Je regardai la fenêtre… La pluie continuait de tomber, goutte après goutte. Elles se ressemblaient toutes, si transparentes, si petites. Mon regard errait à travers la fenêtre tel un oiseau volant de branche en branche, regardant ce qui l’entoure. Tiens, un éclair. Puis quelques secondes après, un gros coup de tonnerre frappe. Mais je reste impassible. L’oiseau continue de voler, il va d’immeuble en immeuble. Je détourne soudain la tête vers le salon. Rien de particulier, juste ma sœur qui a fait tomber son verre de lait par terre. Elle se met à pleurer, ma mère vient la calmer et la vie reprend son cours. Tiens, le temps que ça se passe, la pluie a cessé. Mon regard se tourne vers le ciel. L’oiseau volant continue de voler de plus en plus profondément, il cherche quelque chose de particulier mais ne sait pas quoi. C’est presque comme si je l’entendais, il fait « cui-cui ! Cui-cui ! Cui-cui ! » encore et encore et encore. Ça devient presque lassant. Je change de pièce, histoire d’avoir une vue différente d’une autre fenêtre. Mais en fait, ça ne change pas tant que ça. Je regarde encore, sauf que là, l’oiseau vole de fleur en fleur dans le jardin. Il se pose sur du muguet, une marguerite, une rose, puis une tulipe, enfin, pour finir une pensée. Une belle pensée violette juste éclose, qui comme toute fleur est synonyme de vie. Mon regard, toujours tel un oiseau bat de l’aile et se pose à différents endroits, sans jamais se sentir bien, et heureux. Il tente en vain de changer, de mettre toute son énergie dans son vol mais non, il ne ressent rien. C’est ça, je suis comme un oiseau sans vie, j’erre sans but. Je me mis alors à me balader dans la maison, tiens, le livre de papa était dehors, son livre préféré, Les Misérables, il le lit dès qu’il a du temps, encore et encore… Ça doit être ennuyeux à force toujours et encore la même chose. Je m’ennuie. J’en ai marre de rester ici, tous les jours, sans pouvoir sortir, ne serait-ce que dans le jardin. Non ! Je n’ai jamais le droit… Je veux m’amuser, vivre mais non ! Je ne suis pas « comme les autres » ! Non je ne peux pas sortir, non je ne peux pas aller à l’école comme les autres, non je n’ai pas le droit d’avoir des copines, non non et non ! D’ailleurs c’est quoi la normalité ? C’est subjectif comme mot ! La normalité est un concept qui n’existe pas à mes yeux !

Tourner en rond, voilà à quoi se résume ma vie ! Je passe des cours de mon précepteur, à mes devoirs, puis une lecture d’une livre que j’ai déjà lu et enfin aller manger… C’est pas une vie ça ! C’est juste un enchainement d’actions élémentaires ennuyeuses, comme l’algorithme d’hier matin ! Ou comme le dernier livre que j’ai lu ! Ou comme toutes mes journées… J’ai jamais compris pourquoi cette différence devait forcément faire en sorte que je reste en quarantaine tout le temps, ou presque. J'ai pu faire quelques sorties avec mon précepteur, et quelques rares fois on reçoit de la famille avec nous. C'est rare mais c'est possible.

Mais en dehors de ça, hélas l'ennui est mon quotidien.