? Lenowe le lieutenant de police remplaça Lenowe le pire salopard du monde qui n'en a carrément rien à foutre de sa mère. "Ça n'est pas très sûr, mais très certainement depuis hier soir. Elle était...particulièrement alcoolisée. -Ah" dit-il à voix basse. "Ça devait bien arriver un jour" pensa-t-il si fort qu'il espéra ne pas le dire tout haut sans s'en rendre compte. "Est-ce que vous et votre sœur pourraient venir me voir à l'hôpital de Turku? -Oui, bien sûr. -Je vous laisse le temps qu'il faudra." Lenowe lui souhaita une bonne soirée comme s'Il s'agissait de n'importe quel autre banal coup de fil et partit retrouver sa sœur. Elle constata son ostensible détachement, mais ne dit rien. Elle n'avait même pas la force de lever ses yeux bouffis vers lui alors que son frère s'assit à côté d'elle. Il sortit son téléphone de sa poche en se demandant quand allait rentrer Ziva et se dit soudain qu'il avait eu une très mauvaise idée en acceptant l'invitation d'Elisha et qu'il avait vraiment, vraiment la poisse. Elisha était partie se recueillir dans sa chambre lorsqu’un bruit de pas sur les lattes du porche se rapprocha. Ziva ouvrit la porte, et bâiller fut la première chose qu'elle fit. "Tu t'es bien amusé avec ton vieux pote? Eh, ce matin ta sœur m'a montré des vieilles photos de toi. Heureusement qu'à un moment tu as décidé de te couper les cheveux et... -Ouais... J'attendais pas grand-chose de ces retrouvailles." Il fit une pause et ne commenta pas l'anecdote. "Viens ici, faut que je te dise quelque chose." Il sembla à Ziva qu'il avait l'air anormalement trop sérieux. Elle s'assit sur le fauteuil en face de lui et lui signala qu'elle était prête à l'écouter. "Pour faire très simple... Ma mère - enfin celle à Elisha aussi – a eu un... accident." Son euphémisme ne se voulait même pas ironique. "Elle est morte." Ziva resta muette d'effarement. "Je suis désolée, murmura-t-elle -Non. Ça ne me fait absolument rien. Je t'en voudrais pas si tu penses que je suis le mec le plus infâme qui soit" dit-il en se baissant vers elle. Il resta totalement impartial face à la situation; il considérait que sa mère l'avait en partie ruiné, l'avait rendu incapable de s'exprimer et de maintenir un contact social à peu près normal, mais rejeter toute la faute sur elle aurait été faire preuve de mauvaise foi. Avait-elle été une mère exemplaire, elle n'aurait pas fait de lui un philanthrope. Lenowe était surtout incapable de savoir comment il était supposé réagir. "Je ne pense rien." Elle ne pouvait prétendre se mettre à sa place, encore moins comprendre. Elle aurait certainement réagi comme Elisha s'il s'était agit d'un de ses parents. Ils s'étaient montrés tout à fait aimants et attentionnés avec elle. Un peu trop, d'ailleurs. Au contraire des parents de Lenowe, elle s'était rendue compte en devenant adulte que les siens avaient toujours cherché à la contrôler et à la diriger un peu trop. Mais elle ne leur en voulait pour rien d'autre. Ils n'avaient jamais été malveillants avec elle. Kalle Letnara, elle, l'avait été. Le père de ses enfants avait été guère mieux. "Je vais voir ma tante. Je reviens" Lenowe enfila son manteau et ses chaussures et sortit de la maison, sans plus un mot. Chapitre 25 - Spoiler:
La semaine qui suivit fut comme un tunnel. Lenowe fut incapable de se souvenir de quoique ce soit. La fête d'anniversaire prévue d'Elisha se transforma en une lugubre réunion de famille, le genre qu'on préfère éviter. La seule chose qui l'irrita plus que raison fut le "Ta maison, c'est ici" envenimé que lui balança une tante éloignée, qui ne lui évoquait rien de plus que des interminables repas de famille quand il était enfant, lorsqu'il souffla à Ziva, qui ne s'était jamais aussi mal à l'aise, "On rentre à la maison maintenant" à la fin des obsèques de sa mère. Elisha avait été profondément blessée par la réaction de son frère, ou plutôt, par son absence de réaction. Elle n'avait pas osé lui faire remarquer. Lenowe n'hésitait pas à faire preuve d'hypocrisie, mais cette fois, il en fut incapable. Son soulagement ne fut que de courte durée quand ils atterrirent à Dallas, au moment où il se rappela que dans à peine plus d'une semaine, il se retrouverait seul. Pour combien de temps, il n’en avait aucune idée. A son retour au commissariat, une pile de courrier et un paquet de dossiers était apparu sur le coin de son bureau. Il lut en diagonale les lettres qu’il balança dans un trieur et feuilleta les dossiers. Une fusillade dans un club de boxe. Trois victimes, cinq blessés, un suspect arrêté. Il ne sut pas si on lui demandait de prendre le relais ou si c’était Elin qui s’en était occupé avant de partir en congés. Dans tout les cas, c’était à lui de s’en occuper, en déduisit-il. En triant la paperasse étalée partout devant lui, il tomba sur un téléphone portable du genre smartphone bas de