J'entendis alors une voix s'élever de l'ombre, et je reconnus la voix de Guilhem de Brikanbrock. Elle résonna dans le silence du tombeau...
"Je baigne dans la lumière grise.
Je t'ai retrouvée, ma bien aimée. Je t'ai retrouvée, enfin. Je vais pouvoir reposer à tes côtés. M'allonger contre ton épaule, fermer les yeux au seuil de cette trop longue journée ; et te retrouver dans l'au delà, comme je te retrouvais dans mes rêves, du temps de notre vie.
Je t'aimais tant, je t'aime tant ; te l'ai je seulement assez dit ? T'ai je assez dit que ces soirs où je m'endormais dans tes bras furent les plus doux de ma vie ?
Toutes ces années à chercher le sommeil, ces années à te chercher, en vain. Je vais pouvoir déposer mon fardeau. Je pourrais me défaire de mes soucis, de mes rancœurs, de mes doutes et de mon trouble, de toutes ces entraves qui me retenaient puisque tu n'étais pas à mes côtés.
Je t'apporte mes angoisses et mes rêves, mes faiblesses et mes forces, tout ce qui fit de moi un homme vivant sur cette terre, un homme qui t'aimait, un homme qui t'aime encore, au delà du trépas.
Je vais les déposer aux pieds de ton tombeau, ma tendre aimée, mon amour. Je t'offre tout ce que je fus, tout ce que je suis, à toi qui m'avais aimé et accepté pleinement.
Le froid de la nuit, le vent de la tempête s'éloignent. La fatigue me prend, la douce fatigue de la fin. Je suis enfin en paix.
Auprès de toi, je peux m'endormir.