La peur… La peur est quelque chose d’inexplicable, mais quand elle s’empare de toi, tu perds le contrôle, ne la laisse jamais prendre le dessus… C’est ce que me répétait mon frère avant chacun de mes examens. Il me le disait de manière grave, comme si j’allais au combat, ça me faisait toujours rire, me remontait le moral. Mais là, cette phrase, ne cessait de résonner dans ma tête. Elle tourbillonnait encore et encore. Je tentais de m’y accrocher, mais je n’y arrivais pas. Nous étions enfermés dans cette cave depuis déjà trois longues heures. On entendait le vent dehors, on sentait sa force, parfois on entendait de gros bruits, forts, assourdissants…


J’avais des images en tête, je voyais des arbres se déraciner, les voitures s’envoler, dans mes cauchemars les plus fous, je voyais la maison toute entière s’envoler… La peur me gagnait, je devais la repousser. Je respirais profondément, pensais à des choses positives, mais c’était dur, avec tous ces bruits dehors. Mon frère, lui, était à côté de moi, il ne parlait pas, ou rarement, lui était un soldat, il restait assis, stoïque. J’avais toujours pensé qu’il serait rassurant  avec moi si jamais une telle misère s’abattait sur nous, mais je crois que sa manière a lui de minimiser sa panique est de ne plus bouger, plus parler, presque plus respirer. Plongée dans mes pensées, j’entendis soudainement un hurlement, plein de désespoir, de peur ; je reconnus avec la plus grande tristesse cette voix : celle de la voisine, une jeune femme d’une trentaine d’année, qui vit avec  son mari… Le cri se reproduit ainsi plusieurs fois, je faillis sortir, voir ce qu’il se passait, mais mon frère m’en empêcha ; quelques minutes plus tard, un gros bruit sourd se fit entendre, puis plus aucuns cris…
Je paniquai subitement, je regardai mon frère, à la recherche de rassurement, d’espoir, mais rien… Son regard était vide, triste, déprimant. Je sentis la peur revenir, à nouveau, je tentai tant bien que mal de la chasser…

Les minutes passèrent, lentement, puis tout à coup, le plafond trembla, d’autres gros bruits, d’objets fracassés au sol sûrement, furent entendus par moi, et par mon frère, qui sortit brutalement de ses pensées.

Le temps continua de passer, plusieurs heures s’écoulèrent : plus de bruits, plus de vents, plus rien… Mon frère me dit alors que nous pouvions tenter de sortir, ce que nous fîmes, lentement, en maintenant la porte du sous-sol ouverte, au cas où nous devions y retourner en urgence. Là, dehors, nous nous retrouvâmes face à notre quartier, ou du moins ce qu’il en restait… Les maisons étaient dévastées, sans toit pour la plupart, des murs arrachés, des arbres déracinés, des pièces de voiture éparpillées sur le sol : le chaos… Ce qui me frappa le plus, était le fait que tout était vide, personne n’osait encore sortir de là où ils se sentaient en sécurité. Puis, lentement, je me retournai, pour me mettre face à ma maison. Le premier étage était ouvert à la vue de tous, mon toit avait presque disparu, une toile par ci-par-là sur le sol, des meubles fracassés sur la pelouse encore si verte et fleure il y a quelques dizaines d’heures…


Soudain, un bruit de vent se fit entendre, il devenait de plus en plus fort, nous nous précipitâmes vers le sous-sol, quand une énorme rafale de vent arriva jusqu’à nous, mon frère me hurla de courir me cacher, le plus vite possible. Je ne voulais pas partir sans lui, il vint avec moi jusqu’à l’entrée du sous-sol. Je voulais le convaincre de venir, mais selon lui, nous n’aurions pas le temps de fermer la porte correctement, alors il me dit La peur est quelque chose d’inexplicable, mais quand elle s’empare de toi, tu perds le contrôle, ne la laisse jamais prendre le dessus… .Puis il me poussa dans le sous-sol. Il se laissa alors emporter par le vent…