gamme, emballé dans un sachet plastique scellé avec un petit mot épinglé dessus : « Téléphone que Mme Martino a retrouvé planqué chez elle – je t’ai envoyé une transcription de tous les messages envoyés et reçus par mail. Tu devrais vraiment y jeter un œil ». Après un moment de réflexion, il parvint à identifier l’auteur du mot comme Thinlay, le chef des geeks. Ce téléphone pouvait représenter un élément déterminant dans l’affaire, mais personne n’avait jugé bon de le prévenir de manière plus visible, ni même de le faire pendant qu'ils y étaient. Il aurait certainement dû demander un résumé de la semaine à ses collègues avant de se remettre au travail, mais préféra s’intéresser au téléphone apparu comme par hasard sur son bureau. Il ouvrit le fichier envoyé par Thinlay, et alors qu’il s’assit confortablement au fond de son siège pour les examiner et commença à lire, son air blasé se mua en un sourire de satisfaction. Le lieutenant Lenowe Letnara ne laisserait pas encore une de ses enquêtes finir aux affaires classées. Ziva fut elle accueillie par le Dr Barrows qui lui laissa une des victimes de la fusillade, dont il n’avait pas encore eu le temps de se charger. Il se montra nettement moins faussement amical qu’avant avec elle alors qu’il s’était pris une soufflante de la part de ses supérieurs pour avoir accordé des vacances à Ziva. Salomée se hâta de lui demander un résumé détaillé du voyage, qu’elle résuma en un mot : Non. Il ne lui restait plus que trois jours de travail, et tout était bouclé. Un camion viendrait récupérer ses meubles et les conduirait chez ses parents au Nouveau Mexique qui auraient tout le plaisir de les stocker quelque part. Habitués à se balader d’un continent à l’autre, ils n’avaient pas été marqués par la décision de leur fille de partir. Salomée organisa pour son amie un pot de départ malgré elle, alors qu’elle voulait simplement s’éclipser sans un bruit, et elle ne parvint pas à y échapper. A part Salomée et Lenowe, elle ne tenait à personne ici. Puis le jour de son départ arriva sans qu’elle ne s’en rende compte. Un matin, après avoir rendu les clés de l’appartement au propriétaire très chagriné de la voir partir, Lenowe passa la chercher pour la déposer à l’aéroport. Personne ne dit un mot de tout le trajet, mais le silence parlait pour lui-même. Lenowe se servit de son badge accroché à sa ceinture pour la suivre à travers les contrôles de sécurité jusqu’à la salle d’embarquement. Ziva, traînant derrière elle son énorme valise presque aussi lourde qu’elle, était tout à fait sereine. Il la suivit à travers les couloirs, sans lui demander si elle savait où elle allait. Elle était parfaitement sûre d’elle. Ils arrivèrent bien en avance devant la porte d’embarquement, ce que ne craignait Lenowe. Il prit un gobelet de café visiblement un peu trop dilué pour s’occuper pendant au moins cinq minutes. « Je vais vraiment me faire chier sans toi » dit-il à Ziva. Un « tu vas me manquer » aurait été légèrement trop convenant à son goût. « Rassures-toi, tu ne seras certainement pas le seul ». Elle fixa un moment d’un œil distrait une file de gens qui embarquaient pour une destination inconnue, puis s’assit sur une des chaises en face de la grande baie vitrée qui donnait sur la piste d’embarquement. L’avion qu’elle entrevoyait au fond devait être le sien. Lenowe fit de même et expédia en deux gorgées son immonde café qu’il avait payé une fortune. Des voyageurs chargés à l’air plus ou moins heureux pour certains passaient devant eux sans qu’ils n’y fassent attention. Un couple en sandales et avec des chapeaux sur la tête, des sacs pleins à craquer sur le dos. Un homme d'affaires avec sa sacoche en cuir serrée contre lui. Un homme âgé avec une doudoune à la main. Une voix incompréhensible annonça dans les haut-parleurs que l’embarquement pour le vol à destination de New York était désormais ouvert. Elle se leva d’un coup et reprit ses deux sacs à main. Un petit groupe de personnes fit de même et s'agglutinèrent devant la porte. « C’est ici qu’on se dit au revoir » dit-elle calmement. La détresse de Lenowe se lisait dans ses yeux. Il ne pouvait pas insister et devait se rendre à l’évidence. Ziva ne laissait rien transparaître, mais elle aurait préféré pouvoir l’emmener avec elle aussi. Elle trottina jusqu’au guichet, son passe d’embarquement à la main, suivie de très près par Lenowe. « On se reverra bientôt » lui dit-elle. Le genre de choses que ni l’un ni l’autre n’étaient en mesure de promettre. « Je t’aime » souffla-t-il en déposant un baiser sur son front. Elle resta pantoise, pouvant compter sur les doigts de la main le nombre de fois où il avait prononcé ses mots. Les gens derrière eux s’impatientaient, alors Lenowe finit par faire demi-tour, sans se retourner ni attendre devant la baie vitrée de voir l’avion s’élancer sur la piste et décoller.
