Alors, une âme d'écrivain ?
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Il était une fois... dans un lointain pays, il y a très longtemps...
Dans ce lointain pays illuminé de toutes parts par les lumières de Noël, vivait la marmotte aux mille talents. Lassée de ne plus rien avoir à apprendre, elle décida de partir à la recherche de celui ou celle qui aurait un talent qu'elle n'avait pas ! Mais la marmotte se demandait où elle allait trouver cette personne talentueuse...
Ni une, ni deux, elle rassembla quelques effets personnels dans une petite hotte, et s'en alla en direction de la plus grande montagne enneigée. En effet, elle avait entendu dire, un jour, par les autres marmottes, que là-haut vivait un vieux sage, portant une longue barbe blanche, un sage qui savait tout ! On disait même qu'il était habillé de rouge. Était-ce vraiment possible, de tout savoir ? Elle voulait en avoir le cœur net.
Elle partit donc, bravement, sous la neige, par un froid glacial. Elle se disait que s'il était vraiment habillé de rouge, elle le repèrerait rapidement, sur le blanc de la montagne. Le voyage vers la montagne fut long et semé d'embûches. À plusieurs reprises, la marmotte faillit même rebrousser chemin, car le vent soufflait si fort, la neige était si froide, et les lumières si loin aussi, qu'elle pensa souvent, amèrement, que le jeu n'en valait pas la chandelle. Mais la masse sombre de l'imposante montagne se dressait devant elle, toujours trop loin pour qu'elle ne l'atteigne mais toujours trop près pour qu'elle abandonne.
Au cours de son voyage, elle rencontra un animal étrange, aux bois si hauts et si solides qu'elle fut admirative devant sa prestance, et elle posa ses affaires à ses sabots.
- Bonjour ! Je suis la marmotte aux mille talents, auriez-vous un talent que je ne posséderais point ?
- Ha ha ! La marmotte aux mille talents ! Et puis quoi encore ? se gaussa l'animal.
- Quoi ? Vous vous moquez de moi ? Pourtant, c'est la vérité !
- Pfeu ! Comment un être aussi petit que toi pourrait-il avoir des talents ? Moi, j'en ai ! Je suis grand, puissant, solide, beau... même les humains m'admirent, car ils sont si rares à m'égaler sur ce point !
- Oui, bien sûr... vous avez de la chance ! fit la marmotte avec calme, sans se vexer. En revanche, la modestie et le sens de l'accueil ne sont pas votre fort, dirait-on.
- Hein ? Quoi ? fit l'animal avec susceptibilité.
Voyant l'air tranquille et les petits yeux ironiques de la marmotte, il fut surpris : cette petite chose poilue et insignifiante ne se laissait pas impressionner.
Il partit donc, admiratif, mais sans le montrer, rejoindre ses congénères.
La petite marmotte reprit donc son chemin vers la montagne et fatiguée, la nuit tombante, elle décida de se trouver un refuge. Elle fini par trouver une grotte accueillante, bien chaude. Il y avait bien un bruit ronflant qui venait du fond, mais elle se dit que ce devait être le vent. Elle s'installa et se fit une petite popote avant d'aller se coucher. Hummm ! Que ça sentait bon !
C'est alors que du fond de la grotte, une voix surgit.
- Mais qu'est-ce qui sent bon comme ça ?
Impressionnée par cette voix caverneuse, comme venue d'outre-tombe, la marmotte ne répondit pas. Une forme immense, noire comme la nuit dans les profondeurs de la grotte, se déplaça alors vers elle. Face à ce monstre, la marmotte crut sa dernière heure arrivée.
D'une petite voix, elle bégaya:
"Ne... N'auriez vous pas un talent que je ne possède point ? Je suis la marmotte aux milles talents..."
Le gros ours bailla longuement, et elle remarqua qu'il n'était pas aussi dangereux qu'il en avait l'air. Il semblait encore tout endormi, et il se gratta la tête tout en réfléchissant.
Il avait vraiment du mal à se réveiller, cet ours, songea la marmotte aux milles talents. On le sentait vaseux, engourdi, somnolent, luttant pour ne pas se retourner et se rendormir sur sa couche de feuilles mortes. Pourtant, il essayait de se concentrer pour réfléchir, pour lui répondre. Un ursidé bien urbain, soucieux d'apporter son aide s'il le pouvait. En fait de monstre, il sembla à la petite marmotte avoir rencontré un animal des plus civilisés...
Peut-être que c'est ça, son talent", réfléchit-elle. "Peut-être que c'est justement d'être civilisé, alors qu'il n'est pas censé l'être."
Puis, en le regardant, elle réalisa : elle aussi était civilisée, alors elle possédait le talent de l'ours - comme tous les autres. Cependant, elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il allait à contre-courant de ce que sa nature même lui imposait : un ours, et ce depuis la nuit des temps, avait toujours été sauvage, terrifiant, méchant.
La sagesse. Était-ce là le mystérieux talent qu'elle cherchait depuis maintenant des semaines dans le froid de l'hiver ? Elle pensait que cela pouvait bien être possible. L'ours allait-il accepter de le partager avec elle ?
Monsieur l'Ours, mon cher ami", dit-elle alors en usant de ses plus belles manières. Elle ne voulait surtout pas froisser l'animal. "Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer comme votre raison vous fait honneur."
"La raison n'est qu'une façade, mon amie." Il paraissait à présent tout à fait réveillé, et s'activait à préparer du thé pour recevoir son invitée. Le sens de l'hospitalité, la marmotte l'avait, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être admirative. "Seules nos intentions comptent. Si elles sont mauvaises, alors il n'y a pas de raison. Et si elles sont bonnes, alors c'est que tout vient du cœur.
Et la marmotte comprit. Tous les talents qu'elle avait amassés au cours de sa vie ne lui servait à rien, au fond, sans une bonne dose de sagesse. Elle avait du paraître bien prétentieuse auprès de ses amis et de sa famille jusqu'à présent. Elle accepta avec joie la tasse de thé de l'ours, et, pendant qu'elle buvait à petite gorgée, sentit une nouvelle chaleur s'insinuer en elle.
L'Ours avait ce regard bienveillant, presque triste, que l'on n'observait que chez les êtres très sages. Et elle ne parlait pas de la sagesse en temps que savoir, bien entendu. Ce fut cette lueur avenante dans ses yeux qui l'encouragèrent à poser sa question :
"Excusez-moi, cher ami Ours, mais je n'ai pu m'empêcher de remarquer votre grande bienveillance et toutes les qualités qui vous caractérisent... Seriez-vous à même de me l'enseigner ?
L'ours reposa sa tasse de thé, et fit un geste humble de la tête.
"Chère amie... La sagesse ne s'enseigne point, elle s'acquiert. Continue de vivre simplement, ne te vante jamais de tes talents, contribue au maximum à faire plaisir à ton entourage. En ces périodes de neige, la chaleur d'un être vivant est ce que nous avons de plus précieux. N'oublie jamais qui tu es, ni quelles sont tes valeurs."
Alors la marmotte sut que sa quête était terminée, et qu'elle avait obtenue ce qu'elle voulait.
Depuis ce temps-là, les marmottes passent tout l'hiver à hiberner en compagnie de leur famille, car elles savent à quel point il est important de passer du temps auprès des siens.
et depuis ce temps là elles mettent le chocolat dans le papier d'alu(Phinae, Lehanna, JJ, Choco, Nats, Mad, Ptittemu)