[Vote] (Franabisen & Meldinina) Fêtes de fin d'année

Huit heures. Les portes du magasin s’ouvrent. Les premiers parents pénètrent dans la boutique. C’est alors que commence la dure journée d’Irène, une employée du magasin de jouets de Toulouse à l’approche des fêtes de fin d’année.
Neuf heures. Les premiers parents passent à la caisse. Irène, à moitié réveillée, doit déjà faire face aux épreuves qui l’attendront toute la journée ; scanner les codes barres et emballer les futurs cadeaux est amusant les premières minutes, mais cela devient vite ennuyeux. Afficher le sourire devient très vite une corvée.
A midi, l’heure de la pause est annoncée. Seule la moitié de la journée est révolue, et les employés sont déjà exténués. Heureusement, cette heure et demie bénie leur permettra de récupérer leurs forces, et de repartir le sourire aux lèvres derrière leur caisse enregistreuse.
L’après-midi est le pire moment de la journée. Les clients se font rares, ce qui rend ces instants soporifiques pour les salariés de la boutique. On converse de temps à autre afin d’ôter cette maudite envie de dormir. Parfois, un client bienveillant tente de réveiller les vendeuses en leur parlant de ses achats, ce qui n’a effet qu’une fois sur dix. Mais un jour, un acheteur différent des autres se révéla être l’homme parfait pour réveiller les employées à moitié assoupies :
« Qu’offririez-vous à un enfant surdoué ? »demanda-t-il.
Irène échangea un regard stupéfait avec ses collègues. Cela faisait des jours qu’aucun être n’avait osé communiquer avec elle par d’autres mots que « Combien je vous dois ? ». Des jours qu’elles avaient passé des après-midi entières à se languir sur leur sort.
Après ces quelques secondes, Irène se décida à lui répondre :
« Un jeu éducatif me semble être le cadeau parfait, monsieur.
_Justement, non. J’y avais moi-même pensé, et après réflexion, je me suis dit que ces jeux l’ennuieraient.
_Votre enfant a-t-il des passions ? Cela nous aiderait à choisir.
_Ma fille passe ses soirées à travailler, elle me lit ses rédactions tous les soirs et en réécrit chaque jour.
_Elle a donc une passion pour l’écriture.
_Oui, évidemment. »
Irène lança un regard illuminé vers son client.
« Si j’étais à votre place, je lui achèterais une machine à écrire. »
L’homme et Irène se regardèrent avec des yeux brillants.
« Enfin… »
Ce seul mot provoqua un élan de tristesse chez l’homme. Après quelques supplications, il finit par avouer :
« Ma fille a dix ans depuis peu. Quand ma femme et moi avons découvert qu’elle possédait des capacités intellectuelles hors du commun, nous fûmes tout d’abord surpris. Puis nous dûmes accepter la réalité : nous allions devoir élever une enfant surdouée. Ma femme aurait tellement aimé qu’elle soit comme les autres… Mais nous ne pouvions rien faire. A l’âge de cinq ans, sa passion pour l’écriture se révéla ; elle commença à écrire de nombreux livres enfantins qu’elle illustrait elle-même. A sept ans, son institutrice nous contacta : notre fille devait immédiatement passer dans la classe supérieure ; c’était inévitable. Cela attrista profondément sa mère. De par la timidité de notre fille, elle savait très bien qu’elle n’arriverait pas à trouver sa place dans le monde des grands. Les fêtes de Noël devinrent rapidement une source d’angoisse pour ma femme. Pour elle, notre fille était devenue différente. Alors, elle devait recevoir des présents différents. Jamais elle ne trouva l’idée miracle. Margaux, ainsi s’appelait notre enfant, reçut pour seul cadeau un paquet de feuilles simples. L’opération se répéta pendant trois ans, jusqu’à aujourd’hui.»
Ce récit émut profondément Irène et ses collaboratrices, qui en eurent les larmes aux yeux. L’homme alla chercher la machine à écrire et la déposa sur la table d’Irène.
« Pouvez-vous me faire un paquet cadeau ?
_Avec plaisir », répondit Irène.
« Combien je vous dois ? », demanda l’homme en souriant.
Après avoir payé, l’homme dût sortir précipitamment. Il était dix-neuf heures, le magasin fermait ses portes.

La pendule affichait 17h45, Paul avait prévu d’être chez lui à cette heure là. Lui qui avait pensé à tout. Quitter le boulot vers 16h30 pour arriver chez lui environ quarante cinq minutes plus tard, ce qui lui laisserait le temps de se détendre en lisant son journal. Il rejoindrait la cuisine pour préparer les derniers préparatifs du diner de réveillon. Ensuite il prendrait une douche, s’habillerait pendant que les filles prépareraient la table. Mais son programme ne se déroulait pas comme prévu, il était coincé au bureau.

Marcy et Léonie devaient trépigner d’impatience en ne le voyant pas arriver. Il songea à quel point il était difficile de jouer à la fois le rôle du père et de la mère et ce du jour au lendemain. Ils avaient eu une année difficile. Helena sa femme les avait quitté tragiquement 8 mois plus tôt suite à une maladie. Ce réveillon était le premier sans elle. Cela faisait deux mois qu’il concoctait et prévoyait chaque détail de cette soirée. Il avait établi le menu avec l’aide de ses enfants, avait acheté très tôt les cadeaux . Il misait beaucoup sur cette période de fête, tradition familiale et pour retrouver un peu de paix et de sérénité après ces derniers mois remplit d’agitation et de bouleversement.