Dernière édition par SugoiZiua le Lun 13 Mar 2017, 18:32, édité 1 fois |
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Lun 13 Mar 2017, 16:45 | |
| Rhoooo ! Je veux la suite ! C'est tellement... âpre, émouvant, silencieux et violent à la fois. J'adore ton histoire, j'adore j'adore j'adore. Par contre attention la photo 2 ne s'affiche pas..... |
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mar 11 Avr 2017, 12:02 | |
| Chapitre 26- Spoiler:
"Lenowe, ça fait trois fois que je te demande si tu veux bien briefer l'équipe sur ce que tu as trouvé dans le téléphone de Martino. T'es sourd ou quoi?" Il n'avait pas remarqué Elin qui se tenait dans l'encadrement de la porte depuis plusieurs minutes, alors qu'il fixait l'écran éteint de son ordinateur. Lenowe releva la tête et resta figé le temps que l'information remonte à son cerveau. "Ouais. Ouais, j'arrive. Je suis désolé, je pensais à autre chose." Il se leva de sa chaise à roulettes, l'envoyant buter dans l'étagère derrière, et passa devant Elin sans dire un mot, trainant des pieds jusqu'à la salle de réunion attenante. Son coéquipier lui emboîta le pas, le soupçonnant de s'être levé du pied gauche ou de ne pas avoir eu sa dose de caféine. Ou sûrement un mélange des deux. "Bon, qu'on fasse ça vite, comme ça tout le monde retourne bosser." Il avait laissé son bloc-notes sur son bureau, mais il ferait sans. Cinq ou six officiers étaient avachis sur leur chaise, une tasse à la main. L'un d'entre eux essaya de dissimuler les miettes de cookie qu'il avait semé sur la table. "J'ai épluché les messages du deuxième téléphone de Martino, celui que vous avez trouvé je sais pas où la semaine dernière. Andreas Martino avait une maîtresse. A en juger de ce que j'ai lu, j'ai appris deux choses: Martino aimait bien les trucs hardcore du genre qui impliquent fouets et sangles en cuir, et sa maîtresse avait aussi quelque chose à voir dans le trafic de fausses plaques. Enfin pas seulement de plaques, de drogue aussi. Par contre, je ne sais toujours pas qui est cette femme, ni pourquoi vous avez attendu que je revienne pour que je lise ça, vous pouvez vous démerder seuls, non ? Allez, retournez bosser, et trouvez-moi la bonne femme." Grogna Lenowe pour conclure. "Des questions?" Personne n'ouvrit la bouche, de peur de se faire incendier. "Moi j'en ai une" reprit-il. Des nouvelles de ce qui a été trouvé dans la cabane de jardin de Martino? -Rien, lieutenant, à part une mallette à outils contenant à peu près cinq mille dollars en petites coupures." La voix claire de l'officier Xia He Zhao, jeune recrue dont la hargne et la rigueur avaient interpellé Lenowe, s'éleva dans la salle. Il l'avait engueulée une ou deux fois, mais elle avait encaissé les coups et ne lui avait pas tenu tête, pas comme un paquet d'autres de ses collègues qui n'avaient pas compris qu'il était inutile de protester quand il leur faisait des remarques. "Vous pouvez partir. Zhao, tu restes ici." La salle se vida en deux minutes. Seule resta Xia He, debout derrière sa chaise, les mains sur le dossier en plastique. Elle était étonnamment grande et ne faisait qu'une tête de moins que Lenowe. "D'où viennent ces billets? -Impossible de savoir. Mais c'est obligé qu'ils aient quelque chose à voir avec le trafic de Martino, non? -Ouais. Merci. Tu peux y aller. Revenez me voir si vous en savez plus. " Elin était resté dans un coin de la pièce, les bras croisés sur la poitrine, observant Lenowe. Il l'interpella lorsqu'il sortit de la pièce. "Lenowe, tout va bien en ce moment?". Il était souvent grognon, acariâtre, agressif, voire insupportable, mais ça n'avait pas échappé à Elin que c'était devenu bien pire récemment. Lenowe lui-même l'avait remarqué; il savait parfaitement pourquoi. "Pourquoi?" Il se rembrunit immédiatement, agacé par la question. "Je ne sais pas. Tu es tout le temps sur les nerfs et tu as l'air... ailleurs. Viens, on va prendre un café de l'autre côté de la rue. C'est moi qui paie." Proposa Elin. "Ouais, d'accord" marmonna-t-il. Lenowe commençait à en avoir assez de ces gens qui posaient trop de questions et qui se faisaient de manière plus ou moins sincère du souci pour lui. Il avait cinq minutes pour trouver un truc à raconter à Elin qu'il goberait, et il le laisserait tranquille. Le serveur déposa les deux tasses sur la table et s'en alla. Elin avait attendu qu'ils soient confortablement installés et servis avant de discuter. "Qu'est-ce qui ne va pas? Ne me dis pas "Rien, rien" comme à ton habitude, je suis pas aussi con que j'en ai l'air." Lenowe