[Histoire] Le livre des sentiments.

La cendre, l'air toxique, la saleté dans mes yeux, dans mon nez qui m'étouffent. Je n'ai pas la notion du temps. Il fait bientôt nuit. La faim, la peur voilà ce que j'éprouve mais aussi l'impatience (Faim. Peur. Voilà ce que j'éprouve. (Et) impatience, aussi. Je trouve que ça irait mieux)

- Encore un petit effort, nous sommes bientôt arrivés ma chérie.

Cette voix masculine et familière me rassure. La fatigue. Le noir. Des bras qui m'entourent et me portent. J'ouvre les yeux.

(Un lit). Une chambre. Un visage près de moi .



- Tu es enfin chez toi ma chérie. Rendors-toi, tu ne crains plus rien ...

La fatigue l'emporte. Même si la peur m'envahit, même si cette fois, cette voix me semble étrangère...



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J'ouvre les yeux et me redresse dans mon lit. J'ai fait un autre rêve , un rêve interdit. Si fort que je me dépêche de vérifier que je suis bien seule .Je me lève rapidement et commence à murmurer le psaume de la communauté :

- Je purifie mon esprit des mauvaises pensées. Je purifie mon esprit du mal . Je me tourne vers le bien, je fortifie mon âme. Je suis forte , je suis bonne, je suis saine et sauve.

Je répéte cette litanie plusieurs fois, en essayant d'oublier mes draps trempés de sueur.







Je me débarrasse de ce rêve interdit sous une douche froide .Je veux oublier cette homme que je connais bien mais dont je n'ai jamais vu le visage. Chaque soir en me couchant je me promets de ne pas rêver, mais tous les matins, je me réveille angoissée sous l'emprise de ce même rêve .

Alors chaque matin je me purifie en espérant être libérée des mes chimères qui me tourmentent et font de moi quelqu'un de mauvais et d'étrange .

Pourtant mes rêves ne sont pas des cauchemars obscurs et effrayant. Ils sont joyeux et chaleureux. Je m'y sens bien .

Voilà la vérité , je suis corrompue par le mal. L'homme représente le mal. Ma mère me dit souvent que je suis faible, mauvaise et dangereuse. Que je choisis délibérément de laisser entrer le mal en moi. Que si je le veux, je peux le combattre.







Dans la cuisine ma mère est occupée à préparer le petit déjeuner et à astiquer le plan de travail. Dure besogne, purification de l'esprit et des actes, chasteté, charité et ordre: tout ceci pour suivre le chemin de la vertu. Ma mère est un modèle dont le frère (pourquoi l'appelle-t-elle le frère ? et pas mon frère ?) aime chanter les louanges.Une femme bonne selon lui .







- Il est bientôt six heures. Dépêche-toi ! Tu vas être en retard.

Elle me dépose un bol de céréale devant moi et me regarde fixement l'air agacé.

- Tu as encore hurlé dans ton sommeil cette nuit.

Son regard s'assombrit, elle attend une réponse.

- Tu dois arrêter Lenna. Tu dois réprimer tes mauvaises pulsions. Tu as un bon poste , un beau mariage qui t'attend. Crois-tu que tu puisses te marier si tu cries ainsi dans ton sommeil? Crois-tu garder une place correcte au sein de la communauté ? Comment crois-tu qu'on nous regarderais ton père et moi ? (C'est normale la répétition du crois ?)

Je me mords la lèvre et passe mes doigts sur la petite cicatrice à droite de mon front . Elle est en colère.

- Je continue à lire le livre des sentiments, mère.

Ses traits se tordent légèrement puis elle secoue la tête.

- Lire le livre des sentiments ne suffit pas , tu rêves parce que tu te l'autorises. Parce que tu invites le mal à entrer. (tu as oublié un espace) Cela prouve que tu es faible Lenna. L'imagination montre une aptitude à mentir, à feindre que le monde est différent. Reprend- toi !

Elle se retourne et se remet à sa tâche me laissant dans le silence.



J'avale mon petit déjeuner bien que les aliments n'aient plus aucun goût après cette altercation. J'ai mal au ventre, mon estomac refuse la nourriture. Ma mère a raison , je suis faible et je suis une Déviante. Je n'arrive pas à me conformer aux règle de la cité. Des règle que tout le monde applique sans hésiter.

" Ne gâche pas la nourriture. Ne laisse pas entrer les sentiments dans ton coeur, parce que l'emotion, c'est la porte ouverte au mal. Travaille dur , suis les règles, obéis à tes parents, écoute le frère et tiens bien compte de ses enseignement, accepte ton étiquette mais efforce toi de t'améliorer, parce que le mal ne dort jamais , parce qu'une fois qu'il t'aura prise, tu ne seras plus jamais libre ...."

Je n'ai plus faim , je repose ma cuillère et repousse mon bol. Tandis que je m'apprête à sortir de la cuisine ma mère se retourne et m'obeserve sans rien dire jusqu'à ce que j'ai disparu de son champ de vision .





Je m'habille , me brosse les dents puis sors de la maison. Travailler plus en compensation (C'est bizarre tourné comme ça. Il manque peut-être quelque chose avant). Et ne plus laisser entrer ces pensées destructrices.J'avance d'un bon pas pour ne pas arriver en retard, bien décidée à suivre les règles de la cité .