[Commentaire] Amour Passionel

Jamais je ne pourrais t’oublier, il m’est inconcevable d’imaginer ma vie sans toi. Pourtant, il va bien falloir que je me fasse une raison.
Durant ces sept années, je n’ai pas passé une journée sans entendre ta voix, pas une semaine sans sentir ta peau contre la mienne, pas une minute sans penser au moment où l’on se retrouverait.

Je revois encore notre dernier moment passé ensemble, si banal et pourtant écrit en moi pour toujours. Ton regard s’illumina lorsque tu me vis entrer dans la petite chambre que tu partageais avec ce vieux monsieur en fin de vie, ce qui ne rendait pas tes journées des plus merveilleuses. Si j’avais su que c’était la dernière fois que je te voyais… Je ne sais ce que j’aurais fait, car même en y étant préparée je ne pense pas que j’aurais supporté ta disparition.

Même si aujourd’hui tu n’es plus là, je peux parfois encore sentir ta présence auprès de moi. Cela peut paraître fou, mais il m’arrive de réagir comme lorsque tu étais encore avec moi, quand tu frôlais ma peau sans le vouloir et que tous mes sens se mettaient en éveil. Seule, chez nous, je ressens l’air devenir étouffant, des papillons s’envolent à l’intérieur de mon estomac, mes mains deviennent moites, le duvet sur mes bras s’hérisse, exactement comme lors de notre première rencontre.
C’est d’ailleurs dans ces moments là que je me rends compte à quel point notre relation était particulière, et je pense que c’est ce genre de rapports que les psychologues et autres spécialistes de la nature humaine qualifient de passionnels. Je ne saurais jamais si toi aussi tu pensais que nous deux c’était spécial, mais j’en suis presque certaine. Ce n’est pas possible de vivre tout ça à sens unique, les moments intimes, les disputes, les retrouvailles un instant plus tard, les discussions, l’électricité entre nous… C’est grâce à tous ces moments privilégiés avec toi que je peux encore te vois, te sentir et t’entendre. Et j’espère que, là où tu es, tu ne te sens pas seul, j’espère sincèrement que tu me ressentes auprès de toi comme toi tu l’es pour moi.
Il m’arrive parfois même de consulter ma boite vocale pour réécouter tous les messages que tu as pu me laisser pour me dire que je te manquais, ou que tu languissais de me revoir alors qu’on s’été séparés dix minutes auparavant. Ta voix est si douce, je crois que c’est la chose qui va être le plus dur à m’habituer : ne plus l’entendre à chaque fois que j’en ressens le besoin, et tu sais combien j’en ai besoin pour survivre au monde extérieur quand tu n’es pas avec moi.

Tu seras toujours avec moi, dans chaque instant de ma vie, tout comme c’était le cas il y a à peine quelques jours.
Ce jour est le plus terrible qu’il mes soit jamais arrivé. Te voir ici, allongé, l’air apaisé, sans pouvoir t’enlacer au risque de choquer notre entourage, est vraiment une épreuve difficile. J’ai juste envie de te toucher, de t’embrasser, de m’allonger à tes côtés et de rester ainsi, dans cet instant d’ultime bonheur pour toujours. Mais la cérémonie déjà terminée, et l’on t’emmène dans la salle suivante. Je sais que respecter tes dernières volontés et quelque chose d’important, mais imaginer ton corps s’enflammer est trop dur pour moi.

Enfin… Oublions ça ! Jamais je n’oublierai ce « nous », et jamais je ne pourrais à nouveau former un « nous » avec quelqu’un d’autre que toi. Il n’y aura jamais de moi sans toi, ni de toi sans moi, ne l’oublie pas, je suis à toi pour toujours.

Édouard, mon Doudou, on se retrouvera un jour, ne t’inquiète pas pour ça. Pour aujourd’hui, pour demain, et pour tous les jours à venir jusqu’à ce moment-là, je veux que tu sache à quel point je t’aime, et à quel point tu me manque.