hésita et lui fit les yeux ronds. Elin était une simple bonne connaissance, un ami pas vraiment proche, et il tenait à faire la distinction entre ses collègues et ses amis. Mais il passait ses journées au travail avec lui depuis suffisamment longtemps pour lui faire un tant soit peu confiance. De toute manière, si Elin laissait fuiter quoi que ce soit, Lenowe saurait déjà ignorer tous les regards inquisiteurs tournés vers lui et les messes basses qui se taisaient immédiatement lorsqu’il entrait dans une pièce. "Elin. Est-ce que tu peux me promettre que cette discussion ne sortira pas d'ici? Elin fit oui d'un signe de la tête. Lenowe était tiraillé entre lui dire la vérité, ou lui raconter un semblant d'histoire plus ou moins vraisemblable. Il parla à voix basse, parce que le café était vide, ou bien parce qu'il se sentait mal à l'aise. "Ma... euh... copine est partie vivre à l'étranger et je le vis très mal. » Rien que le mot « copine » le rendait encore plus gêné. -Ta... quoi?" Elin failli recracher la gorgée de café qu'il venait de prendre. "Je ne savais pas que... Je la connais? -Oui. C'est l'ancienne assistante du légiste." Lenowe se mordit l'intérieur de la joue. "La fois où je l'ai croisée chez toi, je pensais que c'était juste... Que ça n'était pas sérieux. "La preuve que si." Tout dépendant de ce qu'Elin entendait par "sérieux". Lenowe ne savait pas vraiment lui-même. "Ça fait longtemps? -Depuis que tu es revenu de Floride... Après la fusillade en Caroline du Nord." Lenowe eut un flashback de l'embuscade dans laquelle Ziva et lui avaient été pris deux ans plus tôt. Heureusement pour eux, si tant était qu’il s’agissait de chance dans cette situation, le tireur était particulièrement médiocre. Ils n'en gardaient que des cicatrices que rien de plus qu’un t-shirt pouvait facilement dissimuler, et seuls eux deux en connaissaient l'existence et l’emplacement. "Ah ouais". Elin, qui jusque-là était resté confus, sembla avoir un éclair de génie. "A y réfléchir, ça ne me surprend pas." Lenowe baissa la tête et remua le contenu de sa tasse avec sa cuillère, essayant de faire fondre un carré de sucre imaginaire. "Bon, je comprends pourquoi tu fais la gueule maintenant. -Dépêche-toi de boire ton café, qu'on essaie de retrouver la maîtresse de Martino.". La conversation était close. Elin n’eut pas l’air de vouloir en savoir plus. Il finit sa tasse en silence et ils retournèrent à leurs occupations habituelles. A leur retour, Salomée attendait assise derrière le bureau de Lenowe, tout à son aise, tapotant sur le trackpad de son ordinateur portable. "On a retrouvé la maîtresse de Martino. Ella Nelson. Mariée, sans enfants. Travaille dans une banque." Lenowe ne prit pas la peine de la remercier. "Déjà?" S'exclama-t-il. Si quelqu'un s'était attardé plus tôt sur le contenu du téléphone en son absence, ils l'auraient certainement retrouvée plus tôt. Elle se leva et lui montra la photo d'Ella Nelson, posant sur une plage, ses cheveux crépus cachés sous un bandana, ses lunettes de soleil sur le front. Elle avait l'air d'une femme parfaitement banale. Comme à peu près pas mal de gens à qui Lenowe était contraint de passer les menottes. "Où habite-t-elle ? Demanda Elin -Vers la gare de Twinbrook. Jimmy et je sais plus quel gars avec une moumoute sur la tête sont partis voir si elle était chez elle. Les banques ont des horaires à la con, mais je suppose qu’elle doit être au travail en ce moment. -Comment tu as réussi à l'identifier aussi vite? -Madame étalait un peu trop sa vie sur les réseaux sociaux. Et j’ai d’autres moyens d’arriver à mes fins, moyens que je ne te révèlerai pas" sourit Salomée. Elle tourna les talons et repartit dans le couloir, se frayant un chemin sans regarder devant elle, son ordinateur toujours dans ses mains. Lenowe s'empressa de la rattraper et l'interpella. "Est-ce que... Elle s'arrêta au milieu du passage et haussa les sourcils, prête à l'écouter. "Non, rien. Retourne bosser." Dans l’après-midi, Ella Nelson débarqua au poste et fut emmenée en salle d’interrogatoire. Lenowe était resté seul dans son bureau à remplir de la paperasse. Elin lui avait dit quelques heures plus tôt qu’il avait des affaires à régler, et qu’il reviendrait dans cinq minutes pour l’aider à finir cette corvée. Il n’était pas revenu, et Lenowe aurait parié que s’il était parti faire le tour du commissariat, il l’aurait retrouvé en train de discuter assis sur le coin du bureau de quelqu’un. Lorsqu’il se faufila dans la salle d’interrogatoire, Ella Nelson attendait patiemment