Ils voulaient que ses deux princesses ne manquent de rien. Ils voulaient les voir sourire de nouveau, les voir épanoui. Elles avaient des caractères très différents mais il savait que la mort de leur mère ne les avait pas laissé insensible. Marcy l’ainée, âgée de 17 ans avait tenue le caractère de sa mère, un caractère fort, ne montrant jamais ses sentiments. Ces derniers mois sa relation avec son père avait été plutôt conflictuelle. Léonie était douce et posée. Du haut de ses 7 ans elle avait une certaine maturité, ses câlins spontanés et remplit de tendresse pouvait faire fondre le cœur le plus dur.
18h15 : Paul voulait garder espoir, il finirait avec un peu de retard, s’il finissait à 19h30 au plus tard il pourrait être chez lui vers 20h15. Il avait promis à ses filles qu’il rentrerait tôt, mais il a fallut que son patron dénoué de tout humanité, lui donne à gérer les derniers points du séminaire en ligne de l’entreprise. De gros problèmes techniques n’avaient pas été réglé et la plateforme devait être opérationnelle le 26 décembre. « Ah ces informaticiens qui ne font jamais leur boulot comme il le faut » pensa t-il.

Son téléphone sonna : il vit le prénom de Marcy s’affichait.
"allo
-Allo, papa, tu vas bientôt rentré ? Je peux commencer à mettre la dinde au four pour la réchauffer ? Avec Léoni on s’est chargée de la faire cuire cet après midi.

Un sourire se dessina sur le visage de Paul, et de la peine l’obscurcit aussitôt car il savait qu’une fois de plus il allait décevoir ses enfants.
- non ma chérie, mon chef veut absolument que je termine un projet, j’essaierai d’être là pour 20h
"Ah ok d’accord ", Marcy s’avait que son père ne pourrait être là avant, « bon ben on attend un peu je te rappellerai d’ici une heure pour voir ou tu en es ? »
-Ok ma chérie, je suis désolée…
-Pas de souci papa"

Marcy raccrocha ne laissant son père finir.
La mélancolie submergea Paul , il sentit la douleur de l’absence de sa femme. Son incapacité à s’occuper correctement de ses filles et surtout son inaptitude à savoir dire « non » lorsqu’il le fallait. Helena avait toujours soigneusement préparer chaque réveillon de Noël, elle passait sa journée à la cuisine pour préparer un festin de roi. La décoration était soignée, et elle usait d’imagination pour que chaque réveillon soit unique.
Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il les retint et se remit au travail.
Paul essayait de se concentrer, une heure venait de s’écouler. Il se senti abattu.

Soudain, il entendit des bruits de pas. Il se dit que son chef allait certainement venir lui assigner une tâche supplémentaire.
On frappa à la porte, il ordonna d’entrer sans lever la tête de son ordinateur. Il resta perplexe, Il entendit la porte s’ouvrir et puis plus un bruit. Il leva les yeux et aperçut deux petites bouilles rousses, élégamment vêtu le regardant avec un grand sourire. Son cœur se réchauffa, ses deux princesses étaient venu lui rendre visite. Léonie lui sauta au cou.

« Papa ! »
« Mes chéries, mais qu’est ce que vous faites là ? le gardien vous a laissé entré ? »
« Je me suis dit que puisque tu es coincé ici, le repas du réveillon de Noël devait donc venir à toi ! Et puis le gardien tu sais comment il est tu lui offres un bon plat et il fait comme si il ne t’avait pas vu passer » dit Marcy en lui montrant un panier remplit de provisions.

Léonie sortie une nappe de son sac qu’elle étala par terre dans un coin du bureau.

« Fini ton travail papa, on va réchauffer les plats et installer le tout » ajouta Marcy

Paul admira fièrement ses deux filles, elles étaient devenues très complice ces derniers mois, elles avaient pensé à tout, les assiettes, les couverts, une petite déco, et le repas.

La présence de ses enfants lui procura de l’efficacité, il fini son travail en moins d’une demi heure. Il l'enregistra, envoya ses modifications à son patron. Il tenait à se consacrer entièrement à ses enfants.

Ils s’assirent tous trois comme s’ils pique niquaient. Léonie chantait des chants de Noël, Paul chanta avec elle, pendant que Marcy remplissait les assiettes, le bonheur se lisait sur leurs visages. Il se dit que finalement ce réveillon était encore mieux que ce dont il avait rêvé.

C'est un texte très sympa que tu as écris. J'ai beaucoup aimé le côté émouvant de la courte histoire de cette petite fille qui me fait penser aux petits contes typiques de Noël. L'idée du fil conducteur entre la demande répétitive des clients habituels, et que ce client en particulier fait lui aussi m'a bien fait sourire, c'est un tout petit détail, mais je trouve toujours ça agréable dans un texte.
Sinon, je trouve ça bien écrit, sans fautes, fluide, peut être un peu rapide sur le début et dans l’enchaînement des évènements. Tu as beaucoup enchaîné les actions et sentiments, ce qui peut paraître un peu trop vif et brutal, on se demande comment ce client s'ouvre si rapidement à cette jeune femme, et l'émotion passe un petit peu moins (mais peut être que c'était pour arriver plus rapidement dans le bref du sujet ?)

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ton texte. C'est écrit avec beaucoup de fluidité et avec peu de fautes (j'en ai vue une ou deux, rien de bien grave), avec détails et légèreté. On s’imprègne facilement dans le personnage de ce père, et on ressent facilement l'émotion qu'il doit ressentir face à ce qu'il lui arrive. C'est une histoire en elle même simple peut être un peu déjà vue pour certains, mais que je trouve très bien organisée et menée pour la rendre sympathique et vivante. Les descriptions sont agréables et plantent correctement le décor sans alourdir le récit, c'est vraiment un joli texte assez prenant .