Une étendue, calme. Pas un souffle de vent. La nature se repose.
Soudain un cri, qui s’amplifie et devient grondement.
L’orage éclate. Un éclair vient fendre un arbre.
Le vent se met à souffler. Des vagues se forment.
Puis tout s’arrête. C’était comme s’il ne s’était rien passer.
Les oiseaux se remettent à chanter. Les renards à gambader.

*

Une étendue, calme. Une douce brise caresse l’eau. La nature a repris ses droits.
Lentement, une déformation apparaît. L’eau se meut.
Puis toujours aussi lentement, une forme grossit.
L’eau se sépare. Doucement. Sans bruit.
La boule prend forme humaine. Un bras. Une jambe. Un corps.
Elle prend vie. Sous mes yeux. Je la vois bouger un doigt, une jambe. Tourner la tête.
Comme si elle découvrait son corps, son poids, son existence.

*
Je m’avance plus prêt, pour mieux voir l’étrange spectacle.
Je suis arrivée devant ce lac après avoir longuement marché. J’ai fait un vœu.
Avoir quelqu’un pour marcher à ma place, faire les corvées à ma place, et plein d’autres choses.
En somme, faire tout ce qui n’est pas intéressant.
Il serait mon corps. Je serai l’esprit.
Et voilà que devant mes yeux un étrange spectacle. Serait-ce une coïncidence ?

*

Comme ayant entendu mes pensées, la forme se met à marcher. De grands pas. Dans ma direction.
Chacun de ses pas ne lui coûtait aucun effort. On aurait dit un automate.
Doucement. Facilement. Pas après pas, je sens la peur me gagner.
Mais mes pieds ne m’obéissent plus, comme si mon corps et mon cerveau n’étaient plus reliés.
Arrivée près de moi, la créature s’arrête. Elle tend le bras et me touche.
Un choc intense. Mon corps éclate en morceau. Je m’évanouis.

*

J’ouvre les yeux. Mais c’est étrange.
Un film me floute la vue. Comme si je voyais la vie à travers une cascade.
Je ne sens pas le poids de mon corps.
J’ai du mal à bouger mes membres. Ils sont lourds, mais en même temps si légers.
Quand j’arrive enfin à bouger la tête, pleins d’information m’arrivent en même temps.
Ce que je vois ne peut pas être réel. Je dois rêver.
Mon corps a complétement disparu. A sa place se trouve une substance faite d’eau.
Et soudain je comprends.
Qu’ai-je fait ?