sur sa chaise, les yeux tournés distraitement vers le mur. Lenowe se serait bien assis à côté pour l’aider à compter les briques. Elle ne prêta attention à lui qu’au moment où il prit l’autre chaise et s’installa de l’autre côté de la table. La femme assise en face de lui ne ressemblait pas tellement à celle qu’il avait aperçue sur la photo. Sa peau d’ébène paraissait plus foncée et elle avait coupé ses cheveux courts ; son sweat gris et son visage démaquillé lui donnaient un air austère. Lenowe eut du mal à croire que c’était la même personne qui avait envoyé à Andreas Martino un bon paquet de messages à peine obscènes. La suspecte leva ses yeux mordorés vers lui et resta silencieuse. « Pourquoi m’a-t-on amené ici ? » demanda-elle posément. Elle avait un accent particulier que Lenowe ne parvint pas à identifier. Il put seulement en déduire qu’elle n’était pas originaire du sud des États-Unis. « Andreas Martino, ce nom vous dit quelque chose ? -Oui. Enfin, je connais un peu sa femme. Elle travaille dans une boîte de comptabilité, ou quelque chose comme ça. J’ai travaillé une ou deux fois avec elle, mais c’est tout. » Son calme et son ton patient troublèrent Lenowe. Il avait appris à ses dépens à confondre les menteurs, mais soit cette femme était une experte en la matière, soit elle n’y était pour rien dans cette histoire. La deuxième hypothèse ne lui plaisait guère. « Je vous explique rapidement le problème : Andreas Martino a été assassiné. On a retrouvé un second portable caché chez lui. Apparemment, vous deux étiez... très copains. Vous m’expliquez ? » Lenowe se leva de sa chaise et s’assit sur le coin de la table. Cette conversation n’était pas juste du bavardage, et il devait trouver un moyen subtil d’asseoir sa supériorité. Une ombre passa sur le visage d’Ella Nelson. « Aux yeux de la loi, est-ce que l’adultère est un crime ? -Non. Je ne crois pas. Mais vendre de la drogue et trafiquer des fausses plaques d’immatriculation, ça l’est. Et commettre un meurtre aussi. Ça j’en suis sûr. -Excusez-moi ? » Il attrapa la chemise en carton qu’il avait posée par terre et en sortit la transcription des messages du portable de Martino. Il chercha la feuille barbouillée de surligneur fluo par ses soins et la posa délicatement devant elle. « Il y a deux choses. Vous auriez pu me raconter un seul énorme mensonge, et dire que vous n’aviez jamais entendu parler d’Andreas, impliquant donc que vous ignoriez aussi ce qui concernait vos petits trafics divers. Sauf que les deux ne vont pas l’un sans l’autre. » Elle ne répondit pas, cherchant un argument pour se rattraper aux branches. « Je veux voir un avocat. » Lenowe balança la chemise cartonnée sur la table et partit furieux de la pièce. Il retourna dans son bureau et n’adressa pas la parole à Elin qui avait fini par revenir. « Eh. Tu devrais rentrer chez toi. Ça fait un moment que tu es là. ». La veille, Lenowe était rentré chez lui avec certes la satisfaction de laisser le boulot de côté pour un court moment de répit, mais s’était rendu compte en se posant dans son salon qu’il s’emmerdait autant au travail que chez lui. La valise qu’il avait emmenée en Finlande était toujours étalée ouverte au milieu de sa chambre, et une généreuse douzaine de bouteilles de bière vides traînaient dans la cuisine aux placards vides, mais il n’avait aucune envie de les sortir. Vers une heure du matin, il était ressorti de chez lui et avait erré à travers les rues désertes, marchant jusqu’au commissariat dans l'air tiède et moite de la nuit, puis il était retourné à son bureau et s’était endormi sur le clavier de son ordinateur. En arrivant à l’aube, Elin l’avait trouvé avachi sur son bureau et en avait déduit qu’il avait passé la nuit ici. « Ne reste pas seul dans ton coin à broyer du noir. Tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça. ». Lenowe fut irrité par le ton compatissant d'Elin. Puis il fit rapidement le tour des personnes à qui il pourrait se livrer, même si l’idée l’insupportait. Certainement pas à Elin. Déballer ses affaires à un presque inconnu était impensable, presque autant que s’il s’était agi d’une personne connue. A Salomée non plus. Il ne la détestait pas, mais n’éprouvait aucune sympathie pour elle. Il avait immédiatement pensé à Jana, mais était à peu près sûr qu’elle n’avait même pas le temps de consulter son téléphone, et se dit aussi qu’elle n’en avait certainement rien à foutre, comme tout le monde. Il lui envoya un message au cas où, pour voir si elle répondrait. A sa grande surprise, elle lui apprit qu’elle avait la soirée de libre. Jana décrocha et le salua sur son habituel ton enjoué et insouciant. Tout allait toujours bien avec elle. Ou c’était plutôt une façade qu’elle s’était construite jusqu’à pouvoir tout dissimuler derrière. Lenowe n’avait jamais réussi à discerner ne serait-ce qu’une ombre des démons qu'elle faisait taire. « Alors, comment tu vas ? Tu es revenu de vacances ? » Il devait lui avoir dit qu’il rentrait chez lui à un moment ou à un autre, mais avait omis de lui dire par la suite que les vacances s’étaient transformées en cauchemar. « Ouais, soupira-t-il. Ne m'en parle pas. -Tu as l’air radieux ce soir, dit-elle, à peine sarcastique. Elle s’attendait à un « ta gueule » venu du cœur de sa part. Mais Lenowe ne l'insulta même pas. -Où es-tu en ce moment ? -A Washington. La tournée est bientôt finie. Je retourne à Bridgeport la semaine prochaine. Enfin, je vais pouvoir retrouver mon canapé et mon frigo. -Tu pourrais trouver un moyen de revenir faire un tour par Twinbrook ? » Jana réfléchit un moment qui s’éternisa tellement que Lenowe crut que la communication avait été volontairement interrompue. Il ne savait pas pourquoi il lui avait soudain demandé de venir, alors qu’il n’y avait même pas pensé deux secondes plus tôt. Ils allaient boire jusqu’à en oublier leur nom, puis le lendemain, Jana repartirait et il regretterait amèrement sa décision. « Je... Ça pourrait éventuellement se faire. Je ne sais pas. Je te manque tant que ça ? Plaisanta-t-elle -Non, écoute... Ziva a déménagé en Angleterre, et moi je me retrouve tout seul comme un con. -Attends, comment ça elle a déménagé ? Tu... vous avez rompu ? -Non. Enfin je crois pas, soupira-t-il à nouveau. -Tu n’as pas un truc appelé un téléphone ou un autre truc encore plus fantastique qui s’appelle Skype ? -Elle n’a pas le temps. » C’est ce qu’elle lui avait dit, et il ne la croyait qu’à quatre-vingt-dix-neuf pourcents. -Tu veux que je t’apporte un pot de glace et un film à la con et que je te fasse une petite manucure pour te remonter le moral ? » Même s’il lui donnait de l’argent pour le faire, elle ne le ferait pas. Question de dignité. « Bordel Jana, ferme-la » râla Lenowe. Jana commença à rire et ne reprit son sérieux que lorsqu’une voix en arrière-plan exigea poliment qu’elle arrête. Il aurait parié sur Blackie. « Bon, d’accord, je vais changer mon programme et revenir te voir à la place de rentrer à la maison. Tu veux que je prenne Daven avec moi ? Vous deux allez bien vous entendre. » Elle éloigna son téléphone et hurla quelque chose que Lenowe ne comprit pas, puis revint à lui. « Je passerai la semaine prochaine. Mais Daven ne veut pas venir. Ça sera juste tous les deux. -Merci Jana, marmonna-t-il. -Pour une fois que je te sers à quelque chose, je suis contente. » Il entendit à nouveau une voix parler en arrière-plan. A chaque fois qu'il lui téléphonait, quelqu'un l'interrompait au bout de cinq minutes. « Je suis désolée, je dois te laisser. A la prochaine. » Lenowe eut à peine le temps de lui rendre ses salutations qu’elle suspendit l’appel. Il se rendit compte en relevant la tête qu’Elin était déjà parti et que le bureau d’en face était lui aussi vide. Il se dit qu’il devrait peut-être rentrer, pas qu’il en eut spécialement envie, mais son canapé ou son lit seraient un endroit un peu plus confortable pour se morfondre. S’installant au volant de sa voiture, il s’aperçut que ça n’était pas l’absence de Ziva qui le faisait partir en vrille, et que ça n’était pas non plus elle qui l’en avait empêché, mais qu’en réalité, tout était sur le point de subrepticement se casser la gueule depuis longtemps, et qu’il l’avait ignoré, mis en arrière-plan. La voir revenir n’aurait pas miraculeusement réglé le problème. Lenowe sursauta lorsqu’on frappa à la vitre. Il lui fallut quelques secondes de réflexion avant de comprendre qu’il s’agissait de l’officier Zhao, et il baissa la fenêtre. « Vous allez bien, lieutenant ? Lui demanda-t-elle -Oui, mentit-il. Juste un peu fatigué. -Vous trouveriez ça déplacé si je vous invitais prendre un verre ? -Non, mais je suis désolé, ça sera peut-être pour une prochaine fois. Bonne soirée, Zhao. » Ziva n’aurait montré aucun signe de jalousie s’il l’avait fait et si elle avait été au courant. Mais il n’avait aucune envie de parler avec l’officier. Encore moins de se faire draguer par elle et d’avoir à lui dire avec courtoisie et tact qu’il n’était pas intéressé. « D’accord. Bonne soirée à vous aussi. » Il remonta la vitre et démarra avant de filer vers la sortie.
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Ptitemu As de l'acrylique Date d'inscription : 29/06/2013 Age : 47 Localisation : Sur la route...
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mar 11 Avr 2017, 12:17 | |
| Bien accro, Lenowe... Et Ziva, elle en est où ?
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SugoiZiua Peintre prestigieux Date d'inscription : 13/08/2011 Age : 25
| Sujet: Re: [Terminé] [Histoire] When Ice Burns Mar 18 Avr 2017, 18:38 | |
| Patience... Chapitre 27- Spoiler:
Une sonnerie criarde et agaçante lui fit savoir que quelqu’un souhaitait passer un appel vidéo avec elle. Une photo miniature de Salomée faisant une atroce grimace s’affichait dans un coin de l’écran en clignotant. C’était dimanche soir à Londres – c’était juste le début de l’après-midi de l’autre côté de l’Atlantique. Avant, les jours de la semaine n’avaient pour dire aucune importance. La notion de week-end avait cessé d’exister pour Ziva. Maintenant, elle était revenue à elle et le dimanche soir était un moment inexplicablement déprimant, encore plus déprimant que quand elle était encore étudiante et qu'elle n'avait rien fait du week-end. Elle appuya sur l’icône qui insistait et attendit deux secondes que la connexion s’établisse ; la dernière fois qu’elle avait échangé avec elle, c’était pour lui dire qu’elle était arrivée et installée, trois semaines auparavant. Depuis, Ziva n’avait pas eu le temps, et le décalage horaire ne facilitait pas les choses était au travail lorsqu’elle était libre – même si la voir discuter avec elle sur son temps de travail n’aurait pas été chose étonnante. était au travail lorsqu’elle était libre – même si la voir discuter avec elle sur son temps de travail n’aurait pas été chose étonnante. était au travail lorsqu’elle était libre – même si la voir discuter avec elle sur son temps de travail n’aurait pas été chose étonnante. L’image pixellisée de Salomée surgit soudainement, puis devint plus nette. Ziva reconnut en arrière-plan la cuisine peinte en bleu turquoise de sa meilleure amie, avec une étagère qui semblait toujours sur le point de s'écrouler et une chaise qui servait de rangement pour sacs dans un coin. « Comment vas-tu, ma chère ? Est-ce qu’il pleut chez toi ? » lui demanda-t-elle en français avec un ridicule accent supposé être britannique. « Non, il ne pleut pas. Enfin, ça a arrêté de pleuvoir, sourit-elle -J’ai une surprise pour toi. » Salomée fit tourner l’ordinateur sur la table, et Lenowe apparut à l’écran. Apercevant Ziva, il lui accorda un semblant de sourire. « Oh ». Elle ne lui avait pas parlé à lui non plus, et comme à Salomée, ne lui avait seulement envoyé quelques messages et une quantité non négligeable de photos de nourriture. « Alors, tout va bien ? Ton nouveau travail est comment ? Et la bouffe ? » Ziva était sûre que Salomée allait l’assommer avec ses questions. Ziva lui montra le pot de glace à la fraise déjà bien entamé qu’elle mangeait à la petite cuillère en guise de réponse. « C’est bizarre de retourner à l’université, mais pas en tant qu’étudiant. Sinon, c’est super. » Lenowe sentit immédiatement que son « c’est super » dissimulait en réalité son incertitude et son manque de conviction. Elle paraissait contente, mais pas totalement satisfaite. « Et toi, comment tu vas ? » lui redemanda Salomée. Lenowe ne disait rien, et ne faisait que regarder la cuisine autour de lui. « A vrai dire… Pas très bien. Je ne pensais pas que le changement de climat me foutrait en l’air comme ça. Mais c’est rien, ça va passer. Le pot de glace est là pour ça. » Salomée n’avait pas remarqué, peut-être à cause de la qualité médiocre de l’image, ses traits tirés et les cernes qui noircissaient ses yeux. Ensuite, aucun des trois ne sut quoi dire. Quand même ils se voyaient tous les jours, ils avaient toujours une anecdote à proposer. Là, il y avait tellement de choses à dire que c’était comme impossible de s’en souvenir. Ziva continua à manger sa glace assise sur son lit, un plaid sur les genoux. Ni Salomée ni Lenowe n’osaient lui parler, gênés par la présence de l’autre. Ziva avait deviné que c’était Salomée qui avait insisté pour que Lenowe vienne, et il ne l’avait fait que pour Ziva. Salomée et Lenowe ne s’étaient jamais vraiment entendus. Au débit, elle avait bien essayé d’user de ses charmes tous relatifs sur le nouvel arrivant à l’accent exotique, avant qu’il ne lui fasse comprendre qu’il était inutile de même essayer. Puis Salomée s’était lassée. « Est-ce que tu comptes revenir pour Noël ? » lui demanda Salomée. Ziva ne réfléchit pas deux secondes avant de répondre. « Non. Est-ce que toi tu comptes venir me voir ? Ta sœur habite toujours quelque part en Angleterre ? -Elle est retournée à la maison. Oh, je ne sais pas. Peut-être si tu me paies le billet d’avion. -Salomée, tu sais comme je t’adore, mais tu peux aller te faire foutre pour le billet d'avion. » Ziva restait focalisée sur Lenowe, qui ne bougeait pas dans le coin de l’écran, comme si l’image avait été mise sur pause. « Et à lui, tu lui paierais ? Rappliqua-t-elle en montrant Lenowe du doigt. Il tourna la tête vers Salomée, interloqué. Il n’avait rien suivi à leur échange. -Il sait se démerder, je crois. -Je suis vexée, bougonna Salomée en rattachant ses cheveux. -Vous pouvez venir quand vous voulez. » Ou plutôt, quand ils le pourraient. Ziva se souvint de toutes les fois où elle avait promis à des amis étrangers qu’elle viendrait les voir chez eux. Elle ne l’avait jamais fait, par manque de temps, ou d’argent, se disant toujours « on verra l’an prochain » et maintenant, c’était elle qui était dans cette position. Le portable de Salomée sonna, et elle partit dans le salon répondre à l’appel. « Je te jure que si je le pouvais, je viendrais immédiatement te rejoindre » dit Lenowe, dépité, sans regarder l’écran en face. « Je sais, Lenowe. -Je dois m’excuser. M’excuser de t’avoir laissé si longtemps sans nouvelles. Je sais réellement ce que ça fait, maintenant. -Non, non, tu sais, tu n’es pas obligé de me raconter des conneries juste pour me faire plaisir. » Sur l’instant, il ne sut pas si elle était ironique ou si elle lui faisait des reproches. « Tu me manques. Réellement. Sans toi, je me sens encore moins à ma place ici. » Il ne s’était jamais fait non plus aux différences entre les européens et les américains. Même si elle avait passé bien plus de temps aux États-Unis que lui, elle n’était officiellement américaine que parce qu’un morceau de papier l’indiquait. « Je ne reviendrai pas ici. » Ziva était catégorique, sans remords. Ce qu’elle sous entendait, c’était qu’il pouvait soit venir à elle, soit faire sans elle. Salomée revint dans la cuisine, et Lenowe changea de sujet de conversation, avec une pointe de fierté dans la voix. « On a finalement chopé l’assassin de Martino. C’était un crime crapuleux, qui avait bien à voir avec le trafic de fausses plaques, entre autres. Le téléphone trouvé chez lui nous a permis d’obtenir des noms, dont celui de la maîtresse de Martino qui dirigeait son petit business de trafics en tous genres, et elle nous a menés à une vieille grange abandonnée où on a pu trouver des voitures volées, un paquet de fric et des flingues. Tout le réseau a été démantelé, et grâce à toi qui a fait identifier ceux à qui appartenaient les yeux dans les bocaux, on a en même temps résolu plusieurs affaires de disparition qui remontaient à presque dix ans pour l’une d’entre elles. Martino aurait été tué pour avoir décidé à un moment d'arrêter de collaborer à la fabrication des fausses plaques, et c'est mal passé. En ce qui concerne la maîtresse, ça, on ne l’a pas dit à sa femme. » Cette fois, Ziva ne regretta pas de ne pas avoir été là pour assister à la conclusion de l’enquête. Entamer un travail et ne jamais le voir abouti était peu satisfaisant. Voir les enquêtes avancer petit à petit et s’intensifier au fur et à mesure que l’étau se resserrait, c’était ce qui lui manquait vraiment. Elle avait toujours l’impression de s’ennuyer sans parvenir à trouver de quoi s’épanouir, mais ne se le serait jamais avoué à elle-même. « Je suis désolée Ziva, mais je vais devoir le mettre à la porte, annonça Salomée. Le travail m’appelle. A bientôt. »
Sinon, j'ai fini l'écriture de l'histoire, il ne me reste que d'éventuelles corrections à ajouter. Les futurs chapitres pourraient bien être les derniers. |
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